L'Elue [TERMINÉ]

Partie III - L'enlèvement

-Échec et mat, Gabriella! Je m'exclame, toute contente d'avoir gagné encore une fois.

Ma petite sœur grogne.

-C'est pas juste, Élyna! Tu gagnes tout le temps...

Je laisse échapper un rire frais.

-Je t'apprendrai mes techniques si tu veux, mais là, je vais aider maman à préparer le dîner.

Gabriella était toute ma vie. C'était en réalité ma demi-sœur, âgée de 13 ans. Je la trouvais tellement magnifique! Ses long cheveux blond bouclaient sur ses pointes, et elle possédait ses grands yeux bleus, surmontés de longs cils recourbés et noirs. Maman disait souvent qu'elle était ma copie conforme au même âge. Moi, je venais d'avoir 18 ans. On vivait dans un petit village reculé, depuis la mort de mon père. Maman m'avait expliqué qu'autrefois on faisait partie des deux familles les plus puissantes et que l'une d'elle s'était emparée du pouvoir en écartant les autres. Maman me disait souvent que j'étais une princesse, la descendante de la famille Elkana, et que mes pouvoirs allaient être très efficaces. Elle me disait que j'avais un don spirituel, c'est à dire que mes capacités intuitives et médiumniques étaient beaucoup plus élevées que la moyenne. Mais, je ne savais pas m'en servir, je n'avais jamais su. Ma mère m'avait aidée, mais je n'avais pas réussi à développer mes facultés, à mon plus grand regret. Alors, je me contentais de poursuivre ma vie routinière tout en aidant ma mère et ma sœur, et en transmettant de l'amour autour de moi. Argentia en manquait trop.
Nous vivions dans la crainte journalière que Shiroff décime le village.

Je me lève et et m'empare d'un couteau. Je saisis quelques carottes et les coupent en rondelle pendant que maman épluche un poulet. Gabriella prend une feuille et se met à dessiner. Elle était tellement douée pour son jeune âge.

Un bruit sourd brisa le silence.

Quelqu'un avait sonné le signal d'alarme.

Ce bruit signifiait que l'armée de Shiroff venait de pénétrer dans l'enceinte du village.

Maman blêmit et Gabriella leva la tête, les yeux brillants de peur.

-Ils sont là pour moi. Ils viennent me chercher. Je murmure, les yeux vides.

Maman ne répondit pas pour ne pas nous inquiéter et se rua sur la trappe localisée sous la table basse du salon. Elle l'avait construite afin que je puisse me cacher le jour où ça arrivera.

Mais il n'y avait qu'une seule et unique place.

-Vas-y, rentre dedans, Élyna! S'écrie maman, fortement apeurée.

Mais je ne pouvais pas.

-S'ils aperçoivent Gabriella, ils risquent de s'en emparer aussi. Je refuse d'y aller en sachant que vous serez en danger!

On frappa violemment à la porte et une voix grave nous fit sursauter.

Sans réfléchir, maman saisit Gabriella et la poussa vers la trappe.

-Non, Élyna! C'est toi qui doit y aller, pas moi...Gémit-elle, en pleurant.

Je la pris dans mes bras.

-Tout se passera bien, Gaby. Tout se passera bien. Je te le promets.

Je fermai par la suite la trappe, et maman partit en haut de cacher en me priant de la rejoindre, ce que je ne fis pas. Je ne pouvais rien contre des hommes armés.

L'un d'eux défonça la porte, à force de cogner dessus et surgit tel un animal assoiffé de sang, dans la maison. Ils étaient quatre dans la pièce et se ruèrent vers moi. Un des hommes me plaqua violemment sur un mur pour que je ne puisse plus bouger. Par réflexe je lui collai un coup de genoux dans les parties, et il sursauta en laissant échapper un cris de douleur. Je réussis à me débattre et me ruai vers l'extérieur. Mais les autres me rattrapèrent sans trop de difficulté, et l'un m'entailla le ventre. Une rivière de sang s'écoula sous mes cris stridents. Je m'effondrai au sol, mais un des hommes m'empoigna par les cheveux afin de me relever. Je hurlai à bout de force.

-Elyna Sepanovna?

-Elle est devant toi, connard! Je lui crachai dessus. Les autres hommes ricanèrent.

Vexé que je lui ai parlé sur ce ton, il me gifla violemment.

-Il va falloir que tu apprennes un truc ma jolie, c'est que personne ne manque de respect au commandant en chef, Rurk, du Seigneur Shiroff.

-Quelle classe de frapper une femme. Je lâchai, choquée de tant d'actes brutaux.

-Bougez-vous! Lança Rurk à ses soldats qui pillaient les maisons. Je contemplai le village, des corps gisaient au sol et du sang colorait les sentiers sablonneux. En quelques minutes, ils avaient décimé le village.

Il me menotta, et me poussa vers l'endroit où ils avaient laissé les chevaux. Je priai pour qu'ils n'aient pas trouvé ma mère à l'étage, auquel cas je ne la reverrais plus. Un homme imposant et barbu, les cheveux longs, bruns et mousseux attaché en queue de cheval, nous attendait, un sourire triomphant en coin. Son visage était sévère et parsemé de cicatrices de guerre, et il portait une grosse armure grise et rouge. Il devait avoir environ 45 ans.

-Votre majesté, voici la fille. Déclare Rurk en me présentant devant lui.

-Agenouille toi, devant le Seigneur Shiroff! M'ordonna un autre homme.

-Je ne m'agenouille que pour faire mes lacets, et en aucun cas devant un tyran de la sorte. Je fulminai.

Shiroff s'avança vers moi en me contemplant d'un air malsain. Il tripota quelques mèches de mes cheveux, dégageant mon visage pâle, et ricana.

-Je vous trouve bien insolente, princesse. Tu te trouves devant ton Roi, je te signale, celui qui peut tout te faire. Tu devrais te servir de la politesse que ta chère maman t'as apprise. Dit-il calmement en passant derrière moi et en touchant mes épaules dénudées.

Un sursaut s'empara de mon corps.

-À quoi bon? De toute façon vous allez me tuer. Je lâcha.

Les hommes laissèrent échapper un rire mauvais.

-Alors c'est vrai. Roxanne et Klaus Sepanovna avait eu une fille. Cette princesse doit être aussi puissante qu'elle est belle. Ramenons là au château, nous la tuerons là bas. Annonça Shiroff à voix haute, devant ses hommes.

Je frémis à ces paroles.

Rurk me fit monter sur son cheval et tous les autres l'imitèrent. Shiroff de plaça en tête et cabra son étalon noir avant d'entamer un long galot, suivi de son armée, à travers le grand désert de Kaalhos.