Stop.

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Je sens des mouvements à côtés de moi. Je suis réveillé depuis quelques minutes. Il est au alentour de trois heures du matin. J'ai l'habitude de ne plus dormir la nuit. Je reste dans ce lit chaud et confortable. Harry est à côté de moi et dort. Je n'ose pas bouger, j'ai peur de le réveiller, mais je veux partir. Je veux rentrer chez moi et oublier cette soirée. Je ne peux pas dormir avec un inconnu comme ça et c'est pourquoi je veux rentrer.

Mais les mouvements à côté de moi sont de plus en plus brusques. Il est allongé sur le ventre et ses mains serrent l'oreiller sur lequel il dort.

J'essaye de ne pas m'en préoccuper. Je me dit simplement qu'il fait un rêve mouvementé. Je commence à me redresser et à un mettre un pied sur le sol.

- Arrête.. Stop..

Je me retourne. Harry vient de chuchoter ces mots. Je ne sais pas si il parle à moi ou bien si il parle dans son sommeille. Je ne vois pas son visage, il est de l'autre côté.

Je vois ses mains devenir banches tellement elles serrent l'oreiller fort. Je commence à avoir peur de lui. Il est fou, il a un problème et moi la seule chose que je fais est de le suivre et de dormir avec lui.

Je soupire et met l'autre pied sur le sol. J'essaye de me redresser, de me mettre debout.

- Non, je ne veux pas..

Je me retourne. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'était placé sur le dos. Je vois maintenant son visage. Son visage est cripsé. Il serre les dents et la mâchoire et je me demande ce qu'il a.

- Stop.. Stop ! STOP !

Il pousse des cris et se débat avec les draps. Et moi je reste comme un con à le regarder de debout avec les yeux écarquillés. Son cauchemar doit être puissant pour qu'il puisse autant le sentir.

Mais je commence à voir des larmes couler sur ses joues. Et je commence à avoir de la peine pour lui. Je ne peux pas le laisser comme ça. Il a l'air tellement impuissant face à son cauchemar.

Je monte sur le lit précipitamment quand il commence à gesticuler sévèrement. J'essaye d'attraper ses mains mais c'est impossible tellement elle partent dans tout les sens. Mais j'arrive à les maîtriser et il se débat encore plus.

- Harry calme toi !

Il gémit douloureusement. Pourtant je ne serre pas fort ses poignets.

- Ce n'est qu'un rêve, calme toi, dis-je calmement.

Je le sens se détendre face à mes mots. Il lâche prise et s'adosse sur son oreiller. Il dort toujours, il n'a pas ouvert les yeux. Il respire bruyamment pour se reprendre de son rêve. Je tiens encore ses deux poignets de part et d'autre de son corps. Alors, comme je constate qu'il a arrêté de cauchemarder, je lâche ses poignets.

Mais quand je recule de lui, il tourne sur lui même et m'attrape la taille avec l'aide de son bras.

Je me crispe. Je sens son bras serrer ma taille, tandis que moi je suis assis sur le lit, prés à partir. Je tourne délicatement ma tête, et le regarde. Il dort toujours en serrant ma taille. Et je me demande si il prend conscience de ce qu'il fait. Avec les reflets des lumières de la ville au loin, j'aperçois un visage ravagé de larme, mais un visage maintenant adouci. Je ne sais pas ce qu'il me prend de m'allonger à ses côtés. Probablement la peur de le réveiller et de voir son regard froid. Quand je suis entièrement allongé, il s'avance vers moi en dormant toujours. Et la seule chose que je peux faire est d'ouvrir grand les yeux. Il s'accroche à moi comme si il avait peur de tomber. Il niche sa tête dans mon cou, il resserre son étreinte autour de ma taille et place une jambe par dessus les miennes. Et moi je ne respire plus. Car je suis tourmenté de son geste. Je n'ose ni respirer ni bouger. Je déglutis et me racle la gorge mal à l'aise. La nuit, il est totalement différent. Je baisse mon visage et j'ai l'impression de voir un ados en dépression. Il a tellement un visage jeune malgrés sa barbe naissante au creux de son cou. Son souffle s'abat sur ma mâchoire et cela me fait frémir. Je ne vois pas la même personne que je vois au bar.

C'est une personne différente. Sa chaleur m'envahit, son odeur sentant la lessive aussi. Ses bras autour de moi me serrant me rappel tellement de bon souvenir. Avec ma mère, qui me serrait dans ses bras avant que je ne m'endors. Sentir cette affection me fait du bien, alors j'essaye de me détendre un maximum, même si je trouve cette situation étrange et anormal.

Je l'entend somnoler. Maintenant, je ne verrai plus Harry de la même façon. Même si faire des cauchemars arrive, s'accrocher à une personne que l'on ne connaît à peine, surtout à une pute, est louche et bizarre.

J'attend que les minutes passent, j'attend que les heures passent. J'entend la ville bouger. Du lit, je vois toute la ville que la grande baie vitrée laisse voir. On est haut. Les rideaux sont sur le côtés. Et la baie vitrée est longue. Elle prend toute la longueur de la chambre.

Une partie de moi veut savoir la vie d'Harry, mais une autre préfère se méfier et préfère ne pas s'engouffrer là-dedans.

Puis en quoi Harry s'intéresse de moi ? Je suis rien, je ne suis même pas comparable à une merde. Comment les gens peuvent payer pour m'avoir ? Et comment Harry peut avoir du temps pour moi ? Comment il peut me serrer dans ses bras ?

Je dois partir, je ne mérite rien de tout ça. Je ne mérite pas qu'une aussi belle créature me serre dans ses bras. Je ne mérite pas d'être adossé sur ce géant lit confortable. Je ne mérite pas d'être dans cette hôtel luxueux et riche. Je ne mérite même pas le bonjour du majordome qui m'a dit "bonsoir" en entrant dans l'hôtel. Je ne mérite rien de tout ça.

Mon père avait raison. Je suis un rien qui n'est pas comparable à une merde. Tout ça pourquoi ? Parce que je lui avait annoncé que j'étais amoureux d'un garçon à l'âge de seize ans. Et mes parents m'ont renié, m'ont jetté de la maison. J'étais seul, je n'avais plus rien.

Je commence à angoisser en me mémorisant ces souvenirs. Et de sentir un être humain se coller à moi ne me rassure pas. Surtout parce qu'il s'agit d'un garçon beau, jeune et riche.

Je respire calmement pour ne pas pleurer. Je suis nostalgique et par moment je pleure en pensant à ma vie de merde. Je ferme les yeux et essaye de m'appaiser au mieux.

Puis, au plus la chaleur de cette inconnue au yeux verts s'intègre en moi, au plus je sens la fatigue m'emporter.

-

J'ouvre les yeux. Et la première chose que je remarque est le froid à côté de moi. Le lit est vide. Le soleil s'infiltre dans toute la chambre. Je regarde autour de moi, et il n'y a aucune présence, pas de Harry. Je m'y attendais un peu. L'auto-réveille indique midi passé. J'ai dormi longtemps et c'est rare. Une couleur verte m'interpelle au coin de l'oeil. Et à la place à côté de moi que contient le lit vide, il y a des une masse de billet vert et une feuille blanche.

Je prend d'abbord la feuille blanche.

" Il y a 500 livres pour tes besoins. Tu es beau quand tu dors, à ce soir."

Ma mâchoire se décroche et mes yeux sortent de mon visage tellement je suis sous le choque. Je ne sais pas si c'est le nombre de sous,son compliment ou son "à ce soir" qui me chamboule. Mais le nombre de sous que Harry vient de m'offrir est presque le prix de mon loyer. J'en ai les larmes aux yeux. Les sous que j'ai reçu en deux ans rassemblent preque cette somme. Je voudrais tellement le remercier.

Obsession.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant