Nuit d'ivresse.

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Le regard ancré dans les pavés, divaguant entre la fumé des terrasses et le mélange de musique étouffé... Le regard qui divague et ta vie qui te dit merde au coin de la rue, ça fait longtemps que le barman t'avais pas vu. Tes éclats de rire se succèdent entre les sanglots, tu regardes les shots te demandant lequel t'as laissé ce goût amer dans la gorge au final tu demandes si c'est pas plutôt ta vie, s'enchaîne ensuite toute la nuit. La tête qui tourne, le visage pâle, les cernes creusées, tu tires une latte sur la clope que t'as refusé à un grand brun un peu plus tôt, il est un peu collant, pas très charmant mais pas méchant. Les verres s'enchaînent, le flou de tes pensées déprimés vient masquer la conversation du garçon. Dix bonnes minutes que tu fixes tes pompes, t'es plus dans le même bar, mais t'es toujours dans la même merde. La chaleur de l'alcool te réchauffe la gorge à défaut de réchauffer ton coeur froid depuis des mois. Une odeur de vieille absinthe dans l'air te rappelle que la seule absente ici c'est toi et ta vie d'artiste raté. La bohème ça te fait rêver mais t'as oublié qu'y'a que les artistes qui se nourrissent de baise, d'opium et d'absinthe. Toi tu collectionnes peine de coeur et douleur, tu remplis ton vide de vodka et te contente de tirer deux trois lattes de marijuana une fois tous les trois mois. T'es pas une artiste, t'as juste leur même air triste peint sur le visage, tient Baudelaire t'as refilé son spleen mais à cause de lui t'es même plus foutu d'écrire quatre lignes. La vision troublée, l'alcool ou les larmes, qui fait la différence après le dixièmes verres qui glisse le long de ta gorge comme une lame. La musique est forte, moins que la Krupnik qui commence à taper sévèrement dans ton crâne. Sortie du bar, tu commences à te noyer dans les allées embrumées, c'est tout ton monde qui commence à tanguer, tout part de travers, de dépendance en dépendance, tu traverses évitant les bagnoles, on dit que l'amour flirt avec la mort, L'alcool aussi flirt avec eux, plus fort. Quatre grammes dans le sang, le vent sur ton visage te ramène dans un état de semi-conscience déguisée, tu lèves la tête l'air hagard, les étoiles brillent presque autant que tes yeux défoncés par les lattes que t'as tirés. T'es loin de tout, tu flottes au dessus du sol, la terre a cessé de tourner, si ta tête pouvait faire de même tu lui en serais reconnaissante. Les planètes sont alignées, le vent froid dans la nuit animée glisse le long de ta peau frissonnante, le ciel est beau... Qui ose de l'alcool parler d'enfer lorsqu'au poid des souffrances est remplacé la légèreté de l'ivresse, tu te crois guérie ce soir, tu te souviendras de rien demain, tu recommenceras... Tu y penseras, et tu te briseras entre les verres... Ceci est ton ultime bouteille à la mer.

Débris de versOù les histoires vivent. Découvrez maintenant