Jour 38

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Deux semaines se sont écoulées depuis la dernière entrée dans ce journal. Je reviens au moment où les vacances scolaires ont officiellement commencé ! Les premières de ma nouvelle ère, je ne pouvais pas être plus heureux. Insouciant, samedi soir, je me suis rendu chez Steven. Je pourrais faire le chemin entre nos deux immeubles les yeux fermés. À pied comme en voiture, on dirait bien que c'est sur les trajets que nous connaissons par cœur que les accidents arrivent. Je me suis engouffré dans la rue où habite Steven. Je suis tombé nez à nez avec Jérémy et ses copains geek. En apparence ils ne font pas très peur, mais je savais de quoi ils étaient capables.


Ils m'ont encerclé.

— Le petit Mathieu sort sans gardes du corps, ce n'est pas bien sérieux.

— Qu'est-ce que vous voulez ?

— Tu le sais très bien. Ton pote Cyril et ses sauvages ont voulu nous faire peur, nous allons leur montrer que nous ne nous laissons pas intimider.

— Et pour ça, il faut me passer à tabac.

— Presque.

— Vous avez conscience que je sais me défendre.

— Nous sommes six contre un, je pense que nous pouvons te faire un peu mal quand même.

— Évidemment, c'est plus simple en groupe que seul sur un ring...

Je me sentais invincible, une très mauvaise attitude.


Ils commençaient à se rapprocher. J'ai joué les durs, pour essayer de les impressionner, mais ça n'a pas fonctionné. J'étais pris au piège, je ne savais plus quoi faire. Attendre qu'ils me rouent de coups ? Quatre geeks m'ont immobilisé en me serrant par les bras. Jérémy s'est approché lentement. Il a mis sa main dans la poche de son imperméable à la Columbo et en a sorti... une seringue.

— On ne veut pas t'envoyer à l'hôpital, mais en enfer.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un petit mélange de ma fabrication, dont l'ingrédient principal est l'héroïne.

— Je croyais que vous ne dealiez que de l'herbe.

— Cyril n'est pas si futé que ça. Il fournit mon frangin. Comique, non ? C'est la drogue de ton copain qui va te rendre accro à l'héroïne.

— Vous êtes complètement malades !

— Nous savons ce que nous voulons obtenir.

J'ai tenté de me débattre. Impossible, je ne croyais pas qu'ils avaient autant de force.

— Dis adieu au paradis et passe le bonjour en enfer.

J'ai fermé les yeux. Je ne pouvais plus rien faire.


J'attendais que la seringue se plante dans mon bras. J'étais en rage contre moi-même. Parce que je ne pouvais plus bouger.

Je n'ai appris que plus tard ce qui s'est passé pendant ces minutes qui me semblaient interminables. Cyril, parce que le hasard fait bien les choses, s'est rendu chez le frère de Jérémy pour l'approvisionner.

— Passe le bonjour à ton frangin.

— Ouais, dès qu'il rentrera.

— Il n'est pas devant son ordi ?

— Non, il est sorti avec ses potes étranges. C'est bien la première fois qu'ils préfèrent prendre l'air plutôt que de se parler virtuellement sur leur jeu en ligne.

— Tu sais où ils sont allés ?

— Dans un club de strip-tease, j'espère, il est temps qu'il soit déniaisé.

— Merde !


Les événements se sont enchaînés assez rapidement. Cyril a dégainé son portable pour contacter Sébastien.

— Non, je n'ai besoin de rien.

— Je sais qu'on ne s'appelle que pour que je te fournisse de l'herbe. Là c'est autre chose. Mathieu est avec toi ?

— Non, je suis seul à la maison. Il y a un problème ?

— Jérémy et ses potes sont de sortie.

— Merde ! Tu penses qu'ils vont s'en prendre à lui ?

— Il faut qu'on le retrouve.

— Il doit être en route pour aller chez Steven. Je l'appelle et ensuite je contacte les gars du club.

— C'est quoi la rue ?

Le temps de donner cette information et Sébastien a raccroché pour appeler Steven, tout en prenant sa veste et en quittant son appartement.

— Il est chez toi ?

— Non, je l'attends. C'est la première fois qu'il est en retard. Il ne décroche pas son téléphone.

— On arrive.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Jérémy et son groupe de tarés sont dans la nature.

— Qui t'a donné l'information ?

— Cyril.


Steven n'a évidemment pas hésité un instant. Il a dévalé les escaliers pour sortir aussi vite que possible de son immeuble. Ceci en essayant encore de m'appeler. Je sentais bien le portable vibrer dans ma poche et j'aurais tellement voulu pouvoir le décrocher. J'avais toujours les yeux fermés.

— Vite !

J'imagine que les débiles qui accompagnaient Jérémy on dit ça en voyant mon petit copain courir vers eux. Un instant, j'ai cru que j'étais sauvé. Sauf que j'ai senti l'aiguille se planter dans mon bras. Le salaud a vidé tout le contenu. Fin.

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⏰ Last updated: Mar 13, 2019 ⏰

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Le journal de Mathieu (4)Where stories live. Discover now