L'Elue [TERMINÉ]

Partie XX - Temps Propice

Le lendemain matin, alors que je descends pour me rendre dans les jardins, je croise par hasard Neven, dans les escaliers.

-Tu m'espionnes? Me lance-t-il d'un air taquin.

-Non, absolument pas...Je me rendais dans les jardins. Je me défends.

-Oh, tu vas rigoler parce que moi aussi. Ajoute-t-il, un sourire au coin des lèvres. Ça te dérange pas si je t'accompagne?

-Non, pas du tout. Je réponds en souriant gentiment.

Il avait été sympathique alors pourquoi pas passer du temps en tant qu'amis, bien évidemment.

On arrive dans les jardins et on s'assoie sur le même banc qu'hier.

Neven observe la bague en quartz qui trône sur mon annulaire.

-Offerte par un petit ami? Me demande-t-il.

Je trouve sa question un peu indiscrète mais peut importe.

-Non, par ma meilleure amie. Elle s'appelle Tyla.

-Alors vous êtes proches, j'imagine...On n'offre pas ce type de bijoux à une simple amie.

-On se connaît depuis toujours. Mon côté calme complète son côté de combattante. Je ne l'ai pas vu depuis que je suis ici car elle vit dans mon village.

Tyla faisait partie de ceux qui s'occupaient de le défendre contre les invasions. Elle aimait avant tout apporter la sécurité aux autres. Elle me manquait terriblement depuis que j'avais été enlevée.

-Je comprends alors ta souffrance d'être séparée des gens que tu aimes... Murmure-t-il.

Je décide de ne pas répondre à ce qu'il vient de dire.

-Est-ce que vous avez vraiment des amis, ici, où le sont-ils juste par intérêts? Je demande.

Neven soupire et passe sa main dans ses épais cheveux blonds.

-Je mentirais si je n'acquiescerai pas la deuxième partie de ta phrase. Ici, les gens sont égoïstes et cherchent leur satisfaction personnelle avant le bonheur des autres. Tu en as la preuve vivante avec Will, de toute façon.

-Et pourquoi alors tu es différents d'eux, toi?

Il sourit.

-Je ne sais pas.

-Ton enfance a été belle?

-Je n'ai manqué de rien, ça je ne peux pas le nier mais j'étais souvent dans l'ombre de Will. Tout le monde tournait autour de lui et moi j'étais le cousin oublié. Mais aujourd'hui je n'en ai plus rien à faire. Je vis ma vie comme je l'entends et puis c'est tout. Se confie-t-il.

-C'est une belle preuve de maturité. Je réplique. Tu comptes faire quoi plus tard?

Il soupire à nouveau.

-Je ne sais pas encore. Peut être voyager, découvrir... Il y a tellement de choses à faire dans notre monde. Ajoute-t-il.

-Tu as encore le temps de réfléchir.

-Oui. Je n'ai que 23 ans.

-Comme Willan...Je soulève.

-Oui. On est né la même année. Lâche-t-il.

-Et Shiroff, tu t'entends bien avec lui?

-Kan? Pas plus que ça. Il ne me parle pas beaucoup alors moi non plus. Il a beau être mon oncle, je ne le connais que très peu. En fait je ne suis pas souvent au château. J'étais parti pendant quinze jours dans une sorte d'expédition et je suis rentré il y a une semaine.

-Une expédition? Un voyage de découverte tu veux dire?

Son air devient plus mystérieux.

-Pas exactement. Je ne peux pas t'en dire plus.

Je décide de ne pas insister.

-Je comprends.

Neven change subitement de sujet.

-Au fait, on fête l'arrivée du printemps demain soir, au palais. Est-ce que ça te dit de venir?

J'ignorais qu'il existait encore ce genre de fête ici. Chez nous, elles avaient perduré mais c'était dû à l'importance des saisons dans notre culture spirituelle. Mais ici, elles n'avaient pourtant pas de signification particulière.

-Pourquoi pas. Je réponds finalement.

Autant que je m'amuse...

-Génial! Habille-toi en robe à fleurs, c'est le thème pour les filles.

Une inquiétude traverse mon esprit.

-Klair sera là? Je demande, nerveuse.

-J'imagine. Pourquoi?

-Disons que j'ai eu une altercation avec elle il y'a quelques jours et je n'apprécierais pas qu'elle me gâche la soirée.

Neven pose sa main sur mon épaule.

-Ne t'inquiète pas pour ça. Je resterai avec toi, et on se tiendra loin d'elle.

-Merci.

-Oh, mais c'est normal.

-Non, merci pour tout le temps que tu m'accordes. Tu n'étais pas obligé.

-On s'entend bien, alors pourquoi ne pas profiter?

La conversation finit par se terminer, et on se dit au revoir.

Je suis restée la fin de la journée seule, à comprendre pourquoi ces gens censés s'opposer à moi, sont finalement gentils à mon égard.

Le monde n'était pas fait de gens biens ou de gens mauvais, la frontière entre les deux se révélait être beaucoup plus fine, et c'était fascinant.