13 • L'ombre d'un souvenir

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Fumihiro. C'était le prénom de la personne qui m'avait été enlevé.

Ce jour maudit. La manière dont il a perdu la vie. Jamais, au grand jamais je ne pourrais oublier ces effroyables souvenirs.

Rien de tout cela n'avait de sens. Dans un monde sans irrégularité, il n'aurait jamais perdu la vie. Dans un monde meilleur, je serais toujours auprès de lui et non à me faufiler dans la nuit pour exterminee ces monstres nocturnes.

Si seulement j'avais été plus maligne, plus forte, plus intelligente, plus intéressé par le vrai monde. Alors sûrement. Sûrement, rien de tout cela ne se serait passé ainsi.

Mourir à cause d'un démon était - aussi horrible soit-elle - une chose, mais comment devait-on accepter la mort de quelqu'un lorsque c'était un semblable qui en était la cause ? Une personne à qui on faisait confiance ?

Aujourd'hui je le sais. Les humains ne sont pas tous des ennemis. Je le savais aussi à l'époque. Après tout, Rengoku Kyōjurō avait toujours été une bonne personne envers moi ou envers quiconque plus généralement.

Dans la foule qu'est l'humanité il y a des bonnes comme des mauvaises personnes. Tout comme chez les démons. Et je ne parle pas simplement de Nezuko.

Néanmoins, au fond, lorsqu'on est son propre médecin les médicaments qu'on se prescrit sont aussi efficaces qu'un mensonge. On se dit que tout ira bien parce que tout le monde le dit. On se dit qu'on doit agir comme quelqu'un de fort parce qu'on se doit de soutenir les personnes plus faibles. On se dit tellement de fausses paroles, que l'on oublie qu'une blessure jamais refermé ne peut cicatriser.

Cette vérité, je la ressentais en ce moment même.

« Cette personne est morte ». Ces mots étaient sortis si naturellement, pas une once de tristesse ou de regret ne les avaient suivis. Et pourtant, je pouvais sentir mon cœur se faire compresser. Une douleur inconnue se répandait de cet organe au reste de mon corps, le traversant jusqu'à ses extrémités.

Je souffrais. Mon corps criait la douleur que ma voix dissimulait. Elle était différente de ce que je ressentais après une nuit de cauchemar mais elle n'avait rien de plus enviable. Elle était tout aussi violente, impitoyable et injuste. Elle frappait encore et encore au même endroit sans ralentir, ne me laissant pas la possibilité de me défendre.

— Je suis désolée...

L'emprise de la main de Shinobu se referma sur la mienne. Je ne dis rien. Aucun mot ne voulait sortir. Aucun mot ne pouvait sortir. Je sentais que si ne serait-ce qu'un seul son s'échappait alors les larmes suivraient et ce n'était pas quelque chose que je voulais.

Non. Si je m'étais confiée ce n'était pas pour finir dans un tel état. Je n'aurais pas dû me retrouver dans un tel état. Parler du passé ne devrait pas autant me blesser.

Ferme les yeux. Inspire doucement. Expire de la même manière. Encore une fois. Bien. Rouvre tes paupières. Voilà. Tout va bien. Tout ira bien.

— Tu sais Inari, tu as le droit de te laisser aller de temps à autre. Tu n'as pas à toujours tout garder.

Se laisser aller. C'était pourtant en évitant cela que j'avais pu survivre ces journées sombres. Laisser les sentiments déborder n'apportait jamais rien de bon. Cette leçon, je l'avais apprise et comprise depuis bien longtemps.

— Tu le penses vraiment ? Je ne crois pas que ce soit la meilleure chose à faire dans mon cas.

— Les plaies ne se cicatrisent pas si tu ne les soigne pas. Et tu ne peux pas les soigner si tu les caches.

— Je vais bien, répondis-je dans la seconde. Chacun fais les choses à sa manière.

— Si tu allais bien tu ne ferais pas des cauchemars presque chaque nuit.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 03, 2020 ⏰

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Inari || Kimetsu no YaibaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant