D comme danse

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Dire  qu'Aiolia se sentait gêné et humilié était un euphémisme. Un pu- putois. Oui, un putois d'euphémisme. Voilà, c'était ça qu'il voulait dire, bien sûr. Pas autre chose. 

Mais ça ne changeait pas au fait qu'il se sentait mal. Et ce genre de sentiment ne lui était jamais arrivé dans sa vie. Ja-mais.

"Oh, regardez, comme il est mignon quand il rougit !"

"Dis moi mon chou, tu as quel âge ?"

Le rougissement d'Aiolia s'accentua et les couguars gloussèrent. Oui, vous avez bien lut. Aiolia, le grand Aiolia, Chevalier d'Or du Lion, se faisait harceler par des couguars. Pas des fauves, hein. Ça aurait été trop facile, de se battre contre des fauves. Mais là, on parlait d'autres couguars.

Couguar, anglicisme : Femme mûre qui recherche et séduit des hommes beaucoup plus jeunes.

Et bien sûr, il fallait qu'Aiolia tombe sur ces couguars là. 

En fait, Aiolia n'était pas n'importe où. Il était au studio de danse de Rodorio, à regarder sa fille, sa nièce et ses neveux découvrir cet art complexe et sportif. Lito et Julien, un peu plus vieux mais tout aussi inexpérimentés que leur cousines, s'échauffaient avec elles, juste vêtus d'un tee-shirt blanc et de leggings noirs ainsi que de demi-pointes noires. Les filles, elles, portaient un justaucorps rose, des collants assortis et des demi-pointes de la même couleur. 

"Alors mon chou, laquelle est à toi ?" demanda une couguar un peu plus insistante que les autres.

Aiolia ne répondit pas, mortifié de gêne. Mais qu'est-ce qu'il avait fait aux Parques, par Athéna ! Et il était continuellement obligé de se décaler sur le banc pour éviter cette femme qui voulait se coller à lui !

De l'autre côté de la salle, Lyn, toute mignonne avec son chignon et sa tenue rose, lui fit un 'coucou' de la main. Il lui répondit avec un petit sourire crispé.

"Oh, c'est cette petite là, la votre. Elle est à croquer ! Aussi mignonne que son papa !"

Le Lion se fit tout petit. Bon sang. Si ses frères d'armes parvenaient à savoir ce qu'il se passait au cours de danse, ce serait la fin des haricots ! Finit son orgueil, il pourrait aller se cacher dans une grotte pour échapper aux railleries de ses camarades qui n'en finiraient pas. Heureusement, Shun prendrait soin de Lyn pour lui. Oui, Shun le ferait, comme le petit ange de bonté et de gentillesse qu'il était. Parce qu'il était hors de question que Milo ou Angelo, ces sociopathes, se mettent à élever SON petit bout. Ils en feraient une psychopathe, comme eux. Ou alors, pour bien emmer-... Embêter Aiolia, ils se mettraient à deux pour l'élever. Et le monde n'était pas encore prêt pour accueillir un gosse issu de ces deux là.

"A quoi tu penses, mon chou ?" susurra la couguar.

"Hem... C'est à dire que..."

Et à sa plus grande surprise (et sa plus grande horreur aussi, il faut le dire), la couguar passa un doigt sur sa joue avec un sourire séducteur. Aiolia crut faire un infarctus. Oui, rien que ça. Mais, mesdames, messieurs, ce n'est pas vous qui aviez une cinquantenaire presque sur vos genoux qui vous faisait de l'oeil, du pied, et même des seins (si, si, elle le faisait aussi, ça) alors que vous essayiez de ne pas hurler pour ne pas perturber les petits qui semblaient bien s'amuser, eux. Ils en avaient de la chance. Ils n'étaient pas assaillis par des couguars sauvages, eux. Ils ne se faisaient pas harceler sexuellement par des mamans en manque d'affection masculine, EUX.

Mais qu'est-ce qui lui avait prit d'offrir des cours de danse à sa fille, lui ? Hein ? Vous pouvez me le dire ?! Pourquoi on ne lui avait pas donné une bonne baffe qui lui aurait remit les idée en place quand il avait fait ça, hein ? Et surtout, pourquoi c'était LUI qui se devait d'accompagner les petits au cours de danse ?!!!

La prochaine fois, Milo irait. Après tout, Lito faisait de la danse, lui aussi. Ça lui ferait les pieds, tiens. Et peut-être que ça le ferait taire quand il apprendrait ce qu'il se passait à l'instant. 

En regardant par la fenêtre, Aiolia eut une vision d'horreur. 

Angelo.

Angelo était là. Et non, le parfum beaucoup trop fort des couguars ne le faisait pas halluciner. Il était bien là, à lui sourire d'un air sadique. 

Aiolia le supplia du regard, de toute la force de ses yeux bleus limpides. Mais le Cancer avait bien trop l'air de prendre son pied.

Il sourit encore plus quand une couguar sauvage décida de carrément se mettre sur les genoux d'Aiolia et lui fit un salut avant de disparaître. 

Je suis mort.


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