Pourquoi on s'aime ?

Histoire 7: Parfum

Parfum

La bibliothèque. Lieu de calme, d'imagination, d'inspiration, de trouvailles, de pépites, de livres.

Depuis que j'y suis inscrit, cet endroit est pratiquement mon lieu de vie. Je passe mon temps à contempler les tranches usées de romans, à parcourir une multitude de résumés, en proie de la plus particulière des lectures. J'aire donc dans les rayons. Choisir un livre. Choisir le livre. Choisir ce que je vais dévorer, apprécier, imaginer. Choisir ce qui va me bouleverser, m'attendrir, m'enrager, me frapper, me déchirer, m'attrister. Me faire ressentir la plus belle des palettes d'émotions, de sentiments.

Cela fait maintenant trois semaines qu'un étrange phénomène se produit.

Un parfum me suit. Ou plutôt, je suis un parfum. Sans le vouloir.

Depuis trois semaines, dans chaque livre que j'emprunte, dans chaque page que je tourne, s'est imprégné une fragrance si délicate, si douce, si féminine que j'en perds le fil de mes lectures.

Depuis trois semaines, je cherche désespérément qui porte cette sublime essence. Qui a les mêmes goûts que moi en littérature. Qui déstabilise mon imaginaire.

Depuis trois semaines, je cherche, fouille, analyse, tout livre qui pourrait m'intéresser, me plaire, me séduire, et en inhale les fines pages imprimées, en capturant l'odeur si particulière, à chaque fois. A chaque fois, elle l'a lu avant moi.

Peut-être arriverai-je à rattraper ce parfum, cette personne, si je la devance ? Si je trouve le livre qui me correspond mais qu'elle n'a pas encore lu ? Si j'attends nuit et jour devant ce bouquin, en proie de cette demoiselle mystérieuse, ou sans doute, imaginaire ?

Aujourd'hui, j'ai enfin trouvé ce livre. Un livre qui me plairait, un livre parfait, au résumé enviable, à la couverture splendide, à l'épaisseur agréable.

Alors j'attends. Depuis maintenant deux heures. Non loin de cette étagère de littérature française. Non loin de la rangée des auteurs en H. Non loin du livre ne contenant toujours pas cette senteur. Non loin de ces pages que j'emprunterai ce soir.

A chaque femme passant dans le rayon, j'en examine de loin leurs manières, leurs parfums, parfois trop forts, parfois trop clairs, leurs mains frôlant les tranches esquintées des romans, en espérant découvrir celle qui touchera le bon.

Je sais que ce sera elle.

Maintenant quatre longues et interminables heures. J'attends. Lis un livre qui contient encore une fois cette émanation précieuse et raffinée. Elle m'a devancé sur celui-ci aussi.

Puis des talons claquettent sur le sol gris de la salle. Seul défaut à cette bibliothèque, le carrelage. Production de bruit. Déconcentration. Perturbation. Mécontentement.

C'est la troisième paire qui martèle mon esprit aujourd'hui.

Les pas se rapprochent rapidement de la rangée. Se rapprochent dangereusement de cette étagère. Se rapprochent inéluctablement de mon livre.

Cette femme, face aux auteurs E, F, G et H. Sa main se ballade de livres en livres. Elle lit plusieurs résumés, esquisse quelques sourires, des sourcils se haussent, des interrogations fusent dans son regard.

Puis, d'un mouvement léger, elle prend mon livre, mon auteur en H.

Mon regard la fixe depuis son arrivé, et je sais. Je sais que c'est elle.

Alors, je me lève, fais quelques pas, puis m'arrête à l'étagère voisine. Lettres I, J, K et L.

Je lance quelques regards pour voir ses expressions en lisant le résumé. Je sais. Je sais qu'elle va le prendre.

Et son parfum. Il embaume toute la rangée. Pénètre dans mes narines, déconnecte mon cerveau, désintègre mon être. Cette fragrance fleuri, mélangée aux fruits les plus exotiques. C'est elle.

Alors, timidement, je souffle :

- Vous aimez Hollier ?

FIN

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Bonjour!

Je ne sais pas trop quoi penser de cette nouvelle... Je ne suis pas convaincue de mon écriture, mais cette nouvelle suit quand même la trame de base que je m'étais imaginée. Peut être que je modifierai certains passages quand je ferai des relectures :)

Dites-moi en commentaire ce que vous en avez pensé !