10. Les derniers jours

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Le départ approche de plus en plus vite. Dans seulement deux jours je quitterai mon pays et traverser le monde pour découvrir l'Australie. J'ai tellement hâte.

Je ressors une nouvelle fois ma valise de sous mon lit. Là, personne ne peut remarquer que je pars. Je la sors tous les jours pour être sûre de ne rien oublier et j'en profite pour rajouter d'autres affaires. Lorsque j'ai fini de remplir la valise, je la remets à sa place initiale. Je m'installe face à mon bureau. Je sors d'un tiroir plusieurs feuilles blanches. J'attrape un stylo qui traîne et laisse la plume à quelques centimètres de la feuille.

Après de longues journées à réfléchir comment dire au revoir à ma famille et mes amis, j'ai finalement décidé de leur écrire une lettre. Mes parents adoreront l'attention. Je commence par celle qui leur sera adressée.

De longues minutes passent. Je ne sais pas par quoi commencer. Lorsque je choisi enfin les mots justes, ils ne me conviennent finalement pas. Je chiffonne le bout de papier face à moi et recommence. La boule de papier atterrit dans la poubelle, suivie par une dizaine.

Je ne sais pas exactement combien de temps passe avant d'écrire la première lettre. Il fait bientôt nuit noire dehors. Je suis obligée d'allumer la lumière.

Trois lettres terminées plus tard, j'ai enfin terminé. Au même moment, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer. Je m'empresse de tout ranger dans mon tiroir de bureau. Je descends dans le salon où ma petite sœur court déjà dans tous les sens. Je la rejoins dans le salon. Soudain, ma mère sort de nulle part, me faisant sursauter

— Bonsoir ma chérie, tu vas bien ?

— Oui et toi ? Comment s'est passé ta journée ?

— C'était long, je suis exténuée. Veux-tu bien garder ta petite sœur pendant que je fais à manger ?

J'acquiesce tandis qu'elle s'éloigne. J'attrape Leïa et la pose sur mes genoux. Je joue avec elle, la faisant rigoler. Les moments que je passe avec elle sont tellement précieux. Elle ne se rend pas encore compte de ce qui l'attend. Son innocence et sa joie de vivre me rendent tellement heureuse. C'est bien une des seules personnes avec qui je suis moi-même.

Lorsque je suis sûre que ma mère ne peut pas m'entendre, je commence à parler à ma petite sœur. Elle ne comprendra surement pas ce que je lui dis mais je souhaite lui dire quelques mots en guise d'adieu. Je chuchote, tout contre son visage, pour que personne ne capte ce que je dis.

— Je sais que tu ne réaliseras pas ce que je te dis mais je voulais te parler. Dans deux jours, je m'en vais. Très loin. Tu vas me manquer mais j'en ai besoin. J'espère que tu vas survivre à nos deux parents. Je sais ce que c'est de vivre qu'avec eux deux. C'est pas facile mais je reviendrais vite.

— Toi, va partir où ?

— En Australie. C'est très loin. Lorsque tu auras l'âge, je te montrerai les photos. Et on ira peut-être aussi ensemble.

Leïa se met à rire en se tortillant. Je la serre fort contre moi. Je sais qu'elle n'a surement pas compris mais au moins, je me sens légère de lui avoir dit.

— A table, crie ma mère à travers le couloir.

Je me lève et me dirige vers la cuisine. Je continue de jouer avec ma sœur, jusqu'à rentrer dans la pièce où se trouvent mes parents. A ce moment, je la repose au sol et nous nous installons toutes les deux.

***

En me réveillant, le jeudi matin, je n'ai pas envie de me lever et vivre encore une journée dans la peau d'une hypocrite. Cependant, en ouvrant les yeux, je remarque les quelques objets qui ont disparu pour se retrouver dans ma valise. En pensant à cela,  je suis ravie de commencer cette dernière journée aux Etats-Unis. Je choisis avec soin ma tenue. Il fait encore un peu frais pour un mois d'avril mais je décide tout de même de porter une robe.

Je prends dans mon armoire un tee-shirt à rayures blanches et noires et robe salopette rouge. Je me dirige vers la salle de bain où je prends une douche. Après celle-ci, je me regarde dans le miroir. Je n'arrive pas à retirer ce sourire idiot qui s'est perché sur mes lèvres depuis que je me suis levée.

Je rejoins à nouveau ma chambre, où j'enfile une paire de bottines et attrape mon sac de cours. Je descends dans le salon, pour rejoindre la cuisine où je salue rapidement ma mère. J'ouvre la porte pour rejoindre ma voiture. J'augmente le son du poste de radio pour écouter la musique et pouvoir chanter à pleins poumons. Le trajet passe tellement vite que vingt minutes plus tard je suis déjà à l'université. Je me dirige vers ma première salle de cours où Derek m'attend déjà. En me voyant, il s'approche de moi et m'embrasse tendrement. Alors qu'en général, j'essaye d'éviter les contacts prolongés avec lui, aujourd'hui, je reste un peu plus longtemps dans ses bras.

— Tu vas bien ma chérie ?

Ses mots sonnent tellement faux dans sa bouche mais je lui réponds d'un petit hochement de tête, comme si de rien n'était. Nous entrons finalement dans la salle de cours. Nous nous asseyons l'un à côté de l'autre comme toujours. 

***

La journée touche à sa fin. Comme nous en avons l'habitude, nous nous rejoignons tous à nos casiers. J'arrive en premier, suivie de peu de Danielle et Anna, puis vient enfin Derek. Nous prenons chacun des affaires dans les casiers avant de nous diriger ensemble vers le parking. Alors que nous sommes presque dehors, je m'arrête. Derek qui me tient la main s'étonne.

— J'ai oublié quelque chose dans mon casier. Je reviens.

Je pars d'où je viens en courant. Lorsque j'arrive devant les casiers, je n'arrive presque plus à respirer. Je reprends de grandes bouffées d'air avant de stabiliser mon souffle. Je pose mon sac au sol. Je fouille quelques secondes avant d'attraper les trois lettres qui attendent depuis ce matin. Je glisse celles destinées à Danielle et Anna en premier.

Vient ensuite celle pour Derek. Je commence à la faire passer par la fente de casier. Elle est à moitié rentrée lorsque je m'arrête. Je ne sais pas ce qui m'en empêche. J'hésite encore un instant. Pourtant je ne devrais pas. Ma décision est définitive. Je ne changerais pas d'avis. D'un léger mouvement de poignet, la lettre rentre un peu plus dans le casier, jusqu'à ce que je la lâche. J'entends son bruit résonner dans l'habitacle quasiment vide.

Je repars immédiatement vers le parking. Mes amies et Derek se sont retrouvés près des voitures, attendant que je revienne. Anna et Danielle rentre toutes les deux dans la voiture de cette dernière. Avant qu'elles partent, je frappe doucement à la fenêtre.

— Et si on buvait un petit verre avant de rentrer chez nous ?

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 10, 2020 ⏰

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