– Viens, on s'en va d'ici.
Ce sont les premiers mots que Louis lui adresse ce soir. Il les murmure à peine à son oreille, au milieu de tout ce bruit incessant. La musique, les conversations, les rires. Pourtant, Harry les ressent jusqu'au creux de son ventre. Ces milliers de papillons qui se déploient, butinent son estomac et prennent leur envol.
Libres.
Le regard d'Harry parcourt la pièce autour de lui. Le salon où ils se sont tous rassemblés plus tôt dans la soirée. Une vingtaine de personnes. C'est l'été, il fait chaud. Les fenêtres sont grandes ouvertes, l'air passe à peine. Surtout, il est irrespirable à côté de Louis. Le ciel immense gronde, l'orage arrive, on ne voit pas les nuages il fait trop noir, ça sent la pluie et la cigarette un peu aussi.
Harry a su, en voyant Louis franchir le seuil il y a quelques heures de cela, que cette soirée ne serait pas de tout repos. Et surtout, qu'il ne pourrait pas éternellement l'éviter. Il a vainement cru qu'en se cachant dans la cuisine, derrière les paquets entamés de chips et les bouteilles d'alcool, il allait pouvoir lui échapper.
Sa sœur est certainement la seule à blâmer. Il sait que c'est elle qui l'a invité. Après tout c'est son anniversaire, elle choisit qui elle veut y voir. Harry ne peut pas lui en vouloir. Pas ce soir. Mais, il sait qu'elle a quelque chose à voir avec sa présence ce soir.
Mais Louis est bien là. Il fume, il boit, il rit avec les autres qu'il ne connaît pas. Il a toujours été comme ça, vivant. Harry est un peu jaloux de sa lumière naturelle. De sa facilité à se fondre dans un décor. A rester lui-même. A prendre toute la place.
Louis est penché au-dessus de son épaule, Harry est encore assit dans le canapé. A côté de lui, une fille endormie, presque sur son épaule. Louis n'est pas là depuis longtemps, mais déjà son odeur embaume tout ses sens. Il ne l'a jamais oublié, mais à chaque fois ça le frappe de plein fouet. C'est le parfum que doit avoir le soleil, au-dessus de la plage, l'été.
– C'est l'anniversaire de Gemma.
– Justement, elle ne t'en voudra pas de t'amuser un peu.
Harry n'ose pas encore le regarder, mais il discerne parfaitement le sourire dans sa voix. Parce qu'il a déjà gagné, ils le savent tous les deux. Malgré tout, malgré la séparation, Louis a encore cette emprise sur lui. Une main ferme et chaude autour de son cœur.
– Regarde, elle est avec ses amis, elle rit, elle est heureuse. Tu ne veux pas vivre ça, toi aussi ?
– Et ce serait avec toi ?
– Qui d'autre ?
Louis se redresse, sa voix n'est plus qu'un murmure lointain qui tourne en boucle dans la tête d'Harry. Il s'éloigne et le laisse cogiter dans le canapé. Harry fixe son verre de bière, puis sa sœur qui rit aux éclats avec ses amis. Le grand sourire sur ses lèvres, les yeux qui brillent et le visage pétillant de bonheur.
Même s'il soupire, Harry se lève. Parce que Louis a raison. Parce qu'il l'a toujours suivi. Parce qu'il a toujours été son porte bonheur. Son évidence.
Il prend son portable qui charge dans un coin de la pièce. Louis l'attend dans l'entrée, son skate sous le bras et son briquet qu'il s'amuse à allumer et éteindre du pouce.
Quand Harry s'approche, c'est tout son visage qui s'illumine. Une étoile qui se met à briller. Et Harry se sent rougir sous ses yeux d'un bleu intense. Un bleu Louis.
Louis ouvre la porte, ils sortent de l'appartement. Dans le couloir, la musique semble s'éloigner. Ils descendent les marches, traversent le hall désert du bâtiment.