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Je rentre le plus rapidement possible chez moi. Je file dans la cuisine, prendre un truc à manger avant de m'enfermer dans ma chambre le reste de la journée. Heureusement, je suis seul dans la maison. Mes parents, banquiers, sont à leur boulot. Jace et Izzy sont tous les deux dans leur école d'art. Et Max, mon plus jeune frère, est à l'école. Il n'y a que moi, donc. Parfait.

Je mange en vitesse un simple bout de pain, n'ayant finalement pas très faim, puis monte dans ma grande chambre. Je balance sans regret mon sac dans un coin, et m'affale sur mon lit, me frottant les yeux. J'ai pas beaucoup dormi depuis près d'un mois, et ça se ressent. Je sombre d'ailleurs peu à peu dans le sommeil.

Il est là. Je descends les marches de l'escalier le plus lentement possible. Il me sourit. Je souris à mon tour, naïvement. Mes parents font la même chose. Je ne vois seulement pas encore que c'est un sourire sadique. Qui serait sadique envers son propre enfant, en même temps ? Ben eux. Mais ça, je le saurai plus tard. Pour le moment, je m'approche, comme il demande, et lui fais la bise.

-Bonjour, Alexander ! Comment tu vas aujourd'hui ?

-Ça va, merci oncle Victor.

-Alec ?

Je me retourne vers ma mère, qui m'annonce avec le sourire :

-Tu vas partir quelques temps en vacances chez ton oncle, d'accord ?

-Pourquoi ?

-Eh bien pour passer du temps avec moi, bien entendu, répond mon oncle, ricanant en même temps.

Je me souviens de la dernière fois que j'ai passé du temps avec lui. On était allé au parc d'attraction, et j'avais adoré. Alors encore plus naïvement j'hoche la tête, tout content, et demande :

-On pourra retourner au parc d'attraction ?

-Si tu es sage, j'y réfléchirai, promis !!

Plein d'ambition, je file faire ma valise en vitesse, tandis que mes parents restent en bas, dans le salon, avec mon oncle. Pendant que je place mes habits, Jace, qu'on vient d'adopter, arrive et me fait sursauter.

-Tu vas où grand frère ?

-Je pars en vacances chez oncle Victor !

-Tu reviens quand ?

-Je sais pas.

Je remarque son air déçu sur le visage, alors je me rapproche et le serre dans mes bras. Mon oncle apparait dans l'ombre de la porte, et quelque chose chez lui sonne louche. Il nous observe silencieusement, un air étrange que je n'ai jamais vu sur le visage. Après quelques minutes, il me dit :

-Bon, t'es prêt, gamin ?

-Oui !

Jace se sépare de moi et salue poliment notre oncle. Puis il lui demande :

-Il rentrera quand, Alec ?

-Dans deux semaines. Pourquoi, toi aussi tu veux venir en vacances chez moi ?

Je ne sais pas comment, mais je sens que tout ne se passera pas comme prévu. Alors je me sacrifie et devance mon petit frère, puis descends les escaliers, ma valise dans une main.

*

Et j'ai eu raison de penser que tout ne se passerait pas comme prévu. À peine arrivé, oncle Victor me donne des corvées à faire : le ménage, les courses, et même le jardinage ou encore laver sa voiture. Je ne comprends pas pourquoi, mais je m'exécute, n'y pouvant pas grand chose. Quelques longues heures plus tard, le soleil s'est couché, et j'ai enfin terminé. Je rentre discrètement dans la maison, espérant ne pas trop me faire remarquer. En effet, mon oncle dort à point fermé dans son fauteuil. Il a une bouteille en verre de je ne sais pas quoi dans la main, et ronfle comme un cochon. Je n'ose pas le réveiller, même si je meurs de faim et que je ne sais pas encore me faire à manger tout seul, alors je monte me coucher. Je suis réveillé en pleine nuit, par un bruit de verre qui se brise. Puis des pas qui montent les escaliers. Puis la porte de ma chambre s'ouvre. Peut-être qu'il s'inquiète pour moi...

Quel naïf. Il allume la lumière. S'approche. Je commence à m'inquiéter. Il m'empoigne. Je le regarde, me débat tandis qu'il passe ses jambes de chaque côté de mon corps frêle et tremblant. J'espère que c'est nu cauchemar. Mais la douleur lorsque qu'il me pénètre violemment d'un coup me prouve le contraire. Je pleure. hurle. Il met sa main devant ma bouche. Je me débats, mais il me frappe. Et puis il continue, tandis que je pleure, et...

Je me réveille, en sueur et trempé de sueur. Mais quelque chose ne va pas. Une main est posée sur ma bouche, m'empêchant de parler. Il est là, pour de vrai. Je suis tétanisé. Je voudrais disparaitre. Mais il baisse son pantalon, puis le mien, et enfin me viole.

*

Ce n'est pas un cauchemar, malheureusement pour moi. Il me laisse quelques minutes plus tard, sans rien dire. Seulement ce même sourire satanique gravé sur sa face de connard. Je cours dans la salle de bain, et vomis tout ce que je peux, pleurant à chaudes larmes. J'entends au passage la porte d'entrée se refermer, puis une voiture démarrer. Au moins, il n'est plus là pour l'instant. Mais ça ne change rien à ce qu'il a fait. Je reste là jusqu'au retour de ma famille, devant laquelle je suis forcé de faire comme si tout allait bien. Je me relève difficilement car engourdi et vide d'énergie, puis me regarde dans le miroir. Je sors quelques minutes plus tard, enfile un pull à manche longues dans lequel je nage, puis descends, avec un sourire masqué en coin. Ils doivent croire que je vais bien. Au moins mes frères et ma soeur. Si mes parents sont complices, ma soeur et mes deux frères, eux, n'ont jamais su. Il m'a dit que si je le balançais, il leur ferait la même chose.

Alors je descends, fais comme si de rien n'était, et tout le monde n'y voit que du feu. On se met tous à table. Mes parents racontent quelques trucs qui leurs sont arrivés au boulot. Jace et Izzy racontent ce qu'ils ont appris. Max raconte une histoire drôle qui lui est arrivée à l'école. Puis bien mon tour :

-Hum...Rien de spécial. J'ai eu qu'un cours, et ensuite je suis rentré.

Tout le monde souffle. Je les désespère. Mais je préfère qu'ils se trompent, plutôt qu'ils connaissent la véritable raison de ce silence...

L'ange oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant