Quitter l'Inde était moins facile que Shaka l'avait pensé. D'abord à cause des formalités pour retourner en Grèce (l'école pour les deux enfants, le déménagement...) mais aussi parce qu'en 6 ans, Isaak et Léo s'étaient faits beaucoup d'amis. Shaka et Ikki aussi. Bien sûr, il y avait les camarades de l'école du quartier, leurs parents, que les deux Chevaliers avaient apprit à connaître, mais aussi les voisins, les amis des voisins et leurs familles, les gens du marché où Shaka et les petits se rendaient tous les jours, et beaucoup, beaucoup de monde. En fait, on pouvait dire qu'ils étaient connus d'une bonne partie de la population de New Dehli.
Jamais Shaka n'aurait pensé avoir autant d'amis et de connaissances. Lui qui avait toujours été réservé et même misanthrope parfois. Mais Ikki l'avait encouragé à sortir et les petits ne pouvaient de toute façon pas rester dedans toute la journée. Il fallait qu'ils sortent, qu'ils s'entraînent, voient du monde, aillent à l'école. Et petit à petit, on rencontrait les parents des copains, on se disait bonjour, puis on discutait, on se liait d'amitié. Ça allait si vite. Et voilà qu'aujourd'hui, ils devaient dire au revoir à tout le monde.
Ils s'y étaient pris deux semaines à l'avance, pour faire le tour des quartiers et saluer une dernière fois ceux qu'ils connaissaient. Certains leurs avaient fait des cadeaux, d'autres leur avait fait promettre de revenir un jour, et il y avait même eue une fête de quartier pour leur départ. Avec les autres, Shaka et Ikki avaient dansé jusqu'au bout de la nuit ces chorégraphies qu'ils avaient apprises au fil des années pendant que les enfants jouaient. Bien sûr, le lendemain, tout le monde était trop fatigué pour bouger le petit doigt et ça avait été une journée tranquille, à dormir et se câliner dans le lit des parents.
"T'es sûr que tu dois partir ?" demanda un garçon qui était dans la classe de Newt avec de grands yeux implorants.
"Oui, je dois rentrer chez moi. Et puis, j'ai mon frère et ma soeur qui m'attendent." sourit le blond.
"Mais on ne va plus te voir..."
"Mais si, je reviendrais. Et puis, vous vous souvenez ? Le maître vous a dit que vous pourriez m'envoyer des mails depuis son ordinateur. Je pourrais vous répondre."
Les enfants pleuraient et se faisaient des câlins, y comprit pour Léo et ses petits camarades. Même leur maître d'école était venu.
"Je suis très fier de vous avoir eus tous les deux dans mes classes. Vous êtes tous les deux brillants et sages. Ne nous oubliez pas, d'accord ?" sourit l'adulte en ébouriffant les cheveux rebelles des deux enfants.
Newt et Léo promirent et regardèrent leurs parents qui saluaient les gens venus les voir pour un dernier au revoir.
"Merci pour tout ce que vous avez fait pour notre quartier, tous les 4. Sans vous, je ne sais pas ce que nous serions devenus." dit une vieille femme en habit coloré.
Shaka la serra contre lui. Il se souvenait de toutes les heures qu'ils avaient passées à réparer la clinique de quartier, l'école, (leur premier projet), des maisons qui s'étaient effondrées. Mais aussi à construire une boutique pour le maraîcher, pour le boucher, et tellement d'autres personnes. Et cette femme qui les avait à chaque fois invités à prendre une collation après leurs efforts, pour discuter un peu, qui avait gâtés les enfants comme ses propres petits-enfants. Qu'est-ce qu'elle allait lui manquer.
"Au revoir naanee." sourit Newt.
"Au revoir naanee." répéta Léo, les larmes aux yeux.
La vieille femme lâcha un 'ooh' attendrit et serra les deux apprentis contre elle.
"N'oubliez pas" leur chuchota-t-elle à l'oreille. "N'oubliez pas que vous êtes ici chez vous. Votre famille est là bas, très loin, mais vous avez aussi une famille ici."
"Tu veux pas venir avec nous naanee ? Papa et Otou-san disent que le Sanctuaire c'est génial !" essaya Léo.
"Non petit Lion. Je dois rester ici. C'est ma maison ici. Mais promettez moi une chose."
"Tout ce que tu veux." dit Newt.
"Je veux que quand je rejoindrais les Dieux, vous reveniez, vêtus de blanc, et que vous mettiez feu à mon bûcher avec mes enfants et mes petits enfants, d'accord ?"
