champion // c.d

xii.

Alex et Liz m'accompagnèrent à Pré-au-Lard, discutant sur la route enneigée séparant le château du petit village. Une fois arrivés, nos chemins se séparèrent, mes deux amis allant faire leurs petites courses, et moi entrant aux Trois Balais pour retrouver Cedric qui m'attendait à une table au fond du pub bondé de monde. Nous avons parlé autour d'une bonne bièraubeurre, surtout Cedric qui m'a raconté ses vacances et qui s'est confié à moi sur la pression que lui met son père à propos du tournoi. J'ai déjà rencontré Amos Diggory et c'est un gentil homme, très chaleureux et assez blagueur d'apparence, mais il est une toute autre personne avec son fils. Amos est obsédé par les prouesses de son fils, il le pousse à être le meilleur de lui même, ce qui met un certain poids sur les épaules de Cedric. S'il n'est pas le meilleur dans tous les domaines - que ce soit au niveau du quidditch ou des cours -, la réaction de monsieur Diggory peut être démesurée. Par exemple, il y a deux ans de cela, Cedric était malade pendant un match de quidditch, et l'équipe avait malheureusement perdu: son père ne lui avait pas adressé la parole pendant des semaines. Face à cette exigence, mon ami fait du mieux qu'il peut pour ne pas décevoir son père, il fait des efforts incroyables, jusqu'à s'en rendre malade. Il m'est souvent arrivé de le retrouver en crise de panique parce qu'il n'était soit disant pas assez doué dans un domaine, alors que Cedric est la personne la plus impliquée et la plus intelligente que je connaisse.

Après cette longue discussion, nous sommes allés nous balader dans le village, cherchant la chaleur dans chaque boutique qui se trouvait sur notre chemin. La neige avait commencé à tomber. Nous avons fait un tour dans la librairie du coin (Cedric m'a offert un livre sur les mythologies qui m'intéressait, malgré mes contestations), j'ai refait ma réserve de bonbons chez Honeydukes (Liz est très gourmande et elle pioche toujours dans mon sachet de sucreries lorsque le sien est vide, ce qui en laisse peu pour moi), Cedric s'est acheté une nouvelle plume dans la papeterie... Et tout cela dans la bonne humeur et en continuant de bavarder. Nous avons toujours des choses à nous dire.

Un peu avant la fin de notre quartier libre, Cedric m'emmena un peu à l'écart des rues bondées de monde pour trouver un endroit paisible en face du lac, duquel il m'avait sauvé quelques semaines plus tôt.

— Tu te rappelle de l'énigme des sirènes? demandais-je en indiquant le lac d'un geste du menton. Je suis vraiment la personne qui t'es le plus cher?

Il se contenta de sourire tout en regardant le lac.

— Bien sûr que tu l'es, qu'est-ce que tu croyais? Tu es mon étoile, rappelle toi. Je serais perdu sans toi.

Je lui fis face et il me regarda. Je décelais une certaine tendresse dans son regard lorsqu'il s'était posé sur moi, ce qui me fit instantanément rougir. Comme pour cacher ce que je ressentais, je m'enfonçais un peu plus dans mon manteau sans le quitter du regard. Cedric déroula son écharpe aux couleurs de notre maison et l'enroula autour de mon cou. Il tira sur les extrémités pour m'attirer contre lui et il m'embrassa. Surprise, je suis restée figée quelques instants avant de me détendre rapidement sous son toucher, ses mains chaudes se posant sur mes joues fraîches. Une sensation que je n'avais jamais ressenti avant apparut au niveau de mon ventre, comme des papillons, aussi cliché que cela puisse paraître. Enfin, je me suis dis. Lorsqu'il brisa ce doux baiser en se reculant, ses mains se baissèrent pour prendre les miennes et un sourire apparut sur nos deux visages. Je ne m'étais jamais sentie aussi heureuse qu'à ce moment là.

