Camus n'en croyait pas ses yeux. Julien, son petit, timide Julien, s'était battu. A grands coups de cosmos s'il vous plaît.
"Vous vous rendez compte ?!" tempêtait le chevalier du Compas, "il aurait put les tuer !!"
"Julien ne maîtrise pas encore son Cercueil de Glace alors arrêtez de dramatiser. Ils ont juste eut la moitié du corps gelé." dit Camus d'un ton hautain.
"Ne jouez pas à ça avec moi, chevalier ! Vous êtes peut-être un Chevalier d'Or mais-"
"Mais quoi ?" demanda le Verseau d'une voix glaciale.
Le Chevalier du compas regarda Camus, effaré. Ces derniers temps, la rumeur courait que Camus s'était ramollis avec les deux petits dont il avait la charge. Mais pas du tout. C'était même pire qu'avant, quand les dis petits étaient en danger. Pas qu'un Bronze puisse leur poser problème, mais bon. Camus était quand même une vraie maman lionne. Et une maman lionne protège ses petits crocs et griffes sorties.
"R-Rien C-chevalier..."
"C'est bien ce que je pensais. Maintenant, nous devons y aller. Vous perturbez notre emplois du temps."
Le Compas regarda Camus, Lito et Julien partir, encore effrayé. Une fois qu'ils furent dans les arènes, Camus fit asseoir Lito dans les gradins et appliqua ses mains refroidie sur les bleus des deux garçons qui commençaient à fleurir.
"Que s'est-il passé ?"
"Ils... se sont moqués de mon accent, alors Lito a voulut les taper. Ensuite, ils ont dit que Lito était 'vraiment qu'une tapette' et qu'il avait 'pas de couilles'. J'ai pas comprit mais Lito était en colère alors je les ais tapés..."
"Pourquoi vous ne nous avez pas appelés ?" demanda doucement Camus.
"Ils disaient aussi du mal de Milo et toi... Mais Julien m'a empêché de les frapper et je me suis souvenu que Milo veut pas que je me batte... Je lui ai promit de ne plus de battre. Mais quand ils ont voulut utiliser leur cosmos contre Julien..."
Camus comprit. Heureusement qu'il était arrivé à temps en sentant le Cosmos de Julien, avec lequel il était toujours connecté pour le surveiller. Quand il avait vu Lito, ça lui avait rappelé les Bersekers les plus sauvages. Ses yeux déjà rouges, écarquillés, avaient une lueur inquiétante, meurtrière. L'ongle de son index droit s'était allongé, rouge et le doigt frémissait, impatient de transpercer l'ennemi qui osait s'en prendre à Julien.
Quand à Julien, lors de cette bagarre, il n'avait plus rien eut du Chevalier des Glaces. Son visage habituellement doux et plutôt sans émotion particulière était transfiguré par la rage alors qu'il lançait son cercueil de glace.
"Vous ne devez pas vous battre. Toi Julien, parce que tu es un Chevalier des Glaces. Les insultes doivent te passer au dessus. Même si c'est Lito qu'on insulte. Et toi Lito, parce que tu pourrais tuer quelqu'un avec les Aiguilles Écarlates. C'est bien comprit tous les deux ?"
Les deux amis hochèrent la tête et se levèrent pour aller s'entraîner avec Aiolos. Le Sagittaire leur faisait travailler des techniques de défense au corps à corps, assez simples et toujours utiles si on voulait s'en prendre à eux.
"Alors, il s'est décoincé ton p'tit glaçon ?" demanda Angelo en s'asseyant à côté de Camus avec Aphrodite.
"Julien n'est pas coincé, Angelo."
"Bien sûr que si, exactement comme toi avant. Et comme toi, il se dégèle."
"Un Chevalier des Glaces ne se dégèle pas."
"Mais c'est une bonne chose." continua le Cancer. "Parce que vivre loin des gens, des émotions, c'est bien, ça paraît génial. Mais ça ne dure qu'un temps. On est que des humains, Camus. Et les humains sont des animaux grégaires. T'auras beau jouer les ermites dans ton isba comme Shaka dans son temple, il y aura toujours quelqu'un pour venir vous réchauffer. Et crois-moi, quand on s'éloigne des sentiments trop longtemps, ils nous reviennent en pleine gueule, et plutôt violemment."
"Tu en sais quelque chose je crois, n'est-ce pas ?" sourit Camus en regardant ses deux petits se battre en riant sous l'œil attentif d'Aiolos.
Angelo haussa les épaules, un sourire mystérieux aux lèvres. Lui aussi, il avait tenté de se mettre à l'écart des émotions, des sentiments et des gens, par le crime et le sang. Mais voilà, aujourd'hui, il lui serait impossible de se remettre corps et âme dans la peau de l'assassin sanguinaire qu'il avait été. C'était tout bonnement impossible. Pas avec Aphrodite, Emma et Acke qui illuminaient sa vie tous les jours du levé au coucher du soleil. Pas avec tous ces gens qui comptaient sur lui.
Il n'était plus DeathMask, le guerrier impitoyable qui n'avait pas hésité une seconde à plonger la main dans le ventre de Shiryu du Dragon. Non. Maintenant, il était 'Papà', il était 'tonton crabe', il était tout simplement 'Angelo', celui que son maître avait essayé de détruire et qu'il s'était lui-même appliqué à repousser au plus profond de lui pendant des années, mais qui était revenu au grand galop à la première occasion, collant une sacré droite à DeathMask au passage.
Angelo sourit en pensant à cela. A cet instant, il était bien, sa main dans celle d'Aphrodite, son cosmos centré sur celui d'Emma et d'Acke qui dormaient paisiblement sous la surveillance exceptionnelle de Shun (Camus étant soudainement partit à la rescousse de Lito et Julien), la peau chauffée par le soleil de Grèce et les yeux fermés pour mieux ressentir son environnement.
Son temple ne ressemblait plus du tout à celui qu'il avait été lorsque les Chevaliers de Bronze étaient arrivés au Sanctuaire la première fois. C'était lumineux et chaleureux, avec des jouets que les enfants laissaient parfois trainer, des tapis et des couleurs. Les visages sur les murs avaient disparus, l'atmosphère pesante et l'odeur nauséabonde de cadavre aussi, grâce à des mois d'aération continue.
Il savait que le 11ème temple n'était plus le même, lui aussi. Il n'y faisait plus aussi froid, juste une petite fraîcheur agréable en ce mois d'Août, comme dans ces vieilles maisons en pierre calcaire qui gardent une certaine fraîcheur l'été et où on adore rentrer après une journée passée à transpirer sous le soleil du Sud. Et désormais, le temple du Verseau était aussi accueillant et chaleureux que ces vieilles maisons, construites par nos ancêtres et pleines de souvenirs. Certes, des souvenirs pas toujours joyeux, mais qui agrémentaient les soirées d'hiver dans l'isba où Camus racontait des histoires aux enfants (et à Milo) pour les endormir. Le temple du Verseau était désormais le quartier d'été de la petite famille Scorpion-Verseau, car le 8ème temple, d'une chaleur bienvenue en hiver et en automne, était juste intenable l'été venu. Alors tout ce petit monde montait de 3 temples pour profiter de la fraîcheur des murs qui persistait. Et à l'inverse, si on appréciait le froid pendant l'été comme on apprécie une glace à l'eau quand il fait 42° C à l'ombre, on aime beaucoup moins quand il fait 0°C dehors et -15°C dedans. Enfin, Milo et Lito appréciaient beaucoup moins que Camus et Julien, qui se faisait doucement à la fraîcheur de son signe.
"Moi je pense qu'on est bien comme ça." intervint Aphrodite, un sourire heureux aux lèvres.
"Qu'est-ce que tu veux dire ?"
"Comme ça, en tant que parents, amis, amants, frères et non plus orphelins, célibataires, machines de guerre et frères d'armes. Je préfère vraiment m'inquiéter pour Acke qui fait ses dents plutôt que pour une nouvelle guerre sainte qui arrive, et inversement, c'est beaucoup plus joyeux quand Emma arrête les couches que quand on gagne une bataille." expliqua le Poisson.
Angelo éclata de rire aux exemples donnés par son amant. Mais Camus acquiesça. Il se préférait vraiment en parent et professeur, ami et amant qu'en guerrier et espion.
C'était beaucoup mieux comme ça. Que les guerres soient finies pour 250 ans, que tout le monde ait été ressuscité, qu'ils soient devenus parents et qu'ils aient vraiment des frères et non plus de simples frères d'armes dont ils connaissaient à peine le nom et le visage. Parce qu'en temps de guerre, on ne devait pas s'attacher, parce qu'on ne savait jamais qui allait mourir. Mais maintenant, ils pouvaient s'attacher de tout leur saoul. Ils avaient des amis, une famille et d'autres obligations, d'autres priorités, d'autres combats.
C'est beaucoup mieux comme ça. Pourvu que ça le reste longtemps, pensa Camus. Vraiment le plus longtemps possible.

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Mini Gold Saints
FanfictionShion a parlé : il est plus que temps pour nos Chevaliers fraîchement ressuscités de former la nouvelle génération. Oui, même toi Aiolia. Et quoi de mieux pour eux qu'une fournée d'orphelins tout juste arrivés au Sanctuaire ?