XII. Noctambules (Part. 1)

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Cela faisait une bonne demi heure maintenant que Runi et moi cherchions une quelconque cohérence entre la cave et le fragment mais rien n'y faisait, rien ne correspondait.

J'étais entrain de perdre espoir quand Runi m'interpella.

— Eh Phoebe ! Dis, j'ai pensé à un truc.
— Qu'il n'y a finalement aucun rapport entre ce fragment et cette foutue construction ?

Il laissa s'échapper un rire, puis repris un air sérieux.

— Non, du tout. Et si, tout compte fait, ce truc serait en rapport avec autre chose ? Genre il est posé ici mais n'a aucun lien avec tout ça !
— Tu délire complètement Runi. Tu crois vraiment que ce fragment à un lien avec quelque chose ? Ça se trouve c'est juste un... je sais pas ! Un morceau de poterie !
— Mais non ! Ne dis pas n'importe quoi. Regarde-le bien. Il y a des types d'inscriptions là-dessus.

Runi poussa un soupire avant de finir sa phrase.

— Et je crois avoir vu les mêmes symboles sur le cercle, à l'entrée du jardin.

Je n'y avais même pas pensé. Ou alors je n'avais pas fait le rapprochement entre les deux.

— Alors qu'est-ce qu'on attend pour aller y jeter un œil ?
— Mh... Il ne faut pas que la vieille nous voit.

Il ne changerait jamais, même maintenant qu'il connaissait son prénom, il continuait à l'appeler par cet adjectif débile.

— On a qu'à y aller ce soir ?
— Impossible, elle veut qu'on parte demain à la recherche de l'ermite ...
— Mais Phoebe, demain, ce n'est pas la nuit...
— M'ouais... mais...

Runi me coupa la parole et mit son index sur ma bouche.

— Chut, il n'y a pas de mais, écoute moi un peu. Ce soir, quand elle pensera qu'on dort à poings fermés, on ira voir ce cercle. D'accord ?

Je hochais la tête, pas moins frustrée de ne pas avoir eu d'autre choix que d'accepter.

Ça faisait maintenant une bonne heure que nous étions couchés. Amrita était déjà passée nous voir et s'assurer que nous dormions bien. Il était temps pour nous de commencer cette exploration.

Mon regard se tourna vers Runi qui dormait à poings fermés. Il fallait que je trouve un moyen de le réveiller sans faire un seul bruit ou notre plan serait compromis.

Pour une fois, je me trouvais heureuse de partager le même lit que lui. Si j'avais dû marcher sur ce vieux parquet flottant, j'aurais à coup sûr alerté la vieille femme.

Je tentais le réveil léger, par des chatouilles. Le cou, les bras, le ventre, les pieds, rien. Il ne réagissait pas. Je le poussais alors, histoire de le secouer, et là quelques grognements se firent entendre.

— Mhh... Arrête bordel, je ne suis pas une peluche !
— Chut ! Tais-toi ! Tu vas la faire venir !
— Hein ? Ah ! Oui ! Désolé. Pourquoi tu ne m'as pas empêché de dormir ?
— Parce qu'on devait juste faire semblant ?
— Mh. Bon, t'attends quoi pour te lever ?

Mes yeux roulèrent dans la direction opposée à lui, puis je sortis du lit, habillée et prête pour l'aventure.

— C'est bon, j'ai rien dit. Maintenant, si tu voudrais bien ... te tourner ? Pour que je puisse faire de même ?

Je m'exécutais et fermais les yeux, au cas où.

— Tu me diras quand tu auras fini, Runi. Je ne veux pas poireauter ici toute la nuit.

Après quelques minutes qui me paraissaient très longues, il m'interpella.

— J'ai fini, tu peux te retourner. On y va ?
— ... Tu penses qu'on peut passer par la fenêtre ?

Je regardais par la dite fenêtre pendant quelques instants avant de poursuivre.

— Il y a de l'herbe parterre, ça atténuera notre chute.

Runi m'imita et pencha sa tête par la fenêtre.

— Ouais. C'est bon, j'pense que c'est faisable. Mais on a un problème...
— Un problème ? Lequel ?
— Bah, c'est bien beau de descendre mais, une fois descendus, on remonte comment ?
— On trouvera bien un moyen de remonter sur le moment. Et puis, j'ai vu une corde dans le jardin, on aura qu'a s'en servir.
— Moui, bon, allons-y.

Sur ces mots, Runi ouvrit la fenêtre et posa un pied sur le rebord.

— On se revoit en bas !

Il me fit signe de la main et sauta dans le vide.

Je me précipitais vers la fenêtre pour voir s'il n'avait pas manqué son atterrissage et, non, une fois proche du sol, Runi se mit en boule pour finir sa chute par une roulade. Il se releva et me lança un sourire béant.

C'était à mon tour maintenant. J'avais juste à sauter, puis rouler, et tout irait bien. Mais le vide commençait à me donner le tournis. Runi commençait à s'impatienter, ça se voyait dans son regard. Son sourire avait disparu.

Alors je pris ma décision et sautai dans le vide en plaquant mes mains sur ma bouche. Il ne fallait pas que la peur l'emporte et que je pousse un cri. Non. Un seul cri, un seul tout petit bruit compromettrai notre plan.

C'est seulement en arrivant, les deux pieds à terre, que je me rendis compte de mon action. J'étais dans l'herbe, saine et surtout sauve.

Runi me sourit et je mimais après-coup une révérence. Des rires s'échappèrent et nous reprîmes notre sérieux de suite.

— On commence par où ?
— Bah ! On va chercher le fragment ?

Runi avait répondu à ma question comme on répond à l'emblématique, que font deux plus deux ? Question simple, réponse directe.

Une fois le fragment en main, Runi et moi nous dirigions vers le l'objet de notre aventure nocturne.
Et quelle en fut la surprise quand nous découvrions tout un essaim d'insectes phosphorescents. Une multitude de lucioles tournoyaient en un ballet tout autour du cercle. Quelques unes se posèrent au sol et Runi porta son regard dans leur direction. Il s'avança un peu, à pas de loup pour ne pas les effrayer et, même à une dizaine de centimètres du groupe, aucune ne s'envolèrent. Il porta un regard plus attentif à la pierre sur laquelle elles étaient posées et à ce moment, les insectes s'enfuirent.

— Phoebe, viens voir !

Son interpellation me coupa de mes rêveries, j'avais été comme envoûtée face à ce spectacle de la nature.

— J'arrive, j'arrive.
— Regarde cette pierre, je pense qu'on peut l'ôter, elle n'a pas de mousse, c'est bizarre.
— T'es sûr de toi ? J'ai peur qu'il y ai une multitude de vermine là dessous.
— Mais oui ! Fais pas ta froussarde ! Et même s'il y en a, ils vont pas te sauter au visage !

Je m'écartais d'un pas qui se voulait sécurisant tout en l'observant faire.
Il souleva la pierre et découvrit une dalle dissimulée, accompagnée d'un petit cadran.

— Phoebe, regarde ça ! Il y a une sorte d'emplacement pour quelque chose de rond... rond comme...
— Comme notre fragment !

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Hello !

Encore un chapitre en deux parties, oui oui.
En effet, après un rapide sondage, j'en ai convenu qu'il était plus agréable pour vous de lire des petits chapitres de 5/6 pages plutôt que de 10 à 16 pages. De ce fait, j'essayerai de faire sortir les prochains chapitres plus fréquemment qu'auparavant puisque j'aurai toujours une partie d'avance !

Dites-moi en commentaire ce qui vous a plut, ou non ! Et je vous dis à bientôt pour la suite du chapitre 12 !

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant