XIII. Purgatoire (Part. 1)

15 1 1
                                    

Elle voulait nous parler urgemment. Merde, elle avait tout comprit, c'était sûr.

Runi se réveillait petit à petit pendant que j'étais encore cachée sous la couette.

— Merde Phoebe ! Tu fous quoi sous la couette ?!
— E-Euh, désolée... Juste, elle a ouvert la fenêtre en grand et ... j'ai eu froid ...
— C'est pas une excuse valable ! J'suis à moitié nu !
— Oui, mais ...
— Y'a pas de mais ! On avait dit, aucun contact, aucun rapprochement, tant qu'on dort ensemble dans le même lit.

Je poussais un long soupire en entendant la fin de sa phrase.

— Comme si t'avais quelque chose à cacher ...

Sur ces mots, je me levais tout en oubliant un léger, petit, détail. Runi pouffa de rire et c'est à ce moment que je m'en rendis compte. J'étais en culotte. Une simple culotte accompagnée d'un haut un peu trop grand pour ma fine taille.

Par réflexe, ma main tira le drap pour me cacher et le grand brun osa ouvrir sa bouche.

— Bah alors, on devient toute rouge ?
— Laisse-moi ! Et... ne me regarde pas comme ça !

Je courrais en direction de la salle de bain, espérant qu'il oublie ce moment. Puis, une fois la pression redescendue, une pensée me revint en tête. Elle voulait nous parler, il fallait que j'en parle à Runi.

Je pris mon courage à deux mains et m'aventurai vers la chambre que j'avais quittée un peu plus tôt.

— ... Runi ... ?
— Ah, t'es encore là ... Écoutes...
— Non, toi écoutes.

Il s'assit en tailleur sur le matelas et reposa sa tête entre ses mains.

— Tu n'étais pas encore réveillé à ce moment, il me semble, mais elle veut nous voir pour nous parler de quelque chose, semblerait-il.
— Quoi ? Mais tu déconnes là ?
— J'aimerai bien, déconner, justement ...
— Et si jamais c'est à propos de cette nuit, on fait quoi ?
— J'en sais rien, Runi... On improvisera ?
— Hm... On n'a pas bien le choix...

Nous nous levions, comme en rythme, prêts pour notre purgatoire.

Arrivés en bas de l'escalier, notre hôtesse nous attendait de pied ferme. Assise en bout de table, les yeux fixes, les bras croisés, accoudée à la table.

— Asseyez-vous.

Nous nous exécutions sans un rechignement et prenions place à ses côtés, le regard dressé vers elle.

— Merci. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, je dois vous parler. Rappelez-vous, hier je vous avez parlé de notre départ. Il devait avoir lieu aujourd'hui, à l'aube. Cependant, et je ne sais par quel moyen, notre départ est compromit.
— Compromit ? Comment ça ?

Pendant que je lançais un regard plein de noirceur à Runi, Amrita reprit la parole.

— Vous avez dû le remarquer, la forêt ne mène nul part. Nous pouvons dire qu'ici, nous sommes réellement au bout du monde.

Elle retint un rire et continua son explication.

— En effet, étant donné que mon habitation se situe à l'extérieur de votre très chère cité et que, de ce fait, je ne bénéficie pas de cette soi-disante sécurité dont vous disposez, je suis obligée de me déplacer par des passages tenus fermés.
— D-Des... passages ?
— Oui ! Ils sont accessibles par une clé. Toutes ces clés correspondent chacune à une destination. Le problème, c'est qu'elles se ressemblent toutes... il n'y a donc que le détenteur des lieux qui connaît leur correspondance...

Elle avait formulé sa dernière phrase presque en chuchotant, comme si quelqu'un était en mesure de nous entendre.
Cela voudrait donc dire que le fragment que nous avions utilisé était une clé... Une clé parmi tant d'autres qui ouvriraient un nombre indéfini de porte... Mon cœur commençait à se sentir à l'étroit dans ma cage thoracique.

— Mais tout cela, vous deviez déjà le savoir puisque vous en avez déjà ouvert une, n'est-ce pas ?

Un large sourire s'afficha sur son visage flétri par la vieillesse. Quelques rides dévoilaient une dentition encore bien fournie.
Mon sang ne fit qu'un tour et je cru que mon cœur se brisa d'un seul coup, comme un verre jeté à terre. S'en était fini de nous.

߷߷߷

Hello, hello !

Nous commençons aujourd'hui une nouvelle partie de l'Arracheur de Rêves ! Dites-moi ce que vous en avez pensé, la suite arrivera dès septembre !

Bonne soirée à tous.

Corka.

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant