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•Sous le ciel obscure rempli de lueurs couleur arc-en-ciel, en pleine nuit, dans cet immeuble à la façade grisâtre, un peu perdu entre les autres immeubles qui le surplombent, il vient juste de l'embrasser. Il vient juste de se pencher, encore, encore et encore et de plus en plus. Et il vient juste de poser ses lèvres sur les siennes. Et ses lèvres, elles n'ont même pas un goût fraise. Ou un goût pêche. Ou même n'importe quel goût fruité ou sucré. Elles sont juste douces et saveur surprise. Saveur je-ne-m'attendais-pas-à-ça. Au fond, ce n'est pas désagréable. Même qu'il aime bien Hyunjin. Il aime bien et c'est pour ça qu'il ne le repousse pas. Il se prête même au jeu. Il appuie légèrement, tout légèrement. C'est un peu humide. C'est un peu rosé. Ça n'a toujours pas de goût et c'est toujours pas désagréable. Ça devient même bien. Ça devient tellement bien que les papillons dans le bas des ventres se réveillent. Ils volent tous ensemble quelques secondes. Ils dansent au même rythme que les lèvres un peu plus haut. Puis ils se calment. Ils se rendorment.
Et Hyunjin est toujours aussi paumé. Il réouvre les yeux et dans le reflet de la fenêtre, il se voit et il le voit. Il se voit avec lui, plus proches que les étoiles entre elles. Et les papillons sont prêts à décoller. Mais Hyunjin baisse la tête, avant que d'autres feux d'artifice se déclenchent. Parce qu'il a peur de ce qu'il se peut se passer. Et le sol glacé est le seul endroit où il ose poser son regard. Sauf que des fois il est un peu trop soudain Hyunjin. Il fait des choses, il sait pas d'où ça sort, mais il les fait. Alors il relève le regard qu'il n'a posé que quelques instants ailleurs et il le plante dans celui de Jeongin. La bouche entrouverte, les lèvres toujours humides et les cils qui battent à la seconde, il lui dit ça :
– Je peux, encore ? Je peux...
Sans attendre qu'il finisse sa phrase, Jeongin hoche la tête. Il lui dit oui. Quoi que ce soit, quoi qu'il compte faire, il lui dit oui. Et Hyunjin comprend. Et quand les papillons s'élèvent une nouvelle fois, leurs lèvres repartent dans la même danse sans goût fraise mais avec cette saveur de on-est-hors-du-temps.
Et ce lien, c'est Jeongin qui le brise en premier. Il brise le lien de leurs lèvres et il brise le silence.
–Pourquoi on est venu ici en fait ?
– J'avais besoin de téléphoner. Et il pleuvait.
– Hyunjin, t'as envie de rester enfermé ici ?
–Ça dépend. Si t'as envie, j'ai envie. Si tu veux t'évader de ces quatre murs, je te suis.
–Alors tu ne seras pas resté très longtemps chez moi, dit Jeongin en se levant du sol glacé. Nos idées sont un peu à l'étroit ici. J'suis sûr qu'on pourrait penser librement dehors.
– Et parler d'amour ? répond Hyunjin en se levant à son tour avant d'attraper ses affaires.
– C'est déjà fait ça.
– On peut toujours continuer.
Jeongin lui sourit. Il lui sourit avec plus de clarté que la face visible de la lune. Et Hyunjin se dit qu'ils ne sont peut-être pas tant rien dans un grand vide que ça. Peut-être qu'ils sont quelque chose maintenant. Pas très stable, un peu éphémère, mais toujours quelque chose. Jeongin lui sourit encore quelques secondes avant que tout les deux descendent ces marches d'escalier aussi bancales qu'une relation formée de deux baisers rosés.
– T'as des choses à dire en plus de tout à l'heure ? continue Jeongin, une fois les idées dans l'air frais.
– Vu que quelqu'un m'a embrassé un peu au dépourvu et que je m'attendais pas à ce qu'autant de papillons virevoltent dans mon ventre, ouai. Peut-être oui, j'ai peut-être plein d'autres chose à dire.
Quelques mètres plus loin, à l'ombre d'un grand arbre un peu perdu dans cette jungle métallique, ils s'assoient. Ça doit être le cinquième endroit où ils posent leurs âmes et leurs idées. Mais tant pis. Dans chacun de ces endroits, ils sont accompagnés l'un de l'autre. Et comme ça, ils sont bien. Leurs yeux se fixent sur l'horizon, à l'infini, au-dessus de leurs têtes, celles-ci posées dans l'herbe aux gouttes de pluie.
– Comme quoi, un jour c'est assez pour ressentir des sentiments un peu trop forts.
– Tu parles de moi ? Enfin, de moi avec toi ? De toi pour moi ?
– Je parle de moi pour toi, oui.
– Un jour... c'est assez pour m'aimer ?
– Un jour c'est pas assez pour t'aimer, peut-être. C'est pas assez pour que toi tu puisses m'aimer, aussi. Mais un jour c'est assez pour savoir que si on avait eu des dizaines de jours on aurait pu s'aimer, non ?
– 86400 fois 10.
– Ça aurait été assez pour s'aimer.
– Même pas.
– Pourquoi ?
– Ça aurait été assez pour le comprendre. Mais ça n'aurait pas été assez pour s'aimer. Dans le sens où t'as besoin du temps d'une vie pour aimer. Aimer sur quelques heures, c'est frustrant. Aimer sur quelques jours, c'est assez mais aimer sur toute une vie, aimer à l'infini... C'est ça aimer. Aimer à l'infini.
– Je t'accorde un +1.
– Merci, rigole Hyunjin en même temps qu'il tourne son visage vers Jeongin. Je peux ?
Encore une fois, il n'y a rien d'autre de plus. Pas de mots en plus, pas de mots en trop. Jeongin comprend mais il en décide autrement. C'est à son tour de poser ses lèvres sur celles de Hyunjin, pour un troisième baiser bancale et rosé.
Et pendant quelques secondes, je l'ai aimé à l'infini.
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ENFIIN
Ça va faire presque trois mois que j'ai pas posté et que les brouillons de ce chapitre attendaient bien au chaudMais le voilà
Ça vous plait toujours ?
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86400 | Hyunin
Fanfiction86400. Ou le nombre de secondes dans vingt-quatre heures. ☼; H.hj x Y.jg Started: 01/03/19 Finished: 20/07/19