˚✧₊ ⁎⁺˳✧༚

Un mois est passé, Avril et ses beaux jours sont arrivés et traverser les couloirs main dans la main avec Cedric était devenu normal pour moi. Lorsqu'ils l'ont appris, Liz a explosé de joie dans la salle commune en criant quelque chose qui ressemblait à "Vive Cella!" et Alex a recraché son jus de citrouille sur la pauvre Tara qui était assise en face de lui un matin, mais certaines personnes n'ont malheureusement pas réagi de la même façon. Les fans de Cedric n'ont pas toutes bien pris la nouvelle, et je recevais des regards glaçants pleins de jalousie quand j'avais le malheur de croiser leur chemin. Au départ, je n'y faisais pas attention, j'étais heureuse de vivre ces moments avec Cedric et je profitais du garçon qui était devenu mon copain, aussi surprenant que ça l'était pour moi de l'appeler comme ça. Mais les semaines ont filé et des rumeurs ont été lancées pour briser la nouvelle relation qu'on entretenait. J'aurais apparemment trompé Cedric, ou me serais mise en couple avec ce dernier pour sa notoriété ou pour l'argent du Tournoi qu'il pourrait gagner. Même si Cedric savait que rien n'était vrai, je me sentais de moins en moins à l'aise à être autour de Cedric devant tout le monde. J'avais l'impression que tous les yeux étaient rivés sur nous et surtout sur moi, guettant tous mes faits et gestes, que tous ces regards me jugeaient, des chuchotements m'accompagnaient partout, clamant que je n'étais pas assez bien pour Cedric, qu'il méritait mieux... Et j'ai commencé à les croire. Alors je m'éloignais de plus en plus de mon copain, d'abord en évitant tout contact physique avec lui en lieu public, puis en général. Cela a duré des semaines avant que je ne reprenne mes esprits.

Un soir, alors que je me précipitais tête baissée dans les couloirs pour retourner dans la salle commune le plus vite possible et en évitant le regard de certains élèves, je fus attirée dans une salle de classe vide, avec une sensation de déjà vu. Je me suis retrouvée coincée entre le mur et un Cedric étrangement inquiet.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Ella? T'es bizarre en ce moment, tu m'évites?

— Pas du tout, qu'est-ce que tu racontes? je mens, mais le regard insistant du brun me fit abandonner ma façade. Ced, peut être que c'était une erreur...

— Une erreur? me dit-il d'une voix blessée, ce qui me rendit encore plus mal.

— Nous? je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Tu ne me mérites pas, je suis pas assez bien pour toi, ils ont tous raison et-

— Arrête toi et regarde moi, je ne cède pas mais il me fait remonter le visage à l'aide de son index pour que je vois son regard blessé mais qui reste tout de même dur. Dis moi qu'on ne devrait pas être ensemble, que tu n'en as pas envie, dis le moi dans les yeux et là, on arrêtera.

Je n'y arrive pas. Ma respiration se fait plus rapide sous la panique, ma gorge se serre de plus en plus et je secoue la tête pour lui faire comprendre que c'est impossible pour moi de lui dire ces mots là. Ce n'est pas ce que je pense, je veux être avec lui plus que tout au monde. Il m'attira contre lui et mes larmes coulèrent sur sa robe.

— Le regard des gens me pèse, tout le monde nous juge, ils me jugent. Entre les rumeurs et leurs regards, je ne peux pas, je n'arrive pas à les ignorer. Et puis je me dis qu'ils n'ont peut être pas tord, que je ne suis pas assez bien pour toi, que tu mérites quelqu'un de tellement mieux que moi. Je ne vois pas pourquoi tu m'as choisie...

— Tu ne le vois peut être pas, mais moi je te vois. Je vois que tu es une belle personne, à l'extérieur comme à l'intérieur. Tu me connais mieux que je ne me connais. Regarde moi, je leva la tête vers lui, il essuya les larmes sur mes joues. J'aimerais que tu te vois comme moi je te vois, que tu t'aimes comme moi je t'aime. Je te promets que tu es quelqu'un de formidable et je n'aurais pas pu aimer quelqu'un d'autre que toi, Ellanora Thomspon.

— Tu m'aimes? ses paroles me réchauffèrent le cœur et je me mis à le croire.

— Je crois bien, oui, il me dit tendrement en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je crois que je t'aime, Ella.

— Ça tombe bien, je crois que je t'aime aussi, Cedric Diggory, je lui souris, et son rire qui résonna dans la pièce vide me réconforta.

Il se baissa pour m'embrasser. Je me mis à penser que je ne me lasserais jamais de tout ça, de sa tendresse envers moi, de ses paroles toujours réconfortantes dans les moments où j'en ai le plus besoin, de ses petits gestes au quotidien, de son sourire, de sa simple présence dans ma vie. Je ne serais pas la jeune femme que je suis sans lui. Je suis tellement reconnaissante pour tout ce qu'il a fait pour moi et j'espère un jour lui rendre la pareille.

Nous rentrons dans la salle commune main dans la main et je m'assois même sur ses genoux sur le canapé, à faire la discussion avec Alex et Liz qui nous racontent les derniers potins. Je sens les regards des gens sur nous mais je n'y fais pas attention. Je vais m'y faire. Tant que Cedric est à mes côtés, rien d'autre n'a d'importance.