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Je me regarde dans le miroir. Je suis encore plus délabré que d'habitude. Mon œil gauche est douloureux, et son contour est noir. Un beau coquard. Je recule légèrement pour observer le reste des dégâts. Des hématomes qui sondent mon corps, jusqu'à mes pieds. Il a frappé partout. Absolument partout. C'est si douloureux...

Mais je ne peux rien montrer. Il a menacé Magnus. Il va me surveiller, aujourd'hui. Donc je dois faire comme si de rien n'était, et ne pas parler à Magnus. Peu importe s'il le prend mal, c'est pour son bien. Il ne doit jamais savoir. Ni m'approcher. je ne veux pas qu'il souffre.

Je me sers du maquillage d'Izzy, et commence à couvrir mon visage de cette mixture étrange qu'est le fond de teint. Je m'y connais un peu, et j'applique le plus clair. Pour que ce ne soit pas si flagrant. Un bon quart d'heure plus tard, j'admire le résultat. Un étirement semblable à un micro sourire se forme au coin de mes lèvres, satisfait de mon travail.

Je sors de la salle de bain, et descends les escaliers en silence. Once Victor est là, mais il dort encore. Comme tous les autres. En même temps, il est cinq heures du matin. Je sors discrètement de la maison, et prends le chemin de la fac.

Pour une fois, j'arrive en avance. Je m'assois seul, au fond de la salle comme à mon habitude. Je profite des quelques minutes de liberté qu'il me reste et je ferme les yeux cinq petites secondes.

*

Il me raccompagne à l'intérieur de la maison. Il me tient fermement. Je sais ce qu'il va se passer. Magnus n'aurait jamais dû m'accompagner. Il n'aurait jamais dû m'approcher. J'ai le cœur serré, c'est vrai, mais au moins il ne souffrira pas des ravages de mon oncle. Et encore heureux qu'il ne se doute de rien. Si Magnus savait, ce serait la merde assurée pour lui, et pour moi. Oncle Victor me pousse dans les escaliers, et je dois me laisser faire. Il me jette au sol dès le seuil de la porte de ma chambre atteint. Il fait ça avec une telle violence que tout mon corps se met déjà à lâcher prise. Je suis pris de vertiges, mais il ne me laisse pas le temps de m'y faire, que déjà je me retrouve sur le ventre, sur mon lit. Il m'enlève mes vêtements avec sa férocité effrayante. Je ferme les yeux, tandis qu'il me pénètre violement, d'un coup sec. Je pleure en silence, et serre de toutes mes forces les poings qu'il me serre. Il termine son affaire en pas moins de quinze minutes et s'en va, comme si de rien n'était. Du moins c'est ce que je pense. Mais un coup de ceinture venant s'abattre sur mon dos déjà sensible me fait comprendre tout le contraire. Et cette fois, je ne peux m'empêcher de hurler. Je le supplie d'arrêter. Il me jette à terre, me retournant.

-Arrête de chialer, salle pédale de merde !!!

Mais je n'arrête pas. Je ne peux tout simplement pas. Alors il se met à califourchon sur moi. j'essaie de protéger mon visage, mais il me saisit à nouveau les poignets et les attache au pied du lit. Je suis piégé. Je me débats, mais il est bien trop fort. Il me frappe partout sur le corps. Puis il m'achève avec une droite. Droite qui me plonge dans un sommeil profond loin d'être réparateur.

Je me réveille en larmes, quelques heures plus tard. Je suis nu, par terre dans ma chambre. il fait nuit, mais les lumières du couloir sont allumées.

-Alec ! A table !!

La voix de mon père retentit, et me fait frissonner. En toute hâte, je me rhabille. Mais je ne suis pas nettoyé... Alors je fonce dans la salle de bain pour le faire. Je fais ça rapidement, évitant au maximum de regarder ce liquide infâme. Je ne dois pas vomir maintenant.

-Alexander !!

-J'arrive !!

Je souffle, et enfile le premier jogging qui me vient, un sweat, puis descends lentement les escaliers. Pour assister au repas des plus atroces que je n'ai jamais connu...

*

Un fracas contre mon bureau me réveille brusquement. Je relève vivement la tête vers mon prof, et comprends rapidement que j'ai dormi plus longtemps que prévu. Tous ont les yeux rivés sur moi, même Magnus, et je me sens encore plus ridicule lorsque que je sens des larmes humidifier ma joue. Sentant la honte du siècle arriver, je me lève en vitesse et quitte la salle le plus rapidement possible. Je ne sais pas si c'est mon imagination ou pas, mais il me semble entendre un « pauvre bébé, il a pleuré », suivi d'un rire satanique.

Je passe le reste de la journée hors de la fac. Je pars me réfugier tout en haut de l'empire state building, là où personne ne pourra venir m'emmerder, vu que cette partie est interdite au public. Je cogite jusqu'à cinq heures. Ensuite, je suis obligé de rentrer.

Le soir venu, aucune attaque de mon oncle n'est à déclarer. Mais je déprime dans ma chambre, seul. Et tandis que je laisse mes idées noires m'envahir de leur attraction démoniaques et mortelles, mon portable vibre. J'ai reçu un message...

Inconnu :

Salut, c'est Magnus. J'espère que tu vas mieux. mais il faut qu'on se parle. Alors s'il te plait, répond moi.

Réponse :

Désolé, je ne peux pas. Oublie moi.

Je mets directement mon portable en mode avion, trop anxieux à l'idée de recevoir un nouveau message de Magnus, et de sentir au passage mon cœur rater quelques battements rien qu'à la pensée de son prénom...

L'ange oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant