Inari || Kimetsu no Yaiba

1 • Une jeune fille perdue dans la nuit...

« Hey ! »

Cette voix.

« Est-ce que tu peux m'entendre ? »

Non.

« Ne perds pas connaissance, reste avec moi ! »

Ce n'est pas la même.

« Messieurs les kakushi, faites vite ! »

Tout avait si bien commencé alors pourquoi... pourquoi cela se terminait ainsi ?

« Hey ! »

Je ne voulais rien d'autre que...

• • •

Ma tête. Elle me fait souffrir.

Ces satanés cauchemars.

Depuis le temps que je revoyais ces scènes je pensais m'y être habituée mais ce n'était visiblement pas le cas.

Du sang.

Ici.

Là.

Et même de ce côté.

Partout.

Il y en avait tellement que je ne savais pas où regarder.

Et ces cris.

Ces larmes.

Ces visages qui se déformaient sous la peur. Sous la terreur d'une mort qu'ils savaient certaine.

Ils l'avaient mérité.

Je le savais mais je ressentais tout de même de la pitié pour eux.

La vue de la mâchoire de ce monstre, à l'apparence humaine, qui se refermait sur son 'repas' m'était insupportable. Il avait planté ses crocs sur la chair de son presque semblable sans aucune retenue. Et, d'un mouvement rapide, il avait relevé sa tête, tenant entre ses lèvres quelque chose que je ne saurais définir.

De toute manière cela sera bientôt mon tour dans un instant.

Une fois qu'il en aura terminé avec lui, il viendra pour moi.

C'était certain.

Ou du moins c'est ce que j'avais cru...

• • •

— Inari-chan, tu m'écoutes ?

La voix de mon interlocutrice me fit revenir à moi. Le manque de sommeil se faisait ressentir et je n'arrivais pas à me concentrer sur ses mots.

— Oui, Kanroji-san, désolée.

— Tu faisais un cauchemar quand je t'ai réveillée, n'est-ce pas ?

— ...

— Reste ici si tu ne peux pas te battre, je m'occupe du reste.

Aux paroles de celle-ci je fermais les yeux un moment, une chose que je faisais lorsque je voulais reprendre mes esprits. Je n'avais ni le temps ni le moment pour être ainsi. Après tout, nous étions en pleine mission.

La dénommée Kanroji et moi-même nous trouvions actuellement à l'entrée d'un village au pied d'une montagne. Il était composé d'une cinquantaine de maison, ni plus ni moins. Et si nous étions là, c'était pour une bonne raison.

Depuis quelques temps des jeunes hommes et femmes ayant moins de la vingtaine disparaissaient dans ce village au moment dès que le soleil se couchait. Ces faits avaient été camouflés par de simples rumeurs, rumeurs qui étaient arrivé jusqu'à nous.

— Je peux me battre, la rassurais-je en rouvrant mes yeux.

Kanroji m'observa un instant, plongeant ses yeux verts dans les miens d'un violet pâle. Elle faisait sûrement cela pour déceler un quelconque mensonge. Lorsqu'elle était certaine que je pouvais mener à bien notre objectif, elle posa sa main sur mon épaule.

— Très bien, je compte sur toi. Je m'occupe de la partie ouest et toi est.

— Compris.

Nous passions ensuite l'entrée du village avant de nous séparer pour fouiller les environs. Je m'engouffrai dans la première allée à ma droite tandis qu'elle prenait celle de gauche.

Comme on pouvait se l'imaginer, à cette heure-ci les rues étaient vide de monde. Les villageois devaient sûrement se trouver à l'intérieur.

Et pourtant.

— Ah, mademoiselle ! Vous vous baladez en pleine nuit ? C'est assez dangereux par ici vous savez.

Le jeune homme qui se trouvait à quelques mètres de moi avait une silhouette élancée. Ses cheveux étaient courts, d'un noir corbeau. Même s'il faisait nuit les rayons de la lune me permettrait d'entrevoir le sourire qui se formait sur le visage de mon interlocuteur. C'était un beau jeune homme en somme. Le type de personne qui attire les regards. Sauf que...

Cette impression.

Oui, il n'y avait aucun doute... cet homme n'en était pas un.

Je posais doucement ma main droite sur le haut de mon sabre, prête à le dégainer. D'après la position de ma cible il ne pouvait pas voir ce qu'il se cachait sous mon haori – un vêtement de couleur bordeaux avec des motifs de vagues traditionnelles au niveau des manches.

— Voulez-vous que je vous raccompagne chez vous ?

Le monstre de la nuit déguisé en homme marcha en ma direction. Je refermais alors les yeux, prenant une grande respiration.

— Non, ne me dis pas que- ?!

Je courais soudainement en sa direction, ne le laissant pas le temps de fuir. Il fallait que je tranche sa gorge, le point faible des démons, ce que je fis.

La lame de mon sabre se connecta avec son cou et le trancha d'un geste bref. Sa tête tomba suivant ce même mouvement.

— Maudis sois-tu, humaine !

La colère avait laissé place à sa fausse bonne humeur. Il s'était mis à m'insulter mais cela ne durerait pas longtemps. Son corps était déjà en train de se désintégrer et bientôt sa tête allait suivre.

Je joignis mes deux mains, priant pour que son âme atteigne l'autre monde sans encombre. Il n'allait sûrement pas finir au paradis après avoir tué autant d'humains.

J'avais senti que son odeur était bien plus forte que les faibles démons que j'avais l'habitude de rencontrer, preuve qu'il avait dû en consommer un bon nombre. Mais pourtant, maintenant qu'il était libéré de ses mauvais actes, je voulais prier pour son âme. Il était aujourd'hui un démon mais avant cela, c'était un simple humain tout comme moi.

— Quel est ton nom, pourfendeuse de démon ? me demanda-t-il dans son dernier souffle, une fois calmé.

— Inari. Je m'appelle Inari Matsushime.