"Mais naanee... Tu vas vivre encore longtemps, pas vrai ?"
"Au moins deux mille ans !" sourit la vieille femme en pinçant la joue de Léo. "Ne pleure pas petit Lion. Même si je ne suis plus ici, dans ce quartier, je serrais toujours là." dit-elle en pointant du doigt les poitrines maigres des deux garçons. "Et puis, je vous enverrais des colis pour que vous ne m'oubliez pas."
"Nous aussi naanee... Avec notre cosmos, on t'enverra plein de trucs de la Grèce et de tous les endroits où on ira. Tu pourras goûter des plats du monde entier sans bouger de chez toi, comme toi tu faisais pour nous..." pleura Léo.
Il ne voulait pas partir. Non, il ne le voulait pas. Parce que partir, ça voulait dire abandonner naanee, qui était si vieille et qui allait bientôt rejoindre les Dieux. Ça voulait dire abandonner les copains et les copines, les bons petits plats de Mme Girija qui leur amenait toujours quelque chose à manger quand ils travaillaient dur. C'était abandonner tout ce qu'il connaissait, ceux qu'il aimait.
"Hey Firebug, ça va aller ?" demanda Ikki au petit garçon qui pleurait toujours.
"Otou-san... Je veux pas partir..." sanglota Léo.
Ikki regarda son fils, désolé. Il le prit sur sa hanche et le serra contre lui.
"Tout va bien se passer Léo. On ne les abandonne pas. Je te promet qu'on reviendra ici pour toutes les fêtes, pour toutes les occasions. Et je suis sûr que en un coup de cosmos, tu pourras dire bonjour à naanee et lui apporter tout ce que tu veux. Tu pourras voir tes copains et revenir manger chez Mme Girija de temps en temps. Et puis, tu vas te faire plein d'autres copains."
"Je veux pas... je veux pas..." répétait Léo dans le giron de son père.
"On a pas le choix. Tu verras, Papi Shion et super sympa, comme naanee et il y aura plein de gens qui seront contents de te voir."
Mais Léo pleurait et il pleurait toujours quand la petite famille se téléporta au Sanctuaire. Toujours dans les bras d'Ikki, il vit le paysage défiler jusqu'au Palais du Grand Pope. Les enfants étaient à l'entraînement et Shaka voulait faire une surprise à Lyn et Roméo.
"Voilà un jeune homme bien triste." sourit Shion.
"Le mal du pays, Grand Pope." dit Shaka en regardant tristement son fils qui hoquetait toujours.
"Viens par là mon petit."
Une fois posé à terre, Léo obéit et s'assit sur les genoux du Grand Pope qui lui caressa les cheveux. Exactement comme naanee avait l'habitude de le faire, ce qui fit redoubler ses pleurs.
"Qu'est-ce qui te chagrine, Léo ?"
"Je voulais pas partir..."
"Mais pourquoi ? Tu n'aimes pas le Sanctuaire ?"
"Je connais pas cet endroit ! Et je connais personne, et naanee et tous mes copains sont pas là !"
"Je comprends. Mais tu vois, dans sa vie, un Chevalier est souvent appelé à vivre à plusieurs endroits différents. Tu sais, ton grand frère aussi a pleuré quand il a dut partir en Inde. Mais je lui ai dit que sa famille serait toujours là pour lui, même s'il était loin. Et c'est pareil pour toi. Même si tu es loin, je suis sûr que tu pourras les appeler, leur envoyer un mail, une lettre ou même retourner les voir. Et ils seront très contents de te voir, crois-moi." sourit Shion.
"C'est vrai ?" demanda Léo à travers ses larmes.
"J'en suis sûr. Et maintenant, ce dont je suis sûr, c'est que vous avez beaucoup de choses à faire et une nouvelle maison à découvrir avant que les apprentis ne vous tombent dessus. D'accord ?"
Léo acquiesça et sauta à terre pour rejoindre ses parents et son frère qui sortaient de la salle du trône. Avant de le perdre de vue, Shaka adressa un geste de remerciement au Grand Pope qui lui fit un clin d'oeil.
Encore une fois, papi Shion avait été utile.
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Mini Gold Saints
FanfictionShion a parlé : il est plus que temps pour nos Chevaliers fraîchement ressuscités de former la nouvelle génération. Oui, même toi Aiolia. Et quoi de mieux pour eux qu'une fournée d'orphelins tout juste arrivés au Sanctuaire ?