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Je cours. Aussi vite que je peux. Je vais encore arriver en retard, si ça continue. Ce n'est pas de ma faute, j'ai gerbé alors que j'étais sur le point de partir. C'est mon petit déjeuner qui n'est absolument pas passé. Non seulement j'ai trop mangé (deux tartines quand même !), mais en plus, oncle Victor s'est invité à notre table. 

Mes parents m'ont obligé à rester, sous prétexte qu'ils voulaient qu'on mange tous ensemble pour une fois. D'autant plus que tous nos cours commençaient à dix heures. Bref, tout ça pour dire que j'ai été forcé de prendre le petit dès en famille, oncle violeur compris qui me regardait sans cesse de son regard satanique et satisfait qui me fout la trouille monumentale. J'ai même tellement pâli, que Max m'a demandé si j'étais pas Et donc c'est pas passé. J'ai dégueulé. Quand je suis sorti des toilettes, plus personne n'était là. À croire que je n'existe pas vraiment, dans cette famille. Je suis allé dans ma chambre, j'ai vu l'heure, et je me suis mis à courir vers la fac.

J'arrive dix longues minutes plus tard, tout essoufflé et en retard. Génial.

-Monsieur Lightwood, encore en retard !

-Désolé, monsieur.

Il souffle sans gène, et renifle bruyamment vers moi en me regardant méchamment.

-Eh bien ne restez pas planter là ! Et prendre une douche, ça ne vous arrive jamais ?

Je n'ai jamais autant rougis de toute ma vie. Ce prof a le don pour me foutre la honte. Je baisse piteusement la tête tandis que tout le monde rigole sans retenue en me lançant des regards de débiles. Je serre le poing pour ne pas les balancer dans un volcan en éruption, et je rejoins ma place le plus vite possible. Je ne souffle qu'une fois assis sur ma chaise et retrouve ma pâleur habituelle quand je sors mon carnet et que je commence à écrire mon histoire. Je veux juste disparaitre dans mon univers. Et que personne ne me fasse chier. Mais c'était trop demandé, vu que le prof m'interrompt en pleine action :

-Monsieur Lightwood ! Arriver en retard ne vous suffit pas, il vous faut aussi ne pas écouter en cours ?

Je relève à peine la tête, vraiment en colère contre ce prof de merde, et affronte ses yeux démoniaques.

-Quoi !?

Choqué par ma violence et mon insolence, il respire un grand coup et se redresse avant de se rapprocher dangereusement de moi. Il s'arrête devant moi, à quelques centimètres à peine de mon bureau, et attrape le carnet poser sur ma table. J'évite tout contact avec les autres élèves qui me dévisagent, alors je suis attentif à la réaction de mon prof. Et contrairement à ce que je pensais, il ne semble pas mal le prendre. Il repose le carnet sur la table et me dit sur un ton calme :

-Venez me voir à la fin du cours.

-D'accord.

Il repart ensuite donner son cours et celui-ci se termine dans le sérieux le plus total. Enfin je crois. Personnellement, je n'écoute qu'à moitié, cogitant. Je me demande ce que le prof va me demander.

Fin du cours. Je me relève doucement. J'attends que tout le monde sorte, sans toutefois leur adresser un seul regard. Lentement, je m'approche du prof et commence la conversation la plus étrange qui soit...

-Monsieur Lightwood... j'ai cru comprendre que mon cours ne vous intéressait pas. Et qu'à la place vous préfériez écrire. Vous avez une explication ?

Avec un petit sourire en coin, je lui réponds sans remords :

-Ben, votre cours est chiant. Et j'écris. Je suis écrivain, c'est mon métier. Le mien contrairement au votre, il est intéressant.

Il ricane gentiment et me fait un petit sourire compatissant. Mais qu'est-ce qui lui prend ?

-Tu sais, Alec, tu me rappelles quelqu'un que j'ai connu, à ton âge. Lui non plus n'aimait pas mon cours, et préférait écrire des histoires. C'est devenu un grand écrivain...alors...si tu veux, écris tes histoires pendant mon cours. Mais en échange, n'oublie pas que tu auras écris un best seller dans ma salle.

-Ok. Merci monsieur.

Il me fait une petite tape amicale sur l'épaule et tandis que je m'apprête à repartir, il me rappelle. Je me retourne et l'interroge du regard.

-Il y a t-il une raison pour que tu arrives toujours en retard ?

Je me raidis soudain, ne voulant pas qu'il soit au courant. Mais malheureusement il remarque ma réaction et insiste en se rapprochant.

-Dé-désolé monsieur. Je ne peux pas vous répondre.

-S'il te plaît, Alec. Il faut que je sache, si quelque chose t'empêche d'arriver à l'heure.

-Je...j'ai pas de carte de métro, et mes parents ne peuvent pas m'en payer une, ni moi. Donc je dois venir à pieds. Et parfois je mets plus de temps que je ne voudrais.

Il n'a pas l'air convaincu, malgré le ton assuré que j'ai tenté de prendre, mais laisse tomber. Au fond, je crois que j'aurais voulu qu'il ne lâche pas l'affaire. Mais la flippette en moi s'enfuit en courant en s'excusant pitoyablement, fier de l'avoir berné. Berné...mais t'es débile ou quoi !? Il l'a pas gobé ton histoire. Ducon...

Je grogne tout seul et m'apprête à rentrer chez moi. Mais je me stoppe net quand je me me prends quelqu'un en pleine tête.

-Eh bien, t'es perdu à ce point là ?

-Hein ?

-Magnus, t'as quand même pas oublié ?

Je relève la tête et me plonge irrémédiablement dans ses yeux félins à tomber par terre. Non, lui il est à tomber par terre. Ses yeux, eux...sont parfaits. Ou l'inverse. Magnus est parfait, et ses yeux sont à tomber par terre...

-Magnus ! Naan, bien sûr que non, je t'ai pas oublié...

Je l'avais totalement oublié. Mais j'ai une excuse ok ? 

Je dévie le regard, et commence à m'avancer dans le couloir. Et bien sûr, Magnus me suit à la trace. Je le sens me regarder intensément, son sourire magnifique et craquant au coin des lèvres. Il me fait rougir, cet idiot.

-Si, tu m'avais oublié !

-T'es pas fâché ?

-Pas vraiment. J'imagine que tu as tes raisons. Mais que tu ne veux pas me le dire. Comme les raisons de ton retard...

-Ouais, désolé.

-Pourquoi tu t'excuses ?

-Parce que t'as l'air de vouloir connaitre deux de mes secrets, mais je ne peux pas t'en parler. Alors tu le prends assez mal.

Il s'arrête et se poste devant moi, m'emprisonnant entre ses deux bras protecteurs. Je réagis au quart de tour, et me dégage rapidement, et lâche, sur la défensive :

-Tu sais quoi, Magnus ? Fous moi la paix, ok ? T'avais raison. Je t'ai oublié. Parce que t'es pas important pour moi. Alors maintenant t'es gentil, tu arrête de t'attacher à moi, tu arrête de me suivre, tu te fais des nouveaux amis, et tu me laisse tranquille.

-Tu le penses vraiment ?

-Oui ! Mentis-je en le regardant droit dans les yeux.

Il m'observe encore un moment, puis, vraiment énervé, je sors de la fac et rentre chez moi. Bien sûr que non, je ne le pensais pas. Mais je dois le protéger. Magnus ne doit rien connaître de moi. Surtout pas la partie de l'histoire où je me fais violer par mon oncle régulièrement depuis qu'on a adopté Jace, et que mes parents sont dans le coup. Ni le fait que je ne mange presque rien, trauamtisé à l'idée que mes journées pourraient mal tourner à chaque instant. Il souffrirait, s'il s'approche trop. Je ne dois pas le laisser faire.

L'ange oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant