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Il ne veut pas me parler. Comme si j'allais le laisser me rejeter et l'oublier. Non. Je vois bien qu'il va mal et je sais exactement ce qu'il a. Dis moi si je me trompe, mais je suis persuadé qui est secrètement amoureux de son oncle Victor, et que ça le tracasse. Il est gay, et alors ? Je dois le lui dire et le pousser à avouer ses sentiments. Même s'il va se prendre un vent, à raison. Il doit au moins se l'avouer.

Décidé à le faire parler, j'arrive à la fac en avance, et attends qu'il arrive. Sauf que bien sûr, il arrive en retard. Il s'excuse lamentablement, et le prof souffle avant de le laisser s'installer. C'est comme ça à chaque fois. Sauf hier... là, il s'est carrément enfui après s'être réveillé en pleurs. Le pauvre, n'empêche. Ça craint de se faire choper en train de chialer. Surtout quand secrètement, t'es amoureux de ton oncle...

Il vient s'assoir, ne m'adressant pas le moindre regard. Je le salue, mais il ne me répond pas. Évidement... je souffle et abandonne, préférant me concentrer sur ce cours. Toute la matinée, pourtant, je réfléchis. Je veux toujours aider Alec, je ne sais pas pourquoi. Mais je vais le faire. Si pour une fois dans ma vie je peux être gentil et rendre service, autant le faire.

À la fin des cours, je le suis jusqu'aux toilettes, dans lesquelles il s'enferme un long moment. Je reste silencieux, et cale la porte dès que nous ne sommes que tous les deux. Comme ça, personne ne viendra nous déranger. J'attends dans le plus grand des calmes, et écoute. Il pleure. Le pauvre, ses sentiments doivent vraiment le ronger. En même temps...c'est son oncle. Il y a de quoi être gêné.

Au bout d'une bonne heure enfermé dans ces chiottes, et marque un temps d'arrêt en me voyant arriver. Je l'observe, et en bon professionnel, je remarque immédiatement du fond de teint qui a coulé. Pour laisser place à ce qui me semble être... de la peinture ?

-Et ben, Alexander, tu as repeint ta chambre ?

-Hein ?

-Ben... Ton oeil, t'as de la peinture sous ton fond de teint.

Je le vois blêmir mais il hausse les sourcils, visiblement surpris de mon talent de déduction. Et j'en ai pas fini...

Tandis qu'il essaie désespérément de masquer cette peinture, je m'approche et lui saisis la main ainsi qu'un bout de papier toilette. J'étale son maquillage, et il me remercie silencieusement. J'en profite pour lui avouer que j'ai découvert la vérité.

-Je suis au courant, Alexander.

-Au courant de quoi ? Demande-t-il, légèrement plus pâle.

-À propos de toi et de ton oncle.

-Co-Qu'est ce que...

-Je sais que tu es amoureux de lui.

Il devient aussi pâle que du marbre, et recule, choqué par ce que je viens de lui dire.

-C'est pas si grave, ok ? L'important c'est que tu te l'avoues. T'es amoureux de ton oncle. C'est mal, mais au moins tu sais que tu es gay.

Je lui souris, mais lui sa tête se déforme plus je parle. Il recule encore, me dévisageant, avant de se murmurer à lui-même :

-T'es vraiment con, en fait...

Cette pique me fait tiquer, car je ne comprends pas cette agressivité. Je n'ai pas le temps de lui poser la question, puisqu'il s'enfuit en courant. Je le suis dans le couloir, mais il ne se retourne pas et finit par me semer. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je le suis discrètement, et il s'arrête devant la carriole de Victor. Il le salue, et paie sa boisson. Je ne les entends pas, mais Victor aborde un air sévère quand il remarque la trace de peinture à l'oeil d'Alec. Il regarde autour de lui, et ne voyant personne, il empoigne son fils par le col avant de le rapprocher du comptoir. Il lui glisse quelque chose à l'oreille, un sourire en coin. ensuite, il le relâche et lui tapote gentiment l'épaule. peut-Peut-être qu'il n'a pas contrôlé sa force, finalement. Je ne m'inquiète pas plus que ça, et continue de suivre Alec. Jusqu'à un peut pont, isolé. Il ne m'a pas vu, et s'adosse à la la rambarde en bois. Puis il commence à pleurer, violemment. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je lui ai mis la vérité en face. Je décide d'intervenir, pour lui éviter de pleurer comme un fébrile.

-T'as pas à te morfondre parce que tu aimes ton oncle. Tu peux toujours passer à autre chose, Alexander.

Il sursaute, et jette un regard en ma direction, avant de se cacher le visage avec ses mains. Je me rapproche de lui, et dépose une main sur son épaule, mais il s'écarte brusquement et s'en va, mais je le rappelle.

-Tu ne pourras pas fuit éternellement. Avoue le, au moins, tu te sentiras mieux !

Il s'arrête, et se retourne vers moi avant de me foncer dessus et de m'empoigner par le col.

-Écoute moi bien ! Tu es très loin de la vérité. Tu n'es qu'un stupide et tu ne connais rien à ma vie. Alors fous moi la paix. Continue de jouer les détectives débiles si ça te chante mais arrête de me faire chier !

Sa poigne se resserre, et je retiens mon souffle, apeuré par la violence dont il vient de faire preuve. Il doit s'en rendre compte car il me relâche avant de reprendre plus calmement :

-Rentre chez toi, Magnus. Toi et moi on n'est pas fait pour être proches.

Il ne me laisse pas répondre et s'enfuit au courant, me laissant perplexe. 

L'ange oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant