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•Assis sur ce banc toujours aussi perdu sur le toit de l'immeuble, sous les gouttes de pluies qui s'écrasent sur la terre de plus en plus régulièrement, Hyunjin se lève enfin. Son téléphone indique trois heures du matin. À Séoul il est quatre heure. Et il réalise que ça fait deux heures qu'ils sont là, en haut du monde, à observer l'horizon brumeux et à parler de tout, de rien, de lui, d'eux, de la vie et encore de tout.
– J'ai même pas prévenu ma mère, chuchote-t-il, ce qui fait ouvrir les yeux à Jeongin qui s'endort à moitié, la tête se balançant dans le vide.
– Vraiment ?
– Oui. Faut absolument que je l'appelle, elle va me tuer.
– Tu devais rentrer chez toi quand ?
– Environ maintenant. Elle doit m'attendre, j'vais lui téléphoner.
– Tu vas payer super cher tu sais ? Viens, continue Jeongin en se levant avant de lui attraper le poignet. On va chez moi. Comme ça je pose mes affaires et tu appelles avec le téléphone fixe, tu ne paieras pas.
– C'est loin ? Parce qu'on va être trempé.
– Un peu oui, rigole-t-il. Mais j'suis sûr que ça te va bien, les cheveux humides et tout aplatis sur ton front là.
– Tu crois ?
– J'en suis persuadé. Aller, viens.
Et ils font le chemins inverse d'il y a quelques heures. Ils repassent devant le café où les conversations se sont assoupies et où les tintements des couverts ont disparus. Ils rentrent dans l'ascenseur où les parois sont en métal et où Hyunjin fait des grimaces à Jeongin dans le miroir en face d'eux. Ils descendent les étages à toute vitesse et redécouvrent la vie vue d'en bas. Et Hyunjin se dit que c'est pas plus joli d'en haut que d'en bas. De là-bas, il voyait le tout du ciel, celui de la mère et celui des étoiles. D'ici, il voit les imperfections au millimètres de ce gars qui crie un peu trop fort et qui danse un peu trop au milieu du trottoir, les fragments de secondes où une jeune femme à sa droite saute dans les bras d'une autre, avant de l'embrasser. Il y a aussi des morceaux de la minute où ses yeux captent la lumière d'une étoile qui a explosé il y a quelques milliers d'années, et il ne voit plus celle qui vient de s'éteindre, trop vieille pour briller. C'est pas plus joli ici que là-bas, c'est juste différent.
Le vent s'est calmé et les nuages pleurent moins qu'avant alors ils laissent enfin les gouttes qui coulent des feuilles s'écraser sur le sol et plus sur leurs visages. Jeongin a lâché son poignet et pourtant Hyunjin sent encore les empreintes qu'il a laissé. C'est presque gravé dans son épiderme, cette sensation. Ils se remettent à marcher, leurs corps les plus collés possibles l'un à l'autre. Comme si avoir leurs épaules qui se frôlaint l'une à l'autre empêchait l'eau de les atteindre. Comme si ça formait une bulle autour d'eux qui les protégeait de l'extérieur. Et c'est au détour de quelques rues, d'immeubles, d'autres rues, d'épiceries et d'un tas d'autres bâtiments qui forment ce paysage inconnu aux yeux de Hyunjin qu'ils arrivent.
– Voilà chez moi.
Chez lui, c'est un immeuble un peu vieux avec sa façade jaunâtre remplie de climatisations pas très jolies. En fait c'est pas vraiment chez lui. C'est des vies entre quatres murs entassés les unes sur les autres. Et ça donne un immeuble. Son morceau de vie à Jeongin il est au quatrième étage. Alors ils montent jusqu'à là et Jeongin ouvre la porte qui donne sur son morceau de vie. Dedans c'est calme. Il n'y a pas un bruit, juste leurs respirations harmonisées. Et pas plus. Jeongin lance son sac dans un coin de la pièce en bordel. Il y a de tout dans tout les recoins. Il y a des pots couverts de fleurs pas assez arrosées, des livres posés les un sur les autres sur une étagère bancale, une table qui semble contenir toutes les assiettes possibles et canapé plus vieux que l'humanité.
– T'habites seul ?
– Non, mais mon père travaille de nuit et ma mère dort déjà dans la petite pièce là, répond Jeongin en montrant une porte fermée en bois vernis. Tiens, le téléphone.
– Merci.
Hyunjin compose le numéro qu'il connait par coeur depuis toujours, depuis plus longtemps que ce canapé dans lequel il est assis est posé dans cet appartement. Après quelques bips qui résonnent dans le vide, sa mère décroche enfin. Et bizarrement, elle ne l'engueule pas. Elle lui demande juste où il est, avec qui. Et Hyunjin réponds qu'il est dans la maison d'un garçon qu'il a rencontré. Il ne dit pas le mot ami parce qu'il n'a même pas envie de l'employer. Pourtant il ne devrait pas y avoir d'autres mots pour désigner ce qu'ils sont. Ils ne sont pas grand chose en fait. Ils sont juste Hyunjin et Jeongin qui se sont rencontrés parce que Hyunjin est un peu trop curieux et que Jeongin est un peu trop talentueux. Sa mère ne répond pas grand chose. Elle ne peut pas changer les choses non plus. Alors elle raccroche et Hyunjin repose le téléphone sur la base. Il se tourne vers Jeongin qui est assis dans la chaise à bascule devant la fenêtre. Et il s'assoit à côté de lui, sur le sol glacial. Une seconde plus tard, il entend le bois de la chaise grincer, une respiration se rapprocher et boum, Jeongin est assis à côté de lui, sur ce même sol glacial.
– Dis-moi Hyunjin...
– Oui ?
– T'as pas l'impression qu'on est comme... comme hors du temps ?
– Comment ça ?
– J'sais pas, on est là, tout les deux. Et puis c'est tout. Enfin y'a rien d'autre quoi. Y'a toi, y'a moi et y'a toute une vie sous nos pieds, sous nos yeux et pourtant j'ai l'impression qu'il n'y a que toi et moi.
– Comme si tu pensais pas à autre chose quoi ?
– Comme si le reste de l'univers n'existait pas. Y'a plus de concept de temps ou je n'sais quoi. Y'a que nous quoi.
– Alors t'as raison, on est un peu hors du temps vu comme ça.
– C'est comme si tu n'allais jamais prendre ton avion. Enfin il existe plus quoi, vu que le temps n'existe plus. On est coincé ensemble.
– Si le temps n'existe plus, si l'univers n'existe plus non plus, il fera nuit pour toujours alors ?
– Bah il fera rien. Ni jour, ni nuit. Pas de soleil, plus de lune. Le vide.
– On est dans du rien là alors.
– Pourtant on n'est pas rien.
– Qu'est ce que t'es alors, Jeongin ?
– J'parlais de toi et moi. Pas de toi, puis de moi.
– On n'est pas rien ?
– On est pas grand chose encore mais du coup on est pas rien. Nous sommes une chose ensemble.
Et puis j'ai pas trop compris ce qu'il s'est passé. Il s'est penché. Penché. Penché. Penché.
Et il a embrassé mes lèvres.
J'ai pas trop compris parce qu'on était pas ami, on était pas grand chose comme il disait. On était juste cette chose au milieu de ce rien.On était hors du temps.
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Heellloooo les amis
Enfin le chapitre 3
J'crois l'avoir déjà dit sur une fin de chapitre ( je crois ? J'sais pas j'ai pas relu)
c'est rapide comme relation mais c'est normal ehehEnfin bon j'espère que ce chapitre vous plaît
Merci pour les 500 vues
Love you
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86400 | Hyunin
Fanfiction86400. Ou le nombre de secondes dans vingt-quatre heures. ☼; H.hj x Y.jg Started: 01/03/19 Finished: 20/07/19