Le Come Back [RÉÉCRITURE]

23.

Une semaine est passée depuis ma discussion avec mes anciens amis, et les choses changent petit à petit.

Nous ne sommes pas amis, loin de là. Disons simplement que nous vivons chacun notre vie de notre côté, et que nous nous saluons d'un signe de la tête ou d'un sourire lorsque nous nous croisons dans les couloirs du lycée.

Mais malgré cette situation, je reste méfiante, je reste sur mes gardes et j'évite de penser que tout est déjà arrangé.

J'arrive au lycée accompagnée de Solange et d'Ethan, en avance pour l'une des rares fois depuis que nous sommes revenus.

Directement, Jane et les filles se dirigent vers nous et nous saluent d'une rapide bise.

Jane : Alors, on en a pas encore parlé, mais à ce qu'on dit tu t'es presque réconciliée avec eux ?

Réconciliée est en réalité un bien grand mot.

Moi : Disons simplement qu'on continue à vivre sans se faire la guerre. Ça ne veut pas dire qu'on redeviendra grands amis.

Salomé : Fais quand-même attention à toi, Jade. On ne sait pas comment tout ça peut bien tourner, avec eux.

Moi : Je ferais attention, t'en fais pas.

J'ose en tout cas l'espérer.

Alors que nous sommes installés sur un banc au soleil, je termine ma cigarette que je jette dans une poubelle spéciale pour, je crois.

Puis, alors que je relève la tête, je vois Kirsten passer devant nous, m'adressant un léger et beau sourire, se voulant gentil.

Kirsten : Salut, Jade.

Je me contente de hocher la tête, puis le regard de cette dernière se pose sur ma meilleure amie, et son sourire s'efface aussitôt.

Kirsten : Solange.

Solange : Kirsten.

Je lève les yeux au ciel face à l'attitude froide et fermée de ma meilleure amie, qui hausse simplement les épaules en me regardant après le départ de Kirsten.

Moi : T'es une vraie gamine, Solange.

Je ne peux empêcher un sourire de s'installer sur mes lèvres, alors qu'elle me regarde de son air innocent habituel.

Solange : Bah quoi ? Je l'aime pas.

Moi : Sans blague ?

Elle rigole légèrement, alors qu'un sourire vient naître sur mes lèvres, amusée malgré tout par son caractère enfantin.

Je continue alors de parler avec mes amis de tout et de rien, alors que la discussion bascule sur un débat de pâtes, il me semble.

Enfin, je ne cherche pas à comprendre plus que ça, et lève les yeux afin de scanner du regard la cour de notre lycée et les élèves s'y trouvant.

Soudainement, mon regard se pose sur Nate, que je vois au loin avec ses amis, me fixant d'un air fermé, froid et distant.

Qu'est-ce qu'il lui prend ?

Je me suis assez rapprochée de lui ces derniers temps, nous nous parlons et rigolons beaucoup ensemble, et il est vrai que je me sens bien en sa compagnie, comme légère et épanouie.

Moi : Je reviens dans deux minutes.

Mes amis se contentent de hocher la tête tout en souriant légèrement, ayant sans doute compris, puisque leur regards pleins de sous entendus me font soupirer et rouler des yeux.

J'arrive rapidement vers Nate, alors que ses deux amis s'éloignent directement, comme pour nous laisser une certaine intimité.

Moi : Nate ? On peut parler ?

Nate : Parler de quoi ?

Son air énervé me fait froncer les sourcils, mais je ne note pas ce point là et continue.

Moi : Je peux savoir ce que je t'ai fais ? T'es super bizarre là.

Nate : Comme si tu ne le savais pas.

J'adopte un air d'incompréhension, alors que je ne comprends vraiment pas ou Nate essaie d'en venir.

Moi : Bah, non je sais pas. Ça serait cool que tu m'explique, je ne suis pas encore devin.

Nate : Merde Jade. Tu fais ami ami avec des gens qui t'ont harcelés. Parce que c'est le mot, ils t'ont harcelés et t'étais la première à dire que tu ne pourrais jamais leur pardonner ça. Et encore une fois, tu passe pour la petite fille naïve qu'ils veulent que tu sois.

J'ai un soudain mouvement de recul face à ses paroles crues, fermes et sévères.

Je sais qu'il n'a pas tord, et je sais au delà de tout ça qu'il veut mon bien. Mais je veux leur donner cette chance, cette chance de montrer qu'ils ont changés.

J'ignore pourquoi je le fais, mais j'ai comme ce besoin de savoir qu'ils ne sont plus les mêmes et qu'ils sont sincères.

Moi : Je pense que les gens changent, Nate. Je sais que je suis naïve, et que les risques d'être de nouveau déçue sont énormes. Mais alors quoi ? Je dois rester bloquée sur mon passé et ne jamais avancer, juste parce que j'ai peur ? Tu crois que la peur évitera le danger ?

Parce que la vraie vérité, c'est qu'avoir peur ne diminue jamais les risques.

Nate : Ce n'est pas ce que je dis, Jade. Mais t'es une fille géniale et admirable, t'as surmontée des tas d'épreuves à la seule force de ton esprit, et je n'ai pas envie qu'ils te refassent vivre ce que tu as vécue, juste parce que tu veux encore une fois accorder ta confiance trop facilement.

Alors que je le regarde silencieusement, je vois dans ses yeux beaux et clairs que tout ce qu'il ressent actuellement, c'est de la peur, mais aussi de l'inquiétude.

Il s'inquiète pour moi.

Et c'est sans aucun doute possible la plus belle preuve d'amitié que l'on puisse m'offrir.

Sans rien dire de plus, je m'approche de lui et entoure lentement mes bras autour de lui.

D'abord surpris, il ne tarde cependant pas à répondre à mon étreinte et à poser ses mains autour de ma taille, me serrant fort contre lui, comme si j'allais partir. Comme si c'était la dernière fois qu'il me serrait dans ses bras, comme si j'allais lui échapper.

Il me sert, comme s'il avait peur de me perdre.

Nate : Je ne veux juste pas te perdre ni pour lui, ni pour eux.

C'est dingue, je n'ai jamais rencontrée dans ma vie une personne aussi intentionnée et aussi bienveillante que Nate.

Moi : T'es une personne qui m'apporte tout ce dont j'ai besoin, Nate. Ne crois pas que je serais capable de t'abandonner pour eux.

Alors que Nate me fixe maintenant, un large sourire scotché aux lèvres, il s'approche de moi et plante un baiser sur ma joue, qui ne fait que battre mon cœur plus rapidement.

Nate : J'ai entraînement de foot. On se voit après les cours ?

Moi : Pas de soucis. Bonne chance.

Il me lance un dernier sourire rayonnant et assez charmeur, avant de retrouver ses amis et de quitter mon champ de vision.

Je lâche un léger soupire et retourne alors vers mes amis, comme plus légère et plus heureuse.

C'est une évidence, Nate fait de moi quelqu'un de plus rayonnant au quotidien, et sa bonne humeur ne fait que de déteindre sur moi.