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Le passage entre deux * peut toucher les plus sensibles, il s'agit d'une agression sexuelle.

-Bonjour, Alexander ! 

Un faible « bonjour » se fit entendre au fond de la sombre pièce. Un simple murmure qu'il avait pourtant entendu. Il savait que quelque chose n'allait pas. Que la situation ne pouvait pas vraiment s'arranger et que ce murmure était une incapacité à demander de l'aide. Celui qui avait parlé en premier s'en rendait bien compte, et se rapprocha doucement du jeune garçon, complètement bloti et effrayé, terrorisé même, dans un coin sombre de sa chambre. Il ne voulait pas qu'il vienne. Mais il était paralysé. Il ne pouvait pas bouger. Il savait que ça n'allait qu'empirer. Alec aurait voulu dire quelque chose, peu importe tant qu'on l'entendrait, mais il n'en fit rien. Il en était incapable. Son interlocuteur, qui se rapprochait dangereusement de lui, s'agenouilla et commença.
*
Il glissa sa main droite sur le mollet du jeune garçon, qui commença à pleurer silencieusement. Ses larmes redoublèrent lorsque que le cinquantenaire remonta sa main, pour arriver au niveau de l'entrejambe. Alec voulu s'en défaire, mais que peut faire un enfant de dix ans face à une brute épaisse de 54 ans ? Rien, à part pleurer en silence. Il s'était déjà débattu, autrefois, mais avait fini avec un coquard. Plus jamais ça n'arriva.
Alec n'a pas le droit de parler. Ni de se défendre. Il doit laisser son oncle le toucher et le violer sans exprimer la moindre contradiction. Mais s'il y a bien une chose qu'Alec ne peut pas retenir, ce sont ses larmes. Et pendant qu'un acte inhumain et atroce se produit comme toutes les semaines, dans un manoir réputé de New York, Alec pleure en silence. Son agresseur prend du plaisir en lui, se retire, laisse le gosse se nettoyer, comme il dit, se rhabille en vitesse, puis descend boire un café avec les parents de leur jeune aîné qui part vomir dans les toilettes, trop dégoûté par ce qui vient de se passer, une fois de plus. Plus tard, les conséquences seraient encore plus terribles. Alec n'au....
*
Je me réveille en sursaut et en sueur. Je fais ce cauchemar depuis si longtemps... mais mes réactions ne changent jamais. Sentant le vomi arriver, je me rue vers les toilettes et ressors le peu d'énergie qu'il me reste. Je pleure un moment, plongé dans mes souvenirs les plus affreux le temps de reprendre mon souffle et mes esprits. Du moins ce qu'il en reste.
Je me relève enfin un gros quart d'heure plus tard. Le couloir est plongé dans l'obscurité, mais je l'empreinte aisément, pour retourner rapidement dans ma chambre. Je laisse la lumière allumée, encore trop effrayé. Sur le qui-vive, je reste là, allongé sur le côté sur mon lit. Je jette un bref coup d'œil à mon portable. Je n'ai aucun message, pas étonnant, mais surtout il est 5h30. Et je ne veux pas me rendormir. Je décide donc de me lever. Vu que tout le monde dort encore, je décide d'aller prendre l'air, dans le grand jardin. Au moins ici, l'air rentre dans mes poumons et ça me rassure. Parce que ça veut dire que je suis encore en vie et qu'il ne m'a pas... Désolé, je m'égare un peu.
Je ne veux pas t'embêter avec ma vie déprimante et qui craint assez, alors tu sais quoi ? Je vais directement te reparler quand je serai prêt, dans quelques heures.

Et voilà ! Je suis fin prêt pour aller à la fac. J'ai petit déjeuner ce que j'ai pu, j'ai pris ma douche, j'ai écrit, et j'ai fait mon sac. J'ai aussi fait autre chose, mais je ne veux pas t'en parler. Tu m'as déjà suivi jusqu'ici, donc je ne veux pas tout gâcher. Je ne veux pas que tu partes.
Je pars seul, à pied. Jace, mon frère adoptif, un blond verron complètement canon mais un peu con, et Izzy, ma petite sœur adorable, prennent le métro et donc partent plus tard. Et je ne prends pas le métro, parce que mes parents n'avaient pas les moyens de me payer une carte d'abonnement.
J'arrive donc à la fac une bonne heure plus tard, ce qui n'est pas assez rapide, puisque le cours a déjà commencé. Super pour une rentrée...

-Jeune homme, je vous prierai d'arriver à l'heure, dorénavant ! Me cingla le prof avec un regard méchant. 

-Oui, monsieur. 

Essouflé, je rejoins la seule place disponible qui reste. Une table inoccupée au fond de la salle. Parfait pour me faire oublier.
Mais c'était sans compter sur le directeur de la fac qui débarque en plein milieu d'une des explications interminables de Mr Richard. Le directeur est avec un jeune type, un asiatique excentrique. C'est tout ce que je retiens, avant de baisser la tête et de me concentrer à fond sur ce que j'écrivais (pas son cours stupide qur je ne sais plus quoi).
Je suis donc surpris quand une main vient se poser sur mon épaule. Je relève la tête et constate que personne ne m'a remarqué. Mon regard se pose ensuite sur l'auteur de cet acte inconscient, auteur qui nést autre que le nouveau. Je suis forcé de l'observer un peu plus en détails. Je remarque par exemple qu'il porte du maquillage, que ses cheveux sont en partis colorés, qu'il porte de nombreuses bagues et que ses yeux sont d'or. Rien que ça, j'ai des frissons. Je rougis fortement et ne l'écoute pas, mais replonge mon cerveau dans le livre que je suis en train d'écrire...

-Monsieur Bane ! Vous commencez très mal si vous barvardez déjà ! Faites plutôt comme votre voisin, Alec Lightwood si je ne m'abuse, et n'existez pas ! 

-Désolé, monsieur. 

Alors que j'essaie de ne pas en coller une au prof tout en voulant disparaître, je sens le regard de Bane peser sur moi un instant, avant qu'il ne se concentre enfin sur autre chose que moi.
En sortant de cours, il me rattrape et se présente :

-Hey ! Attends, Alexander, c'est ça ? Moi c'est Magnus, enchanté !

Plutôt que de la lui serrer en retour, je frissonne en m'imaginant toucher sa peau, rougis, puis réponds sur la défensive comme toujours avant de partir et de le laisser en plan :

-Alec. Juste Alec.

L'ange oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant