Aquarius

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Camus s'inquiétait un peu pour Julien. 

Le petit garçon était timide, très réservé, mais déterminé. 

Le Verseau l'avait trouvé à Pau, dans une famille, certes riche et influente, mais totalement désintéressée de leur fils en faveur d'un frère aîné moins... différent.

Parce que Julien était albinos, il n'était pas aimé. Ses parents voulaient un héritier et sa mère s'était rendue compte trop tard de cette grossesse, de ce qu'elle lui avait dit. Impossible d'avorter, trop honte pour accoucher sous X, alors autant le garder. Mais l'albinisme du petit en faisait un être inférieur, mal aimé. Après tout, ils avaient déjà Charles, son aîné, alors pourquoi s'enticher d'un deuxième héritier, handicapé en plus, qui n'aurait que put faire de l'ombre à l'adolescent en attirant la pitié sur lui, avait dit la mère. 

Camus en avait frissonné d'horreur à ces propos. Comment une mère pouvait-elle dire ça ? De son enfant en plus.

Il avait été plus qu'urgent d'enlever Julien à cette famille.

De ce qu'il avait apprit pendant leur marche jusqu'au Sanctuaire, Julien avait été entièrement élevé par Anne, une nourrice qui l'aimait plus que sa propre mère et qui lui avait tout apprit. La lecture, l'écriture, le calcul et surtout, à quoi ressemblait le monde extérieur ainsi que l'amour d'une mère. Pour Julien, ce n'était pas Angélique de Villiers, sa mère. C'était Anne. Mais elle avait été renvoyée par ses parents deux mois plus tôt. Apparemment, comme Julien avait 7 ans, il pouvait vivre sans sa nourrice, avec la seule aide des domestiques. Alors, certes, les domestiques l'adoraient et étaient gentils avec lui, mais ce n'était pas Anne.

En partant avec Julien, Camus avait été interpellé par le majordome, un certain Grégoire, qui tenait une petite valise.

"N'oubliez pas votre valise, Monsieur Julien. J'ai mit vos affaires d'été ainsi que votre peluche et de la crème solaire. N'oubliez pas d'en mettre à chaque fois que vous sortez surtout."

Julien fit un câlin à l'homme qui laissa échapper des larmes et même un sanglot.

"N'oubliez surtout pas que nous vous aimons, d'accord ?"

"D'accord..." murmura Julien.

Puis Grégoire se leva de sa position accroupie et regarda Camus en lui tendant une main que le Verseau serra avec joie.

"S'il vous plaît, Monsieur, prenez soin de notre petit maître. Il est comme notre fils à tous."

"Ne vous inquiétez pas. Je serais désormais son père et son maître. Il n'aura pas de meilleurs soins qu'au Sanctuaire et sa famille lui sera dévouée."

"C'est bien. J'enverrais une lettre à Anne pour l'informer de cette grande nouvelle. Elle sera heureuse de savoir que Monsieur Julien a trouvée un père et une famille qui l'aimeront tendrement comme il est. Merci, du fond du cœur."

"Ce n'est rien. Je ne fais qu'aider Julien à accomplir sa destinée. Et croyez-moi, elle sera grande."

Grégoire hocha la tête et lâcha la main de Camus qui la posa sur l'épaule de Julien. Le petit albinos leva la tête pour le regarder.

"Dis au revoir à tes amis, Julien."

Julien obéit et fit de grands signes aux domestiques présents sur le parvis du manoir. La plupart pleuraient mais tous étaient heureux et rendirent son salut au petit garçon.

"Soyez heureux, Monsieur Julien." termina Grégoire en les voyant s'éloigner.

De son côté, Camus s'était téléporté avec son apprenti près du Sanctuaire et le petit fut surprit par le soleil ardent grec.

"Tu dois utiliser ton cosmos pour refroidir la température autour de toi et te protéger des UVs." expliqua Camus en faisant une démonstration.

Julien s'exécuta et fit pareil, s'enveloppant d'une fine couche de cosmos frais comme l'air de montagne.

"C'est bien. Maintenant, garde le toujours autour de toi quand tu sors et habitues-toi à beaucoup marcher."

Le petit garçon acquiesça et suivit Camus qui se rapprochait du Sanctuaire.

Après une longue marche et 12 escaliers, ils arrivèrent enfin devant le Grand Pope. Shion leur sourit et descendit même de son trône pour saluer Julien qui le regardait avec ses grands yeux violets.

"Bonjour. Je suis Shion, le Grand Pope. C'est moi qui dirige le Sanctuaire." dit le Pope en français.

"B-bonjour Monsieur..."

"Allons, tu peux m'appeler 'papi Shion' si tu veux. Après tout, ton maître est comme mon fils."

Julien regarda son maître pour savoir si oui, il pouvait appeler le Grand Pope 'papi'. Camus acquiesça. Après tout, Shion était comme un père pour eux tous.

"Alors vous allez vraiment être mon grand-père ?"

"Bien sûr ! Tiens, est-ce que ça te dis d'aller voir les jardins ? Je dois discuter avec ton maître."

Julien hocha la tête, sachant que parfois, on devait laisser les adultes discuter entre eux de problèmes de grands. Alors il prit sa petite valise et sortit de la salle du trône pour aller dans les jardins.

C'était beau et très bien entretenu, avec des haies de roses qui sentaient divinement bon et avaient des couleurs magnifiques.

Il finit par trouver un banc de pierre blanche et s'assit dessus après avoir prit un livre de sa valise. Heureusement, Grégoire avait pensé à mettre dedans le livre qu'il lisait en ce moment : l'intégrale de Narnia. Certes, le volume qui en regroupait plusieurs était énorme, plus large que la tête du garçon, mais Julien n'avait pas peur des gros livres. Et il adorait l'histoire de Narnia. 

Après un moment à s'être plongé dans sa lecture, Julien vit dans son champs de vision une silhouette se planter devant lui. En levant la tête, il vit que c'était un petit garçon, comme lui, mais avec les cheveux blonds plutôt longs et emmêlés ainsi qu'une paire d'yeux rouge sanglants. La couleur ne fit pas peur à Julien. Lui aussi avait des yeux inhabituels, alors il n'y avait aucune raison de paniquer parce que ce garçon avait les yeux rouges. 

Le garçon s'exclama quelque chose que Julien ne comprit pas. Était-ce une langue étrangère ? Son maître lui avait dit qu'au Sanctuaire, on parlait le grec, et qu'il devrait l'apprendre. C'était donc du grec, ça ?

"Geia !" dit encore une fois l'autre garçon.

S'il répétait autant ce mot, c'était que ça voulait dire quelque chose, non ? Julien se décida à essayer.

"G-Geia..." répéta-t-il tant bien que mal.

Le petit blond sourit de toutes ses dents et dit autre chose.

"To ónomá mou eínai Líto!" dit-il cette fois.

Et cette fois-ci, Julien ne put répéter. Mais le garçon simplifia pour lui.

"Lito !" s'exclama-t-il en montrant sa poitrine.

Ah, il s'appelle donc Lito, pensa Julien. Drôle de nom quand même...

"Julien..." se présenta le petit albinos.

"Ioulianós ?"

"Non, Julien."

"Ju-lien !" rit le blond.

Julien sourit et plus loin, Camus se dit qu'il n'avait peut-être pas tant de soucis à se faire pour son apprenti.


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