Histoire 8: Chambre 319

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Chambre 319

J'emporte ma veste, mon portefeuille que je glisse dans la poche de mon pantalon et je sors de ma chambre, porte 316. Je fais quelques pas sur le tapis au motif rouge et noir de l'étage. Tout en réajustant ma veste, je regarde mes chaussures. Mes richelieus sont propres. Je viens de les cirer.

Puis, en relevant la tête, j'aperçois une femme sortir de sa chambre. Chambre 319. Ses longs cheveux bruns se balancent, rythmés par ses pas. Par sa marche. Sa démarche. Rapide, droite, sensuelle. Tout comme moi, elle se dirige vers l'ascenseur. Elle entre. J'entre. Elle est toujours dos à moi, face aux boutons. Elle appuie sur le 1. Ses doigts fins sont ornés d'un rouge coquelicot. Nous avons la même destination. Le bar de l'hôtel. La descente des deux étages donne une impression plus lente que la normale. Son parfum fleuri embaume l'espace. Mon poul s'accélère.

Ding.

Les portes s'ouvrent sur le bar-restaurant de l'hôtel. Nous sortons de ce cocon parfumé. Je marche lentement pour atteindre le comptoir. Elle, avance alors d'un pas affirmé, pour s'arrêter quelques mètres plus loin et faire la bise à un couple. Toujours dos à moi. Ses mouvements de mains flottent dans l'air à mesure de ses explications. Elle s'assoit à leur table, toujours en discutant. Des bribes de sa voix mélodique atteignent mes oreilles.

Alors, je commande une boisson, mon bourbon quotidien. En sirotant mon verre aux effluves alcoolisés, je l'observe. Elle passe sa jambe droite par-dessus sa jambe gauche. Jambes croisées. Elle balance lentement cette dernière et son talon aiguille noir glisse de son pied.

Raisonne alors en moi la fragrance de son rire. J'ai chaud.

Soudain, la demoiselle se lève, ré-embrasse le couple, puis se dirige vers l'ascenseur.

Sans réfléchir, je sors mon portefeuille en vitesse, pose quelques pièces sur le comptoir et en fait tomber malencontreusement sur le sol. Je les ramasse vivement et me retourne pour la suivre.

Personne. La fine silhouette à la robe écrue a disparu. Cependant, l'ascenseur indique la destination finale du passager. La flèche passe du 1 au 0. 0. RDC. Le rez-de-chaussée.

J'accours donc vers l'escalier que je dévale d'une vitesse impressionnante. Essoufflé, j'ouvre la porte finale qui m'offre une vue directe sur l'accueil. Alors je la vois quitter l'hôtel en ouvrant la porte vitrée. Naturellement, je la suis. Je ne sais pas vraiment ce que je fais. Je ne sais pas vraiment pourquoi je le fais. Je sais juste qu'il faut que je le fasse.

La voilà déambuler entre les passants. La légère brise envoûtante émanant de la jeune demoiselle reste sur son passage, ce qui me guide instantanément vers elle. J'esquive maladroitement les promeneurs, ce qui en fait râler certains. Nous arrivons sur une petite place bruyante, seulement composée au centre d'une grande fontaine.

Alors elle s'arrête. Devant cette fontaine. Au milieu de cette place. Au milieu de la foule. Toujours dos à moi. Sa silhouette se fige. Le vent ne laisse du mouvement qu'à sa robe écrue.

Alors je m'arrête. À quelques mètres derrière elle. Au milieu de la foule. Le vent soufflant dans ma chevelure brune.

Puis, soudain, d'un mouvement. D'un mouvement léger, ample, charnel. D'un mouvement lent. Elle se retourne, son corps basculant en ma direction et elle me regarde.

FIN

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Salut!!

Enfin la publication d'une nouvelle histoire! Ça faisait un moment :)

Dites-moi ce que vous en avez pensé!

Ocprime ♡

Pourquoi on s'aime ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant