L'ange oublié.

*4*

NB : Vous avez le droit de détester Magnus...

-2 dollars s'il te plaît.

-Oui, tenez.

-Merci ! Et voilà votre thé, jeune homme.

-Merci, passez une bonne journée, monsieur Victor !

-Toi aussi, Magnus !

Je lui souris en retour et m'éloigne du café ambulant. Ce gars est vraiment sympa. Il s'appelle Victor. Il a les yeux bleus, magnifiques, et ses cheveux poivre et sel gardent tout de même quelques traces de cheveux noirs. Il devait être un vrai tombeur, plus jeune. 

Cela étant, je ne suis pas sûr qu'il soit gay, bi et encore moins pan. Pour être honnête, je pense même qu'il était un peu homophobe sur les bords. Je le trouve sympa parce que ses boissons sont une tuerie ! Mais sinon, je pense que je ne l'apprécierais pas. Et évidemment, je ne lui ai pas dit que j'étais bi. Je ne voudrais pas avoir à chercher un nouveau spot.

Je marche encore quelques mètres, puis me stop net. J'aperçois Alec, le beau ténébreux, s'avancer vers la camionnette de Victor. Il n'y a plus de clients, et je les observe discrètement, adossé à un arbre. Alec est plus pâle qu'en cours, si toutefois c'est possible. Ils ont l'air de se connaître, c'est étrange. Pas tant que ça, en fait... Alec doit vivre à New York depuis un moment, et il est tout à fait probable qu'il vienne acheter son café ici.

 Et Victor lui sourit, et semble lui parler gentiment. Alors pourquoi est-ce que son client pâlit ? Oh, je sais ! Peut-être qu'Alec est attiré par les personnes plus âgées, et qu'il en a honte. Certains rougissent, mais peut-être que lui, ben...devient blanc.En même temps, Alec est vraiment chelou, comme mec...

J'attends qu'ils terminent, et Alec finit par partir avec sa boisson. Il marche vite, très vite. Je décide de le suivre discrètement. Je sens que quelque chose se trame avec ce mec, et je voudrais savoir quoi. Il s'arrête enfin, essoufflé par sa marche en apnée. Il s'assoit sous un pont, au bord de l'eau. Et l'observe en silence. Je me rapproche assez sans qu'il me voit, et l'admire secrètement. Même de dos, il est magnifique.

Après quelques minutes, il pose sa boisson et sort de son sac un objet que je ne reconnais pas. Il le prend dans ses mains quelques minutes, et je le vois sécher des larmes. Je ne sais pas quel objet il a entre ses doigts, mas il doit lui être cher.

Il remet ensuite l'objet dans son sac, et reste quelques instants encore sans bouger. Tout à coup, il se met à genoux et vomit toutes ses tripes dans l'eau. Je remarque qu'il tremble assez fort. N'y tenant plus, je cours m'agenouiller à côté de lui, lui caressant le dos pour le rassurer. Après tout, ça arrive à tout le monde, d'être malade. Il a dû chopper une indigestion.

Mais il ne m'a pas entendu arriver, alors par surprise, il me repousse violement et se relève tout en s'éloignant de moi. Il respire rapidement, et après m'avoir jeté un regard, il se referme totalement sur lui, cachant sa tête et ses mains entre ses jambes.

-Alexander, je suis là pour toi. Laisse moi t'aider, s'il te plait. T'as dû chopper un truc, genre la gastro, ou une indigestion. Je peux te ramener chez toi, si tu veux.

Il renifle un coup et sèche ses larmes. Comme s'il me prenait pour un con, il plisse des yeux et me répond :

-Tu...Tu veux juste me raccompagner chez moi ? Tu ne veux pas me poser de questions ?

-Ben non, pourquoi je te poserais des questions ?

-Pour rien, répond-il, l'air déçu.

Je ne capte pas plus que ça, et lui tends la main pour l'aider à se lever. Il ne l'accepte pas et se remet sur pied seul.

On repart lentement, et comme promis je le raccompagne chez lui. Il ne dit pas un mot de tout le long, mais je ne veux pas le brusquer. J'ai bien compris que c'est inutile, avec lui. Toutefois, juste avant de le quitter, je lui demande :

-Tu voudrais qu'on aille manger un truc, tous les deux, un des ces quatre ?

Il regarde par dessus son épaule, et s'assure que personne ne nous regarde. Il sursaute en voyant la porte s'ouvrir sur Victor, qui vient nous voir, un sourire curieux sur les lèvres.

-Salut les garçons ! Qu'est-ce que vous faites ?

-Hum...Ri...rien du tout. Il... il m'a juste...

-Alec ne s'est pas senti bien, tout à l'heure. Je pense qu'il a dû chopper une indigestion ou une connerie dans le genre. En tout cas, je ne voulais pas le laisser comme ça, alors je l'ai raccompagné, sauvai-je Alexander en souriant.

-Eh bien c'est très gentil de ta part. Je vais m'occuper d'Alec, maintenant.

Il termine sa phrase en regardant étrangement Alexander. Toutefois il ne me laisse pas le temps de comprendre ce que ça signifie et ramène Alec à lui. Il a vraiment l'air malade, le pauvre. J'espère qu'il s'en remettra. Avant de partir, j'interpelle les deux hommes. Tandis que j'aperçois une étrange lueur dans les yeux d'Alexander, Victor me demande ce qu'il y a, toujours avec son charmant sourire :

-Vous vous connaissez, tous les deux ?

-Oui ! Je suis son oncle.

J'acquiesce et repars, souhaitant un bon rétablissement à un Alexander qui ne me répond pas, guidé par son oncle. J'aime bien Alec, mais faudrait qu'il soit plus sympa, quand même...