CHAPITRE 1

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Royaume de Bavery

Suite royale de Carah

Trois semaines avant Noël

Carah

Irritée par toute la cacophonie qui règne dehors, j'enfouis la tête sous la couette. Une nouvelle fois, ma nuit a été des plus courtes. À peine ai-je fermé les yeux que nos fidèles casse-noisettes soufflaient déjà dans leur poche d'air. Poche d'air que je rêve toujours de leur faire avaler.

Jamais, je ne me ferai à tout cela. Jamais !

— Ce n'est pas Dieu possible ! braillé-je. Satanées cornemuses de malheur ! Je ne vous supporte plus !

Une nuit entière pour terminer un chapitre qui n'est même pas à la hauteur de la grande Carah Swan. J'ignore comment toute cette histoire va encore se terminer, mais elle est déjà très mal partie. Si je m'écoutais, j'enverrais toute une cargaison de highlanders envahir le château de mes personnages. Mon héroïne finira dans un asile psychiatrique, si elle continue à se faire marcher dessus par son prince intraitable.

Sans doute, ma désertion de notre chambre lui a laissé un goût amer en bouche, mais pianoter sur mon ordinateur toute la nuit lui était devenu insupportable. Entre mes devoirs envers la Couronne et ma maison d'édition, c'est d'une journée de quarante-huit heures dont j'ai besoin. Il fallait être complètement cinglé pour donner une suite à mon roman. Dire que je suis au bout du rouleau est un euphémisme.

Il est vrai que le premier volet de mon histoire a remporté un franc succès auprès de mes lecteurs, cela m'a permis de reprendre confiance et d'envisager un avenir plus serein dans l'écriture. Moi qui pensais mettre un terme à ma carrière, ce livre aura été salvateur.

Je descends légèrement la couette et tends l'oreille, soulagée que les sons stridents aient enfin cessé d'envahir Bavery. J'imagine ces pauvres animaux au cœur de la forêt, affolés par toute cette ribambelle de notes assourdissantes et criardes. Une loi pour abolir cette coutume serait la bienvenue. Je la respecte, mais elle devient agaçante, surtout lorsque nous manquons cruellement de sommeil.

On tape à la porte.

— Laissez-moi dormir !

Comme chaque matin, ma parole ne trouve aucune grâce aux yeux d'Alistair qui entre dans ma chambre, sans même s'y faire inviter.

— Votre Majesté, le petit-déjeuner est servi, annonce notre majordome. Ils n'attendent plus que vous.

— Combien de fois devrai-je vous répéter de m'appeler par mon prénom ?

— Le protocole...

— Vous savez parfaitement ce que je pense du protocole, Alistair.

Il lève les yeux au ciel et ouvre grands les rideaux, laissant filtrer la lumière aveuglante du soleil. Je croise les bras contre ma poitrine, refusant de sortir ne serait-ce qu'un petit orteil de mon lit. Ont-ils seulement conscience que mon cerveau fume encore de vocabulaire et de grammaire en tout genre ? J'ai la sensation qu'il a été littéralement dépouillé de ses mots.

— J'ai besoin de dormir, Alistair ! Sortez par la fenêtre ou bien par la porte, peu m'importe, mais par pitié, sortez !

— Dormir ? Mais cela est impossible. Votre agenda ne peut attendre.

Je grogne de mécontentement et repousse la couette avec nervosité. Voilà ce que donne le manque de sommeil, on devient coléreux à la moindre friction.

— Maintenant, je comprends ce que ressent la Reine des neiges, Elsa.

— Elsa ? fait-il, perplexe. De quel royaume vient cette mystérieuse créature ?

À JAMAIS 2 : L'indomptable CarahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant