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Aujourd'hui, c'est mon deuxième jour de cours à Chicago, et je dois avouer que retrouver ce lycée n'est pas si horrible que je le pensais, bien que certains mauvais souvenirs que j'avais pris grand soin d'enfouir ne peuvent s'empêcher de ressurgir par moments.

Je suis dans la cour de récréation avec mes amis, après notre matinée de cours qui c'est déroulée plutôt banalement.

Je tire légèrement sur ma cigarette et je vois mes anciens amis un peu plus loin faire la même chose, sans manquer de nous lancer quelques regards réguliers.

Mes yeux se posent alors sur Kirsten, que je vois me fixer tristement, mon frère faisant de même, l'air plein de regret, et surtout l'envie de s'excuser que je perçois à des kilomètres.

Mais pour ma part, je n'ai strictement rien à foutre de leurs regrets, qui sonnent comme une douce mélodie dans mes oreilles. 

Alors que la sonnerie retentit, je me dirige à mon casier afin de prendre mes cahiers ainsi que le matériel dont j'ai besoin.

Lucas : Salut Jade.

Je tourne le visage tout en souriant légèrement avant d'embrasser rapidement Lucas, qui comme toujours à un sourire rayonnant scotché aux lèvres.

Lucas : Alors tu as vraiment décidée de ne pas leur pardonner, pas vrai ?

Évidemment, quelle question ?

Moi : Lucas ... évidemment que je ne compte pas leur pardonner. Ce qu'ils ont fait est bien trop grave, et je ne suis pas revenue pour ça.

Je suis revenue me venger.

Lucas : Je sais Jade mais ... tu sais qu'ils regrettent beaucoup ...

C'est le but.

Moi : Heureusement qu'ils regrettent. Mais je veux jouer aussi, je veux participer au jeu, tu comprends ? Et tu sais que moi, je ne joue que pour gagner.

Je ne joue pas pour participer. Jamais.

Lucas : Mais ce n'est pas une compétition, Jade et tu n'as pas l'air de le comprendre. Le but n'est pas de savoir qui va le plus détruire qui, et lequel d'entre vous finira le plus à terre et le plus bas psychologiquement.

Moi : Tu ne comprends pas. Tu ne comprends rien. Il est hors de question qu'ils s'en sortent aussi facilement, et qu'un simple pardon et un regard triste arrange tout. Tu sais comment on appelle ce que j'ai subi ?

Je marque une pose, alors que Lucas me fixe sans protester, me laissant parler et enfin lui dire ce que je ressens.

Moi : Du harcèlement, Lucas. On appelle ça du harcèlement, et c'est très grave. Et maintenant, tout ce qu'il m'importe est qu'ils regrettent bien ce qu'ils m'ont fait, qu'ils me supplient de leur pardonner et qu'ils souffrent autant que j'ai pu souffrir.

Peut-être suis-je folle.

Mais actuellement, le besoin de vengeance ne cesse de s'accroître en moi, et je ne peux aller contre ça. Je ne peux m'empêcher de vouloir les voir pleurer, les voir souffrir et les voir me regarder en me suppliant de cesser et d'enfin les laisser en paix.

Que méritent-ils d'autre ?

Lucas : J'ai été la pour toi Jade ... Il y'a deux ans j'étais là pour te relever quand tu étais recroquevillée sur toi-même et en pleurs. Je serais toujours là, mais essaie de réfléchir à la situation. T'as changée comme tu dis, t'es plus mature et tu sais autant que moi que la vengeance n'arrangeront rien à la situation.

Je garde le silence, alors qu'il me regarde en silence, essayant sans aucun doute de me faire entendre raison.

Lucas : Te venger te ferais plus de mal à toi-même qu'à eux, retiens bien ça.

Je soupire profondément mais ne réponds rien, ne sachant que dire.

Je ne changerais pas d'avis, bien-sûr, mais je ne veux pas risquer une dispute avec Lucas : il veut simplement m'aider, bien qu'il ne puisse pas comprendre mes motivations.

Personne ne le peut.

Puis, nous nous dirigeons vers notre salle de cours en silence, et évidemment nous sommes en retard, d'au moins une dizaine de minutes.

Professeur : Vous êtes en retard.

Lucas : Je pense qu'on avait remarqué.

Professeur : Je peux savoir à qui vous parlez de la sorte ?

Il ne va pas commencer aussi celui-là, il ne manquerait plus que ça.

Moi : À votre avis ? Qui d'autre que vous mérite de se faire autant manquer de respect ?

Professeur : Mademoiselle Hamilton ... Vous êtes revenue il y'a deux jours et vous vous faites déjà remarquer ? Vous n'étiez pas comme ça il y a deux ans ...

Moi : Je suis exactement pareille, Madame. À la simple différence qu'aujourd'hui, je suis bien plus parfaite, et plus jolie, et plus ... Bref, vous voyez le truc ?

Narcissique ? Moi ? Non, pas du tout.

Bon, sûrement un peu.

La professeur soupire profondément sans prendre la peine de répondre, et je vais ainsi m'asseoir à côté de Lucas, étant donné qu'il n'y a plus de place autour de mes amis.

Donc, nous sommes installés derrière Austin et Théo, puis pas loin de Kirsten et Emma.

Non mais je n'aurai pas pu arriver à l'heure et m'installer ailleurs, pour une fois ?!

Je vois mon frère se retourner lentement et m'interpeller, alors que je ne prends même pas la peine de lui adresser un regard.

Lucas : Écoute le, Jade ...

Après un bref regard à mon ami, je roule des yeux et daigne enfin prêter une intention à mon soit-disant jumeau.

Théo : Parle-moi, Jade ... J'ai besoin que tu me parle ...

Il a besoin de moi ? C'est décidément la blague la plus drôle de l'année.

Moi : Tu veux que je te dise quoi, Théo ? T'étais là quand moi, j'avais besoin de toi ? Tu sais, le sang ne fait pas tout, et si tu n'étais pas là alors que je t'aurais donnée ma vie, ne compte plus sur moi pour te soutenir. Alors oui, tu regrette, mais moi j'ai eu mal durant longtemps.

Chacun son tour.

La roue tourne. Tôt ou tard, ceux qui t'ont fait du mal finissent par regretter, et le moment est enfin arriver.

Sans prononcer une parole, il me fixe de ses beaux yeux noisettes, les mêmes que les miens : c'est bien pour ça qu'ils sont beaux.

Théo : Mais comment se fait-il que ... pourquoi t'as autant changée ? Tes actes contredisent tes paroles d'il y'a deux ans ... tu étais si gentille.

À qui la faute ?

Moi : Oublie la Jade d'avant, Théo. Elle est morte, elle ne reviendra pas. J'ai changée, c'est comme ça, et j'en suis fière. Et surtout, je peux aujourd'hui affronter tout ceux qui doutaient de moi il y'a quelques années.

Je peux tout affronter.

Je peux combattre la terre entière.

Le Come Back [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant