Dès que j'arrive à la fac, je me presse de rejoindre notre première salle de cours. S'il arrive avant le début, autant être là aussi. Mais la salle se remplit de plus en plus. Les élèves arrivent, tous nonchalants, et enfin le prof. Je ne perds pas espoir pour autant et attends patiemment que la matinée se termine. Pourtant, aucun Alexander en vue. Toutefois, je m'acharne à me dire qu'il va débarquer dans la salle l'après midi. Toute la journée de cours, j'ai senti ma poitrine serrée, voulant me persuader qu'il viendrait. Qu'il franchirait le pas de la porte aujourd'hui. Même à la dernière seconde, j'ai pu entendre cette petite voix qui n'a fait que me répéter que tant que la dernière sonnerie n'avait pas retentit, il pourrait arriver. Et on pourrait discuter. Il serait là, et ensuite, on aurait tout le temps nécessaire pour discuter de sa situation. Mais au bout des six heures de cours, j'ai dû me rendre à l'évidence.
Déçu et inquiet à la fois, je sors de la salle, penaud. Mais je retourne subitement dans la salle, et demande au prof s'il a la moindre information concernant l'absence d'Alec.
-J'ai bien reçu un mail, oui.
-Et qu'est-ce qui lui arrive ?
Il hésite, mais face à mon regard inquiet, il finit par cracher le morceau, en soufflant.
-Je ne le crois pas vraiment, mais ses parents m'ont écrit. Apparemment, Alec a attrapé une grosse grippe. Mais il devrait déjà être revenu.
-Et vous êtes allés chez lui ?
-Non, pourquoi ?
Je déglutis mais ne réponds pas pour autant. Je ne veux pas le mettre au courant. Mais je me rappelle de ma propre expérience. Je repense à la leçon que j'en avais tiré : le mieux à faire dans ces cas là, c'est d'en parler à un adulte responsable. Je prends mon courage à deux mains, et ne retiens pas l'inquiétude dans le timbre de ma voix.
-Je...je crois qu'il se fait battre.
Il blêmit, mais ne semble pas surpris par ma révélation.
-Vous ne semblez pas surpris, monsieur. Vous étiez au courant ?
-Non. Je ne l'étais pas. Cependant, je regrette de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt. Tu as très bien fait de m'en faire part, Magnus. Et s'il se fait réellement maltraité, il sera plus prudent que je vienne avec toi. Toi et moi, nous allons nous rendre à son domicile, et nous l'aiderons.
Je n'ai pas les mots pour le remercier, et comme le serrer dans mes bras serait étrange, je hoche simplement la tête.
-Tu connais l'adresse ?
-Oui.
-Très bien.
Il ramasse ses dernières affaires en vitesse et on se met en route rapidement. On prend sa voiture, et je le guide dans les rues, heureusement, presque désertes. Ce qui nous permet d'arriver chez lui en un petit quart d'heure. Je me dépêche de sonner, suivi de très près par le prof. C'est un homme assez petit et avec une calvitie avancée qui vient nous ouvrir. Il nous scrute, un air sévère gravé sur son visage. Il nous méprise, ça crève les yeux. Mais ça ne déstabilise pas notre prof, qui lui demande le plus poliment possible.
-Bonsoir, nous sommes bien chez les Lightwood ?
C'est très méfiant qu'il nous répond que oui, puis nous demande ce qu'on veut. C'est alors moi qui prends la parole.
-Je suis un camarade de classe, et j'ai cru comprendre qu'Alec était malade. Alors j'aimerais le voir.
-Désolé, c'est impossible.
-Et pourquoi ça ?
Les deux adultes sont désormais très tendus, se défiant l'un l'autre du regard. Se connaitraient-ils ?
Je n'ai cependant pas le temps de poser ma question, car ils se mettent à s'engueuler à moitié. Des tas de non dits qui en disent énormément. Ça dure quelques longues minutes, et je n'écoute plus, trop pris dans mes propres pensées. Je me pose mes propres questions, qui restent sans réponse. Je m'imagine des tas de scénarios, du meilleur au pire en passant par le plus bizarre et le plus improbable. Finalement, c'est une main dans mon dos qui me pousse gentiment vers l'avant qui me ramène à la réalité. Le prof a fini par convaincre le père d'Alec, car c'est son père, de nous laisser entrer. Je ne fais pas attention à leur conversation qui reprend et m'empresse de monter les escaliers pour rejoindre sa chambre à l'étage. Il n'y a que quelques portes, et je les ouvre toutes. J'appelle Alec, mais n'obtiens aucune réponse. Je cherche un accès au grenier, et en trouve un. Je monte l'échelle et ouvre précautionneusement la trappe, mais ne le trouve pas non plus dans la minuscule pièce éclairée.
Je redescends alors au Rez de chaussée et les interrompt.
-Où est Alec ?
Monsieur Lightwood s'apprête à me répondre, un large sourire sadique sur les lèvres, mais mon prof m'empoigne et me traîne vers la sortie, ne me laissant pas le temps de comprendre. Mais au moment où est sur le point de franchir la porte, un nouvel homme rentre. C'est lui, je le reconnais. Alors pris dans un élan de rage, je me jette sur lui, lui hurlant dessus.
-Qu'est-ce que tu lui as fait, connard !!!!!!!!!?
-Ahahaha calme-toi, le jaune. J'ai rien fait à personne moi. À part des cafés. Je suis irréprochable.
J'entends Robert ricaner derrière nous, et le prof est obligé de me retenir pour que je ne saute pas sur l'oncle que je veux égorger à mains nues. J'ai beau me débattre, je suis malheureusement trop faible pour me défaire de son emprise. Il ne me relâche qu'une fois dans sa voiture, et démarre en vitesse.
En colère, je lui demande :
-Mais bordel c'est quoi votre problème !?
-Je te demande pardon ?
-On était chez lui. Et ces deux enfoirés étaient juste devant nous. Pourquoi vous ne m'avez pas laissé les trucider !? Et puis où est-ce qu'il est Alec ?!
-Bon, calme toi un peu, Magnus. Je vais tout te raconter...
Dix minutes plus tard. Des portes s'ouvrent violemment. Je viens de les pousser, trop pressé pour faire attention. Je cours dans ces couloirs dont l'odeur me donnent envie de gerber. J'arrive à l'endroit. Je suis suivi de près du prof. On demande tous les deux à l'infirmier. Il nous l'affirme, puis nous conduit vers une petite salle au fond d'un long couloir sordide. Au milieu, une couverture recouvre un corps. Cette fois, je m'approche à tous petits pas. Je ne veux pas que ce soit vrai. Pourtant mes jambes me forcent à avancer, ou peut-être mon insatiable envie de connaitre la vérité. Tout autour de moi n'est plus que bourdonnement incessant et assourdissant. Et finalement...je relève le drap. Il est là. Son corps sans vie. Je fonds en larmes, dans les bras du prof, n'osant pas regarder plus le corps sans vie d'Alexander Lightwood.
Hey ! Est-ce que vous voulez une suite ou que j'arrête là ? :-)

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L'ange oublié.
FanfictionAlec est solitaire. Il rencontre Magnus à la fac. Et de là s'en suit un nouveau tournant dans la vie des deux jeunes. C'est un malec, la plupart des personnages ont été inventés par Cassandra Clare. Bonne lecture :-) Attention, cette histoire contie...