VII. Disparition

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C'est sous une douce lumière réchauffant peu à peu sa peau blanchie que le jeune homme se réveilla.
Il ne se rendit pas de suite compte de l'absence de sa nouvelle rencontre, mais lorsqu'il posa sa main sur le lit de feuillage qu'ils avaient auparavant installé, son sang ne fit qu'un tour.

Le jeune brun se leva d'un bond, affolé par la disparition de son amie. Il sortit de leur couchage en vitesse et balaya l'horizon du regard à sa recherche.
Runi se tenta à l'appeler et cria son prénom d'innombrable fois.
Phœbe avait disparu.
Phœbe avait disparu, c'était sûr, mais il se dit qu'elle pouvait simplement être partie en cueillette ou en reconnaissance, rien d'inquiétant et il décida d'attendre quelques minutes, voulant se rassurer et ne pas s'inquiéter pour un rien.

Pourtant, le temps passait et un mauvais pressentiment gagnait peu à peu son esprit.

Une seule question tournait dans sa tête depuis une trentaine de minutes qui lui semblaient être interminables. Où pouvait-elle être ?

Il osa espérer qu'elle ne s'était pas simplement enfuie, le délaissant comme un vulgaire animal rencontré.

Runi se leva et commença à inspecter les alentours, à la recherche d'un quelconque indice dissimulé dans cette forêt. Le sol couvert de mousse ne voulait rien dévoiler au jeune homme, ni même les arbustes présents autour de lui.

Il s'apprêta à continuer son chemin quand il remarqua un tissu sur une branche. Il ramassa le bout d'étoffe azurée et essaya de se souvenir s'il avait déjà vu un tissu pareil. Il reconnu le morceau féminin et se rappela de l'ensemble bleuâtre de cette jeune fille. Ce devait forcément lui appartenir.

Si ce morceau de vêtement était sur cette branche, ce ne pouvait être qu'une chose : Phœbe était passée par ici, et Runi devait se diriger dans cette direction d'après ces éléments.

Il continua alors son chemin avec l'infime espoir de la retrouver, tout en se posant une multitude de questions.
La retrouvera-t-il un jour ? Sera-t-elle en vie ?

Maintenant parti depuis une dizaine de minutes, Runi décida de s'arrêter.
Il était à présent dans une clairière, entouré de nombreuses sortes de conifère, il ne savait plus par où continuer. Tous ces arbres commençaient à se ressembler et il ne reconnaissait plus le chemin qu'il avait auparavant emprunté.

Le jeune homme s'asseyait sur une pierre en attendant de reprendre son souffle et ainsi retrouver son sens d'orientation.
Pour lui, les arbres étaient tous les mêmes : ils ne donnaient aucun fruit et étaient tous recouverts d'un épais feuillage. Il ne voyait que des troncs recouverts d'une large palette de feuilles aux différentes couleurs, de branches s'entremêlant dans le ciel.

Le regard de Runi fut tout à coup attiré par une étrange lueur au loin. Il plissa les yeux, voulant être certain de ce qu'il voyait, mais elle était toujours là, virevoltant entre les arbres, rapide pour sa minuscule corpulence.

Le jeune brun se demandait d'où elle pouvait venir. Il n'avait pas le souvenir d'avoir vu un tel être et ce dernier attisait de plus en plus sa curiosité. Était-ce une sorte d'insecte ? Un être robotisé ? Ou même une fée ou un quelconque être surnaturel ?

Runi secoua vivement la tête pour tenter de remettre ses idées en place. Non, ce ne pouvait pas être une fée, un esprit ou n'importe quel autre spécimen du genre. Ils ne sont pas réels, il en était sûr.

Mais alors, quel genre de créature était-ce ?

L'être de lumière s'arrêta soudainement quand Runi voulu se lever, sûrement apeuré par un homme de sa taille. Il ne faisait pas partie des plus grands mais face à lui, la luciole ne faisait pas le poids.

Le jeune homme ralentissait ses mouvements pour ne pas plus encore l'effrayer. Il s'avança lentement jusqu'à être à un mètre de la créature.
Cette courte distance lui permettait de distinguer un peu mieux cette petite lueur. Runi la scruta sous tous les angles.

Elle était petite, devait faire cinq centimètres, pas plus. Ses grands yeux étaient d'un vert éclatant, presque envoûtants. Mais leur couleur rendait tout le reste très homogène : sa peau bleuie faisait penser aux astres qui flottaient dans le ciel ; quant à ses cheveux, ils semblaient être encore plus légers qu'une plume, bleus eux aussi. En revanche, la créature possédait des ailes, et ce, deux fois plus grande que sa propre taille. Elles étaient translucides et émettaient une lueur étrange. Elles brillaient de mille feux, comme si elles étaient en verre, aussi fragiles et délicates.
C'étaient donc ces ailes qui la faisaient sembler à une lueur toute entière.

Runi crut rêver. Il ne pensait pas que de tels êtres pouvaient exister. Il restait là, droit, et ne pouvait dévier son regard de la créature. Elle était magnifique et quasiment parfaite. Rien ne semblait rompre l'homogénéité de sa beauté. Ni tache, ni cicatrice n'apparaissaient sur sa peau, sa peau qui s'apparentait à un léger voile semblable au satin. Un satin azuré et légèrement brillant.

Il cessa de rêver, secouant sa tête après cette extraordinaire découverte. Il n'aurait jamais cru vivre un tel instant, et faire une telle rencontre.
Celle-ci, maintenant moins apeurée par le jeune homme, se dirigeât vers un passage que formaient deux troncs d'arbre. L'espace entre ces derniers était suffisant pour que Runi puisse la suivre et c'est ce qu'il fit.

Il ne savait pas pour quelle raison, il avait décidé de la suivre. Ni même si cette créature était bienveillante et inoffensive, mais son intuition lui ordonnait de ne pas s'inquiéter.

Le trajet commençait à être un peu long. Cela devait faire une trentaine de minutes que Runi suivait l'être de lumière.
La cadence, auparavant rapide, ralentissait légèrement et le garçon pu se concentrer sur les alentours, mais surtout sur sa respiration haletante depuis quelques mètres.

Il remarqua que la nuit était moins pesante, que le feuillage des arbres était moins dense et que l'air était plus humide. Une légère brise soufflait, faisant danser les branches. L'air, bien que chaud, était apprécié par le jeune brun, en fin de course.
À son grand bonheur, la créature s'arrêta, tournoyant entre quelques arbres et disparue.

Il était auprès d'un lac, d'où l'air humide qu'il ressentait. De nombreux arbres de toutes sortes encerclaient le lieu, le rendant comme privilégié et secret. Runi marchait lentement sur la mousse légère qui tapissait le sol, il découvrait les lieux, ébloui par le paysage féerique qui s'offrait à lui.

Il remarqua au loin une lueur, semblable à celle qui l'avait guidé ici... puis une seconde. Et c'est en quelque temps que l'air se remplît d'une vingtaine de créatures de la même espèce. Et c'est en quelque temps que l'air se remplît d'une vingtaine de créatures de la même espèce.
Les lucioles faisaient abstraction de sa présence, sûrement rassurées, alors Runi fit le tour du point d'eau, il ne devait pas oublier la raison de sa venue.

Après plusieurs tours, plusieurs inspections, il comprit que Phœbe ne pouvait être ici et se décida à partir, non sans regretter de ne surement jamais pouvoir retrouver cet endroit si féerique.

Il marcha quelques minutes, scrutant chaque arbre, chaque cavité qui pourrait abriter la jeune fille. Il se forçait à ne pas désespérer : il allait la retrouver, elle devait être en sécurité. Mais quelques idées noires restaient dans son esprit. Elles empoisonnaient ses pensées et Runi sentit ses yeux devenir humide.
Non. Il ne pouvait pas être faible au point de se laisser envahir par ses doutes. Il la retrouverait, il en était certain.

C'est alors qu'en continuant son chemin, se remettant de son ennui, il aperçut contre le sol, une étrange couleur. Jamais il n'avait vu sur sa route, une couleur pareille. En temps normal, le vert ou le brun était courant. Mais là, il semblait y avoir un amas de couleur miel.

Runi crut sur le coup qu'il ne s'agissait que de fleurs tapissant le sol terreux mais en s'approchant, il découvrit que ce qu'il pensait être des fleurs, étaient en réalité des cheveux.
Son cœur commençait à s'emballer et plus il se rapprochait de cette chevelure et plus sa vision s'éclaircissait.

Maintenant à deux ou trois mètres de l'objet tant espéré, le jeune brun découvrit son amie, étendue sur un parterre de mousse, endormie contre un arbre, sereine malgré sa peau tachée de terre et de poussière.

Phoebe était saine. Il l'avait enfin retrouvée.
Des larmes de joie commencèrent à mouiller les joues du jeune homme. Tous ces tourments s'envolèrent maintenant que son unique amie était devant ses yeux, sereine et paisible.

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Hey!

Un nouveau chapitre de publié, avec certes beaucoup de retard, mais j'en suis assez fière. Vous trouverez peut-être que c'est un chapitre original par rapport aux autres, mais j'essaye de nouveaux procédés.

Réjouissez-vous! On apprend quelques choses quant au caractère de Runi puisque cette fois-ci, le récit est conté par son point de vue. Dites-moi ce dont vous en pensez! Suivant les avis, j'opterai, ou non, pour de nouveaux chapitres dans ce genre-ci.

Passez une bonne journée, une bonne soirée, ou une bonne nuit suivant le moment où vous me lirez ehe, des bisous!

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant