J'ai dormi trois heures. Trois lamentables heures et ma tête est prête à exploser.
L'insomnie a frappé. Encore une fois.
Je me frotte le visage avant d'étouffer un bâillement. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds : mon corps instable flotte dans un état second. Je prends sur moi, mais mes yeux ont tendance à vouloir à se fermer.
— T'es sûre de vouloir jouer à ça, Terence Johnson ?
Replaçant son bandeau à motif fleuri sur ses cheveux noirs, Olivia, l'amie de Keira, pointe son doigt menaçant vers le blond aux yeux bleus et au sourire arrogant. Quelques visages s'inclinent dans notre direction face aux piques que ces deux se lancent depuis une bonne demi heure, créant l'animation du jour dans le petit café du campus. Embarrassée d'être au centre de l'attention, je balaye la pièce du regard. Je jure que s'ils n'étaient pas aussi bruyants, je serais tombée dans un sommeil profond. Heureusement ou malheureusement, ils me maintiennent éveillée et je ne trouve même pas la force de fermer les paupières, trop accaparée malgré moi par l'envie de comprendre leur embrouille.
— Ils ne s'arrêtent jamais, me prévient Keira en sirotant son smoothie. Tu t'habitueras vite, tu verras.
Elle touille de sa paille et lève les yeux au ciel pour appuyer son agacement tandis que j'affiche un sourire, amusée. La rentrée officielle approche à grands pas et ces derniers jours n'ont été qu'une succession de visites du campus avec l'aide de ma colocataire. J'ai appris à m'ouvrir autant que je le pouvais et avoir une relation amicale ne m'avait jamais paru aussi simple et naturel depuis Abbie. Avec Keira, nous avons beaucoup de points communs, comme manger l'entièreté des frites avant d'entamer notre burger, ou encore raffoler des films à l'eau de rose rien que pour grimacer de dégoût tout le long. On déteste toutes les deux faire la vaisselle et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a mis en place un planning pour partager cette corvée. J'ai encore du mal à lui faire confiance, mais je ne peux pas nier que les nombreuses conversations qu'on a eues m'ont fait du bien.
Autrement dit, à part les quatre premiers jours de mon arrivée, je ne suis pas retombée dans mes travers. Keira a su me faire penser à autre chose en me faisant découvrir la ville et rencontrer ses amis. J'ai fait la connaissance d'Olivia, de Terence et de Chris hier, lorsqu'ils sont venus chez nous pour une soirée « salée aux papilles » – comme ils disent tous pour parler d'apéro chill. Entourée de chips, de biscuits et d'amuse-bouches gourmands, j'ai été adoptée par la bande de Keira Addison et, fière d'elle, elle n'a cessé de répéter qu'on devrait l'embaucher pour organiser des événements d'intégration.
J'ai discuté avec eux, résistant à l'envie pressante de m'enfermer dans ma chambre. Ils ne sont pas méchants, au contraire, une certaine douceur se dégage de cette bande. L'impression qu'ils prennent soin les uns des autres m'a sauté aux yeux à la minute même où je les ai vus enlacer Keira.
— Je te dis juste que tu aurais pu faire un effort vestimentaire. On ne porte pas un col roulé en plein cagnard à Los Angeles, explique Terence.
— Fallait me dire plus tôt que ton deuxième prénom était Kate Young, mais pour l'instant, je crois bien que tu t'appelles : gros enfoiré. Alors, mêle-toi de tes affaires !
Olivia le fusille du regard, mais je remarque aussi la teinte rose que prennent ses pommettes. Ces deux-là sont comme ça depuis que je les connais : taquinerie sur taquinerie, embrouille sur embrouille. Si j'ai d'abord pensé qu'ils étaient ennemis, j'ai vite compris que ce n'était qu'une façade. L'étincelle brille dans leurs iris à chaque pique et la flamme d'une passion dévorante les anime quand ils se permettent de se toucher intentionnellement.
— J'adore quand tu sors tes griffes, tu le sais, n'est-ce pas ?
— Mon poing dans ta gueule aussi, tu kiffes. Arrête ta jalousie maladive et ton obsession, tu ne mérites aucune de mes attentions.
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Remember Us [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
RomantizmSi les étoiles, ne peuvent briller sans la Lune, Si le cœur ne peut battre sans poumons, Si les fleurs ne peuvent vivre sans eau, May-Lee, elle, ne pouvait subir une seule de ses journées sans Kaiden. Enfin du moins, ça, c'était il y a quatre ans, a...