Guillaume ouvrit les yeux soudainement en se rendant compte que les pleurs et appels à l'aide qu'il entendait ne faisait pas partie de son rêve. Ceux-ci avaient l'air bien trop réels. Il se tourna vers Aurélien en sentant un poids contre lui et se souvenant tout à coup qu'il s'était endormi en tenant l'autre garçon dans ses bras. Ce dernier avait la respiration erratique, comme s'il était en train de suffoquer, mais aucun son ne sortait de sa bouche entrouverte. Son front était posé contre son épaule et en se penchant légèrement vers son visage, Guillaume s'aperçut qu'il avait les larmes aux yeux. Il posa une main doucement sur le front du garçon à ses côtés, un air inquiet sur le visage. Est-ce qu'il faisait un cauchemar ? Et lui, ces pleurs et ces cris, les avaient-il inventés ? Ses doigts caressaient délicatement le front du plus jeune quand celui-ci se tendit soudainement et des larmes coulèrent sur ses joues.
« Gui...llaume... » l'entendit-il l'appeler d'une voix étouffée et son cœur se mit à battre plus vite dans sa poitrine.
Il sentait la panique monter en lui, se demandant comment, encore une fois Aurélien pouvait prononcer son prénom et seulement son prénom, et se demandant ce qu'il devait faire pour l'apaiser. Soudain, il vit une petite goutte de sang tomber sur le dos de sa main et il écarquilla les yeux. Du sang commençait à perler du cuir chevelu d'Aurélien, comme la première fois qu'il l'avait trouvé sur le sol de son salon, et il secoua la tête d'un air paniqué.
« Non, non, non, Orel... Qu'est-ce que tu as...?! »
Aurélien poussa un long cri de douleur et il l'attira à lui, le serrant contre son cœur. Une grande lumière blanche l'aveugla alors et il ferma les yeux de toutes ses forces, aveuglé comme il l'était par son intensité.
***
Il ouvrit les yeux avec difficulté quelques longues secondes plus tard, n'entendant plus qu'un très long silence. Il cligna les yeux, essayant de faire la lumière autour de lui, mais s'aperçut qu'il était plongé dans le noir. C'est alors qu'un grand cri de douleur retentit au-devant de lui et son cœur sauta dans sa poitrine en reconnaissant la voix d'Aurélien. Il se mit à courir à l'aveuglette, se dirigeant à l'ouïe vers là où il espérait retrouver le garçon qui avait l'air de tant souffrir. La pénombre se changea petit à petit en faible lueur à mesure qu'il avançait vers les cris et bientôt, il l'aperçut. Son cœur fit un bond en le voyant attaché à ce qui semblait être des chaînes en argent et être entouré par deux autres personnes qui devaient bien faire trois têtes de plus que lui. Il vit son air terrorisé et courut du plus vite qu'il le put dans sa direction afin de le rejoindre et de lui venir en aide.
« Orel...!! » s'écria-t-il en tendant la main vers lui avant de se sentir percuter un mur invisible.
Il fut projeté violemment en arrière, son dos cognant fortement le sol, et il eut l'impression que le monde autour de lui disparaissait sous ses paupières.
***
Cependant, quand il entendit Aurélien pousser un gémissement de douleur, ce gémissement se répercutant au plus profond de son être, Guillaume rouvrit les yeux malgré le lancement horrible qu'il ressentait dans sa tête. Il se leva avec difficulté et s'approcha à tâtons, un bras tendu vers l'avant, afin de pouvoir toucher le mur. Quand il le sentit sous ses doigts, il se permit de relever la tête et de regarder la scène qui se déroulait à quelques mètres à peine de lui. Aurélien, accroché par les poignets au mur, était penché en avant tandis qu'un des hommes à ses côtés le tenait par la nuque et que l'autre tenait un objet qu'il ne connaissait pas dans ses mains.
« Arrêtez... Je vous en prie... sanglota le plus jeune, complètement terrifié et incapable de faire le moindre geste. Ce n'est pas de ma faute, je n'y peux rien...
— Aurélien, Aurélien... soupira l'homme qui entourait fermement sa nuque de ses doigts. C'est de ta faute, malgré tout ce que tu peux dire... Tu avais un rôle, un seul. Et même ça, t'es pas capable de le faire, hein ? s'écria l'homme en resserrant douloureusement ses doigts sur la nuque du plus jeune. Tu sais combien de nos frères sont morts à cause de toi ? Si tu avais été un peu plus attentif, tout ça ne serait pas arrivé. Et surtout, arrête de le défendre ! Alors vu que tu as échoué misérablement dans ton rôle, tu n'as plus qu'à devenir humain, comme celui que tu aimes tant, hein ? Sans ta voix, bien sûr.
— Non, arrêtez, je ne veux pas... pleura Aurélien et Guillaume sentit son cœur battre douloureusement dans sa poitrine en le voyant pleurer ainsi.
— Maintenant tu les découvres et me laisse faire mon boulot. » dit l'autre homme qui tenait l'objet inconnu dans ses mains.
C'est alors que Guillaume comprit. Devant ses yeux éberlués, deux grandes paires d'ailes apparurent à l'endroit des omoplates d'Aurélien. Celles-ci battirent frénétiquement dans les airs un instant et il regarda avec horreur l'homme approcher son objet de ses ailes.
« Orel !! » ne put-il pas s'empêcher de crier à l'encontre du plus jeune qui poussa un cri de douleur.
Il cria son nom en boucle tandis que les plumes ensanglantées tombaient au sol à ses pieds. Il resta ainsi une éternité à regarder l'homme arracher les plumes des ailes du plus jeune, impuissant, à seulement pouvoir répéter son prénom. Il vit alors l'homme approcher l'objet de son visage et il tapa violemment contre le mur, espérant se faire entendre ou le briser. L'objet découpa en deux l'auréole qu'il n'avait même pas encore remarqué, tellement il était concentré sur les ailes du plus jeune qui semblait à présent proche de mourir à cause de la douleur. Celle-ci tomba avec fracas au sol et se brisa en une dizaine de petits morceaux. L'homme lâcha alors Aurélien et vint lui défaire les menottes, ce qui le fit tomber au sol, et les deux tournèrent les talons.
« Tu seras bientôt près de ton amoureux, ne t'inquiète pas. » dit l'un des deux, un sourire mauvais sur les lèvres.
Guillaume cria encore une fois son prénom en tapant du poing contre la paroi invisible et cette fois, Aurélien regarda dans sa direction, comme s'il pouvait l'entendre. Il lui lança un regard exténué, appelant une dernière fois son prénom, et Guillaume sentit alors le mur disparaître doucement sous ses doigts. Il s'élança vers le garçon aux cheveux mi-longs qui était affalé au sol, sur le ventre, et dont les yeux étaient en train de se fermer doucement. Il le redressa contre son torse et l'attira à lui, caressant ses cheveux ensanglantés.
« Orel, Orel, j'ai compris maintenant... Ce que tu es... Ouvre les yeux, je t'en prie. Je suis là, je vais bien m'occuper de toi, d'accord...? »
Aurélien entrouvrit les yeux faiblement et le doux regard que ce dernier lui lança, malgré la pointe de douleur qu'il pouvait lire dans ses yeux, lui réchauffa le cœur.
« Je suis désolé... pour tout... » murmura Aurélien dans ses bras, en tendant le bras vers son visage et déposant ses doigts sur sa joue.
Guillaume secoua vivement la tête, la gorge nouée, et il s'aperçut avec terreur que le plus jeune dans ses bras commençait à disparaître petit à petit. Il l'appela d'une voix paniquée et Aurélien lui sourit, avant de fermer les yeux.
« C'est seulement... un rêve... Guillaume... »
Il disparut dans une pluie d'étoiles et Guillaume éclata en sanglots, avant s'effondrer au sol. Tout devint noir.
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Fiction OrelxGringe - Petit ange.
FanfictionLorsqu'un inconnu s'introduit chez lui en pleine nuit et qu'il doit s'en occuper, la vie de Guillaume va prendre un tournant inattendu.