XII. Noctambules (Part. 2)

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Nous avions enfin trouvé à quoi servait notre fragment, ou du moins, où était sa place. Runi hésitait encore à le poser, mais un hochement de ma tête l'en convaincu.

— J'avoue avoir un peu peur...

Il rit par gène et s'exécuta. Plus sa main se rapprochait de l'emplacement et plus mon cœur était comprimé. Je commençais à suffoquer de peur lorsque le fragment rencontra le creux dans le sol. À ce moment, des lignes qui partaient de l'artefact s'illuminèrent et coururent le long du cercle tracé au sol. Les gravures dans la pierre s'allumaient d'un bleu profond et le cercle s'avéra être une sorte de plaque. Elle s'affaissa légèrement et glissa sous le sol qui l'entourait pour dévoiler un bassin.

— R-Runi... C'est un bassin ? On a fait tout ça pour un fichu bassin, c'est ça ?

Il ricana et lança un sourire mesquin.

— Mais non, idiote. Regarde bien. Regarde la profondeur.
— J'ai pas trop envie de regarder... C'est pas parce que c'est en réalité une piscine que je n'ai plus peur, tu sais.
— Mais regarde ! Il n'y a pas de fond !

Il avait raison. Il n'y avait pas de fond. Seulement de l'eau, à perte de vue. Une eau qui s'étendait profondément et noircissait de plus en plus lorsqu'on suivait sa profondeur.

— C'est quoi alors ?
— Hum, étant donné qu'il n'y a pas de fond, je dirais que c'est un passage. Il doit mener à un autre cercle pour éviter de traverser la forêt, enfin, je pense.
— Mais... du coup, on fait quoi ? On va retirer ce fichu objet qu'on a trouvé et retourner se coucher comme si de rien n'était ?
— J'aurai préféré qu'on plonge, en fait.
— T'es complètement malade, Runi. Jamais je plonge là-dedans.
— Et bien restes ici, mais ce sera sans moi.

À ces mots, il plongea dans l'eau sans m'adresser un seul regard et disparut sous l'immensité d'eau.

Trois minutes s'étaient écoulées depuis qu'il était parti et je commençais à réellement me faire un sang d'encre. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

Il surgit soudainement de la surface de l'eau, à bout de souffle.

— Phoebe ! J'ai vu des gens !
— Des gens... ? Ils t'ont vu ?!
— Non ! Enfin, j'espère que non ! J'suis pas sorti, je les ai entendus et aperçus, d'où mon essoufflement.
— O-Ok... Restons calmes... Pas de panique...
— Mais comment ça, pas de panique, hein ? T'es plus paniquée que moi !
— C'est faux ! T'as nagé longtemps ?
— Bah, non. Sans ça, j'aurais été à bout de souffle depuis bien longtemps et je me serais certainement noyé. Réfléchie un peu Phoebe !
— Hm, c'est vrai. T'as raison. Du coup, tu veux qu'on fasse quoi ?
— Tu voudrais vraiment retourner là-bas ?
— Il faut bien qu'on sache où ce tunnel peut nous mener... Mais en même temps, il faut qu'un seul d'entre nous y aille, sinon on ne peut surveiller l'entrée... Sauf que si on y va seul, et que quelqu'un est à l'autre bout, on est coincé.
— Hm... Ou sinon on peut retenter une autre fois, ou même encore, abandonner.

Il reprenait peu à peu son souffle et commençait à sortir de l'eau.

— Si j'avais su, j'aurais pris du change ! Bon du coup, on rentre ?
— C'est sûr ! Par contre, on a un problème. C'est beau de vouloir rentrer... Mais faudrait-il savoir comment y parvenir.
— Vrai ! Soit il y a une corde pas loin, et du coup, on grimpe jusqu'à la chambre... Ou...
— Ou alors, on rentre directement par la porte d'entrée, en croisant les doigts pour qu'elle soit ouverte.

Runi, trempé jusqu'à l'os, se releva et parti en direction de la bâtisse. Il optait donc pour la dernière option.
Je le rejoignais tandis qu'il cherchait de quoi entrer aux alentours.
Tout à coup, surgit un animal de nul part, et Runi se jeta sur moi afin de coller ses mains à ma bouche.

— Chut. Ne fais aucun bruit. Regarde, c'est le chat qu'on avait vu en arrivant.

En effet, j'avais été apeurée par un chat. Mais quelle idée il avait eu pour nous bondir dessus en pleine nuit. J'imaginais que l'adrénaline et la peur de toute cette aventure avait mit mes sens en alerte, de ce fait toutes mes émotions étaient à fleur de peau.

— Phoebe ? Écoutes moi.
— J'ai pas trop d'autres choix que de t'écouter, Runi.
— Bon... Si ce chat est dehors la nuit, peut-être qu'il a un passage pour qu'il puisse rentrer aussi ?
— Ingénieux. Mais avant ça, tu ne veux pas essayer d'ouvrir cette porte, simplement ?

Il posa sa main sur la poignée et s'exécuta. Un coulissement à droite, puis à gauche, mais rien ne changea. La porte était fermée à clé.

— T'es contente ? C'était sûr. Elle doit habiter ici depuis je ne sais combien de temps, et voyant ce qu'on a vu, elle doit être au courant. Et il ne doit pas seulement avoir que ces hommes là.
— En parlant de ça... je le met où, ce truc ?

Je lui avais tendu ma main dans laquelle j'avais gardé le fragment, histoire de refermer ce fichu passage aquatique, et que ces hommes ne passent pas.

— On va le reposer à sa place, Phoebe.

Un coup de feu retentit soudainement, et le chat couru à vive allure, sauta sur la fenêtre de la cuisine, grimpa sur une pierre apparente et sauta enfin sur la fenêtre de notre chambre. Rien qu'en quelques minimes secondes. Nous savions enfin comment rentrer, mais tout ça ne nous inspirait rien de bon.

Alors on s'exécuta à l'image du chat, et Runi me fît passer en première. Par chance, la pierre n'était pas trop haute et je pus l'atteindre sans problème. La remontée au point de départ se passa sans encombre.Runi s'empressa de faire de même, et ferma la fenêtre brusquement.

— Je ne sais pas ce qu'il y a dehors, mais je ne veux pas risquer d'y laisser ma peau. On devrait dormir maintenant.
— Comment veux-tu dormir après tout ça ?
— Déjà, cache le fragment sous le matelas et ensuite, évite de penser à tout ça. Je te rappelle qu'elle veut qu'on parte tôt, demain.

J'obéis et me couchais à ses côtés, encore épuisée par ce qu'on venait de vivre. J'éteignais la lumière de la lampe de chevet et me retournais vers Runi.

— Bonne nuit, Runi.
— Bonne nuit aussi. Dors, maintenant.Demain sera une dure et longue journée.

À peine entrée, Amrita tira les rideaux de notre chambre d'un grand coup sec et ouvrit les fenêtres. L'air de l'aube s'infiltra dans la pièce et réveilla les parties nues de nos corps. Un frisson me parcourut le long du bras et, dans un mouvement instinctif, je plongeais sous la couette, à la recherche d'un peu de chaleur.

— Levez-vous. J'ai à vous parler. Rejoignez-moi, au plus vite, autour de la table de cuisine.

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Hello !

Voici la dernière partie du chapitre 12 ! Un peu plus longue, mais que voulez-vous, ma plume ne s'arrête plus lorsque l'inspiration arrive...
Après 11 chapitres, on entre ENFIN dans le vif du sujet. Oui, vous avez dû tant attendre l'apparition du dynamisme dans cette histoire... et je m'en excuse. J'avais besoin de bien rédiger les bases (malgré quelques oublis de spécification que vous m'avez signalés).

Aussi, j'essaye, encore, un nouveau rythme où, postant les nouveaux chapitres en plusieurs parties, j'attend d'en finir au minimum deux pour pouvoir poster.

En espérant que tout cela vous plaise ! Je vous dis à bientôt et je vous souhaite une bonne semaine ainsi que de bonnes vacances pour le plus chanceux !

Corka. 

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant