Une entrée fracassante.

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Guillaume était confortablement installé sur son lit devant son ordinateur lorsqu'un bruit d'éclats de verre le fit violemment sursauter. Il se redressa contre l'oreiller, le cœur battant et écoutant attentivement les moindres bruits de son appartement. Tout était redevenu silencieux. Pourtant, il n'avait pas rêvé. Il en était sûr, quelque chose venait de se passer. Il se leva prudemment de son lit et posa les pieds au sol avant de se diriger vers son armoire où il savait été cachée une batte de baseball. Il avait l'habitude d'y jouer avant, maintenant celle-ci était juste là au cas-où. Il attrapa cette dernière avec des mains légèrement tremblantes et se dirigea silencieusement vers son salon, d'où il était sûr que le bruit était venu. Son cœur battait à mille à l'heure et ses mains, quoique entourant fermement sa batte de baseball, étaient tremblantes.

Lorsqu'il entra dans la petite pièce, il balaya celle-ci du regard, déglutissant péniblement. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Un cambrioleur, une ex reloue, un pote bourré ? Ses yeux tombèrent alors sur une silhouette au sol, immobile, et il fronça les sourcils. Qu'est-ce que...? Il s'était figé quand il l'avait aperçut et soudain, il sortit de son état d'étonnement extrême en sentant de l'air froid atteindre son visage. Il releva la tête et vit que la vitre de la porte-fenêtre donnant sur son balcon était brisée. Les bouts de verre étaient éparpillés au sol, entourant la silhouette inanimée et il baissa son bras tenant la batte, avant de déposer celle-ci sur sa table basse. Est-ce qu'il était en présence d'un cambrioleur qui avait essayé d'entrer chez lui par le balcon ? Mais il habitait au troisième étage... Cette hypothèse ne tenait pas debout.

Il s'approcha prudemment de la personne allongée au sol et s'accroupit à ses côtés, afin de lui secouer l'épaule.

« Hey... »

La silhouette resta sourde à ses appels et il aperçut des tâches de sang traverser son tee-shirt blanc à l'endroit où devaient se trouver ses omoplates. Pris d'un vent de panique, se demandant si cette dernière était dans un état critique, il la secoua un peu plus fort, jusqu'à la retourner sur le dos. Sa respiration se coupa momentanément dans sa poitrine en apercevant enfin les traits de l'autre personne. C'était un garçon, qui avait l'air d'avoir à peu près son âge, et avec les cheveux mi-longs et noirs. Ceux-ci semblaient fins et doux, au moins tout autant que les traits de son visage, et Guillaume ne put s'empêcher de le trouver agréable à regarder. Ses cils étaient longs et ses paupières étaient closes, lui cachant ses yeux. Il avait la bouche entrouverte, bien qu'il ne lui semblait pas qu'il respirait, et Guillaume sentit la panique l'envahir de nouveau en voyant du sang couler de son cuir chevelu et dégouliner sur son front.

« Mais t'es qui, putain...? » chuchota-t-il dans sa barbe, plus pour lui-même qu'à l'intention de l'autre garçon qui était, de toute façon, perdu au monde.

Le garçon dans ses bras ne répondit rien ou n'esquissa pas un seul geste, alors que Guillaume avait posé sa tête ensanglantée sur ses genoux. Est-ce que c'était le fait d'être passé à travers sa vitre qui lui avait provoqué ces blessures ? Et comment avait-il fait ça par ailleurs ?

***

Guillaume se redressa avec peine quelques instants plus tard, décidant qu'il devait lui venir en aide, cambrioleur ou pas. Il redressa la silhouette contre lui et réussit non sans mal à passer son bras autour de sa taille fine pour le relever à son tour. Celle-ci ne broncha pas au soudain mouvement et Guillaume sentit sa tête venir se déposer tout contre son épaule dans un geste lent. Il se dirigea vers sa salle de bain et entraîna l'autre garçon qui ne semblait pas vouloir se réveiller à entrer dans la cabine de douche. Il était inconscient... Guillaume le fit s'asseoir et s'adosser contre le mur de sa douche et partit chercher un ciseau dans sa cuisine après un dernier regard vers l'inconnu. Il revint vite, le ciseau dans la main et la respiration erratique, l'inconnu n'ayant pas bougé d'un iota. Il fit une grimace, hésitant un instant puis commença à découper son tee-shirt en commençant par le bas. Arrivé au col du tee-shirt, ce dernier s'ouvrît complètement et il réussit à le lui enlever en tirant doucement dessus. Il vit les traits de l'inconnu se tendre légèrement, comme s'il lui faisait mal, mais ce dernier n'ouvrit pas les yeux. Guillaume, dont le cœur battait à présent la chamade, se releva et enclencha l'eau de la douche, celle-ci se déversant dans un jet puissant sur l'inconnu au sol. Il entendit un petit gémissement qui semblait sortir de la bouche du garçon au sol et soudain, il le vit ouvrit les yeux petit à petit à mesure que l'eau tombait sur lui et le lavait de son sang.

« Vous m'entendez ? Comment vous vous sentez ? » lui demanda Guillaume lorsqu'il vit le garçon aux cheveux long papillonner des paupières.

Ce dernier ne répondit rien, clignant des yeux pour ce qui lui sembla une éternité. Il le vit alors ouvrir la bouche et remuer les lèvres mais aucun son n'en sortit et il fronça les sourcils.

« Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ? »

L'inconnu ouvrit la bouche de nouveau, les traits contractés sous la douleur, et Guillaume le vit avancer une main vers lui. Il se recula précipitamment alors que le garçon aux cheveux noirs semblait essayer de l'atteindre, de le toucher pour se raccrocher à quelque chose.

« Gui...llaume... » murmura ce dernier d'une voix éraillée avant de s'effondrer sur le sol.

Il s'était reculé devant son geste soudain et Guillaume observa en silence les gouttes d'eau ricocher sur son dos et sur ses longs cheveux noirs. Le garçon s'était évanoui de nouveau et il remarqua avec effarement de grandes entailles à l'endroit de ses omoplates, du sang en coulant toujours, comme si on en y avait arraché quelque chose. Guillaume. Il l'avait appelé par son prénom, pensa-t-il en paniquant de plus belle. Comment le connaissait-il ? Son regard fut attiré par un objet métallique autour de son poignet, sur le sol, et il reconnut un bracelet argenté. Il entoura son poignet de ses doigts délicatement pour le rapprocher de ses yeux et il plissa ces derniers pour réussir à y lire ce qu'il y avait inscrit.

Aurélien.

Fiction OrelxGringe - Petit ange.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant