Chapitre 10

15 2 2
                                    

Je suis enfin calmé après avoir couru un long moment jusqu'à ce que chaque mètre de plus soit douloureux. Mon corps tremble et je sens déjà les vertiges arriver mais je dois passer au dessus de ça. Péniblement et haletant, je retourne à notre campement et y découvre Mai entrain de grignoter un poisson, enfouie sous son plaid ne laissant que dépasser ses mains et sa tête. Étrangement je souris. Je souris en la voyant comme à chaque fois, peu importe ce qu'elle fait ou ce qu'elle dit, sa présence me fait sourire. Je m'approche peu à peu d'elle et elle finit par poser ses yeux sur moi. Son regard dans lequel dansent les flammes du feu, semble plus pétillant encore que d'habitude. Elle a l'air heureuse tout simplement. Elle me fait signe de m'approcher et je me laisse tomber tout près d'elle. Son sourire s'élargit quand je me jette sur un poisson cuit, mort de faim après mon exercice physique.

Je déchire la chair de mes dents alors que je remarque Mai froncer le nez en me regardant. Je hausse les épaules pour lui montrer mon incompréhension et elle grimace en se bouchant le nez et en me pointant du doigt. Mes joues s'empourprent alors que je comprends son signe. Avec l'effort que j'ai fourni, je dois sentir la transpiration ce qui n'est sans aucun doute pas très agréable. Je m'excuse alors en me levant et en grattant le haut de mon crâne mais ma camarade se met à rire et se lève à son tour avant de me prendre dans ses bras et de me serrer fort contre son corps. Sa poitrine s'appuie contre son torse et je sens mon cœur s'emballer.

« Tu me fais tellement penser à lui. Chuchote t-elle à mon oreille entre deux rires. »

Je ferme les yeux en repoussant les larmes qui me montent aux yeux. J'ai besoin de courir, d'évacuer ma douleur en ce moment même. Mais je n'ai plus la force de lutter alors je me laisse aller contre son épaule. Je la serre encore un peu plus contre moi et l'odeur de ses cheveux pénètre mes narines. Un mélange de jasmin et d'eau de pluie ; j'aime cette odeur.

Alors on finit par se rasseoir en se jetant de temps à autre quelques coups d'œil. Quand elle se penche pour croquer dans son poisson, les mèches de ses cheveux bloquées derrière son oreille s'échappent et viennent cacher une partie de son visage. Ses pupilles vertes croisent parfois les miennes et je rougis alors qu'un sourire apparaît sur ses lèvres. Puis, après un long moment, à s'observer mutuellement, elle prend la parole. Et nous discutons un long moment comme des personnes normales. Elle m'explique qu'elle est arrivée à Osaka il y a trois ans maintenant mais qu'elle n'était presque jamais sortie de chez elle. Je m'en étonne, Osaka est une grande ville portuaire et un centre commerçant très important. Les jeunes aiment bien cette ville pour cela, c'est quand même la troisième plus grande ville du Japon située à quelques encablures à peine de Kyoto.

« Tu veux dire que tu n'es jamais allée au parc de Minoh ? Je demande très étonné. Ni même au Tennoji Park ? Le Keitakuen Garden ? Le temple Shi Tenno-Ji ?

- Non ! S'exclame t-elle en riant.

- Dis moi que tu es au moins allée à l'aquarium Kaiyukan ? Je lui fais en fronçant les sourcils.

- Même pas ! Me répond t-elle tout sourire. Je te l'ai dit, je ne suis pas allée plus loin que le lycée!C'est si grave ? Finit-elle par me demander les yeux pétillants.

- Oh oui ... Je murmure d'un ton mystérieux. »

Elle éclate alors de rire et je fais de même peu de temps après. Je lui décris alors tous les lieux que j'ai énuméré en lui expliquant que l'aquarium Kaiyukan est exceptionnel. Elle me demande alors plus d'explications et, un peu nostalgique, je lui confie :

« Ma mère adorait aller là-bas et elle m'emmenait toujours avec elle quand j'étais petit. Mon père n'aimait pas trop alors c'était un moment que je pouvais passer seulement avec elle.

Shimo no HanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant