8.

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Solange : T'as réussie a pirater le compte Twitter de Kirsten, Ethan ?

Aujourd'hui, j'ai décidée de simplement jouer avec Kirsten, au même jeu qu'elle a joué avec moi il y'a quelques temps.

Je n'invente rien : je reproduis.

Ethan : J'ai pas eu besoin de le faire, son mot de passe était le même que celui de toutes les filles dans son genre.

Je roule des yeux, sans manquer de lâcher un léger rire face à sa remarque, pas surprise de ce qu'il vient de dire : Kirsten est comme toutes les autres.

J'entre en salle informatique pour le cours de mathématique et m'assieds à la seule place de libre : entre Kirsten et Jane.

J'ai décidément ce qu'on appelle la poisse.

Soudainement, Kirsten toune son visage vers moi et me lâche un léger sourire, un regard qui se veut sincère, mais qui pour moi, est encore loin de l'être.

Kirsten : Jade ? On peut ...

Parler ? Et puis quoi encore ?

Moi : Non. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment.

Kirsten : Alors, ça sera quand le moment ?

Moi : Jamais. Nous ne parlerons jamais. Ça rentre dans ta petite tête ou pas du tout ?

Elle lâche un profond soupire, alors que je me contente de hausser les épaules, me fichant complètement de la situation actuelle.

Kirsten : Mais ...

Moi : J'ai dis non. Qu'est-ce que tu comprends pas dans ce mot ?

C'est pourtant simple à comprendre.

Kirsten : Mais laisse moi en placer une, merde à la fin ! Je sais que t'es en colère Jade, mais tu ne peux pas éviter une discussion toute ta vie, d'accord ? Je sais que rien ne justifie nos actes, mais on était gamins ... et pas conscients.

Je fronce les sourcils, avant de rire jaune face à son monologue ridicule.

Moi : Je te demande pardon ? Donc pour toi, le fait d'être jeune justifie tout ? Tu pense que tu pourras te cacher derrière des excuses toute ta vie ? Mais ma pauvre, tu n'as rien compris. Je ne veux pas de vos excuses, et je n'oublierais jamais rien, compte là dessus.

Les coups. Les blessures. Les paroles.

Rien ne s'oublie.

Kirsten allait de nouveau ouvrir la bouche, avant que je ne l'en empêche en me levant afin de quitter rapidement la salle, sentant la colère prendre possession de moi, sous le regard des élèves et celui intrigué du professeur.

Puis, je me laisse tomber le long des casiers, avant de sentir une larme couler le long de ma joue, malgré moi.

Moi : Putain !

Tout en hurlant, je frappe dans le casier à mes côtés, alors que le bruit fracassant résonne dans le hall.

Comment ai-je pu penser que j'étais assez forte pour revenir et tous les affronter comme si rien ne pouvait encore me toucher ?

La vérité, c'est que j'ai mal. J'ai intérieurement mal, j'ai l'impression d'être déchirée et que rien ne pourra recoller les morceaux de mon cœur brisé, ou même faire sortir de mon stupide cerveau tous ces mois durant lesquels j'étais effrayée, durant lesquels je ne rêvais que d'une chose : me laisser partir.

... : Pourquoi tu chiale ?

Je relève les yeux avant d'essuyer d'un revers de la main les larmes dévalant le long de mes joues, pour voir Austin debout en face de moi, l'air de rien.

Moi : Dégage.

Malgré mes protestations, il finit par s'asseoir à mes côtés, alors qu'il laisse planer un long et pesant silence durant quelques minutes.

Austin : Écoute ... Je te connais mieux que personne, Jade. Je sais que tu n'as pas autant changée que tu veux le montrer, et que ton idée de vengeance ou de je ne sais quoi te fais plus de mal à toi qu'à nous.

Il marque une petite pause, alors que je ne prononce aucune parole, le laissant pour une fois, entièrement parler.

Austin : Je sais que tu ne peux rien oublier, et que rien ne justifie notre comportement. Mais cette envie de nous faire souffrir, ça ne te fera pas aller mieux.

Moi : Non, je sais. Mais ça vous fera réellement comprendre comment moi, je me sens.

Je ne veux pas être la seule à souffrir.

Austin : Tu ne veux pas nous faire du mal, Jade. Je sais que tu n'arriveras pas à nos voir souffrir, et tu le sais autant que moi. Si comme tu le prétends, t'as grandie, tu te rendras bien compte que j'ai raison.

Moi : Tu ne te rends même pas compte de ce que je ressens. Tu ne sais pas à quel point j'ai mal, et à quel point c'est dur pour moi d'être ici, et de vous voir agir comme si rien ne s'était passé avant.

Austin : Crois-moi, on s'en veut tous, et pas qu'un peu. Tu es juste trop focalisée sur ton idée de revanche pour le voir.

Il est là le soucis : je ne le crois plus.

Moi : T'as peut-être raison. Mais je ne suis pas prête à abandonner et à vous pardonner. C'est trop facile ça. Mais merci, merci d'avoir essayé.

Alors que je me relève, il imite mon geste et nous nous observons durant de longues et interminables secondes, avant qu'enfin, je ne brise le contact visuel entre nous.

Puis sans un mot, je tourne les talons et marche en direction de la salle de classe, tout en sentant le regard d'Austin me brûler la peau avant que je ne quitte son champ de vision.

Je les hais comme je n'ai jamais hais avant, c'est une évidence. Mais malgré ça, je sais bien qu'il a raison, et que jamais je ne serais en capacité de leur faire autant de mal qu'ils ont réussis à me faire, simplement parce que je sais ce que c'est de souffrir, et je refuse de devenir cette fille là, qui s'amuse à détruire une personne, que ce soit physiquement ou même psychologiquement.

Mais ça, ça ne veut pas dire que j'ai déjà fini de m'amuser.

Le Come Back [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant