Seuls face au monde

Chapitre XI Expériences

            Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai reçus la fléchette, mais tout ce que je sais, c'est que je ne sais pas où je suis. J'émerge difficilement de cette anesthésie et me redresse comme je peux. Autour de moi je ne vois pas grand-chose, les murs et le sol sont en carrelage blanc, il n'y a pas de fenêtre, je suis installée sur un matelas posé à même le sol, menottée à un anneau fixé sur le mur. La salle où je suis doit faire dans les 15m², il y a à quelques mètres du matelas des toilettes et un lavabo. Le mur en face de moi est formé d'un grand miroir, j'en conclus assez rapidement qu'il s'agit d'une vitre sans-teint, et donc que je suis certainement observée à l'heure qu'il est. Quelques secondes à peine passent avant que je n'entende la porte de ma cellule être déverrouiller et qu'une personne que je ne connais que trop bien n'entre accompagné de deux autres personnes.

- Bien dormi ? Me demande le Renard.

- Qu'est-ce que tu me veux ?...

- Ne soit pas si pressée, nous avons tout notre temps pour discuter. Alors, comment te sens-tu ? Me demande-t-il, un rictus mauvais sur le visage.

- Comme si ça t'intéressait... en revanche moi j'aimerais bien savoir où je suis, depuis combien de temps, et surtout pourquoi.

- Tu te doutes que je ne peux pas répondre à tes questions, sinon ça ne serait pas amusant, sache juste que nous allons te garder ici quelques temps, et nous aviserons sur ton avenir à nos côtés au fur et à mesure. Si tu tentes de t'échapper tu risques de passer un sale quart d'heure, mais de toute façon tu n'iras pas bien loin avant qu'on ne t'intercepte pour te ramener ici.

- Ah oui ? Tu sembles oublier l'étendue de mes pouvoirs j'ai l'impression.

- Oh non je ne l'oublie pas, tu m'as d'ailleurs laissé un joli souvenir sur l'épaule, mais... Tien, et si on te détachait justement pour que tu essaie de t'échapper et te rende compte par toi-même que c'est impossible ?

Je ne comprends pas, c'est parfaitement stupide de me détacher, même si dans le fond il m'aurait été facile de geler les menottes pour les briser, mais me détacher consciemment est un acte particulièrement irréfléchi. Un des hommes accompagnant le Renard s'approche de moi avec une clé pour me détacher. Une fois libérée, je masse un peu mon poignet endoloris avant de me relever et m'approcher du Renard et de ses hommes.

- Super, maintenant laissez-moi passer. Je dis au Renard, toujours son sourire en coin ancré à son visage.

- Si tu veux passer, fait-moi bouger.

Je lève les yeux au ciel devant son obstination. Depuis notre première rencontre il n'a pas beaucoup grandi et je le dépasse toujours d'une demi-tête, il serait presque mignon s'il n'était pas si malveillant. Je me concentre alors pour faire apparaître un mur de glace entre moi et eux pour les pousser sur le côté mais quelque chose d'étrange se produit, ou plutôt non, au contraire, rien ne se passe. Je ne sens plus mon pouvoir. L'incompréhension se lit très certainement sur mon visage puisque le sourire du Renard s'agrandit au point même de pousser un léger rire narquois. Comprenant que je me suis fait avoir et que j'ai perdu mon pouvoir, je rentre dans une colère monstre et me prépare à décrocher un coup de poing dans la mâchoire du Renard, mais à peine ais-je esquissé un mouvement que je ressens une douleur fulgurante dans le ventre. L'un des hommes vient de me donner un puissant coup de genoux dans l'estomac et je me retrouve à genoux quelques mètres plus loin, un gout de sang dans la bouche, toussant pour retrouver mon souffle et les larmes aux yeux de douleur. Je vois le Renard s'accroupir en face de moi avant de m'attraper par les cheveux pour me forcer à redresser la tête et le regarder dans une position plus que méprisable.

- Eh oui... la dangereuse tigresse n'est plus qu'une simple souris de laboratoire... Nous allons te garder quelques temps pour faire quelques tests qui nous permettrons de développer le sérum parfait pour supprimer les pouvoirs... grâce à toi, nous allons pouvoir éliminer tous les élémentaires... un à un... Tes chers amis vont venir te chercher me dirais-tu... mais d'ici là le sérum sera prêt et ils courront à leur mort sans même le savoir... Je ne sais pas vraiment ce qu'on va faire de toi quand on aura fini les tests... je pourrais te tuer... te garder dans cette pièce à tout jamais et te laisser devenir folle... ou faire de toi un gentil petit chien qui m'obéira au doigt et à l'œil... il faut encore que je me décide... Enfin, d'ici là passe un bon séjour...