V. Entraide

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Ce ne pouvait pas être possible. Ce devait être une illusion. Pourquoi était-il là ? Pourquoi n'était-il pas parti comme les autres ? Pourquoi avais-je l'impression qu'il me suivait ?

Je fis un pas en arrière quand mon pied heurta quelque chose. Un craquement se fit entendre et je me retrouvai au sol.

Décidément, ce garçon me portait malheur.

J'étais tombée à la renverse sur un nid de mousse qui avait, heureusement, limité les dégâts. Mais malgré tout ça, ma cheville récemment meurtrie par le choc me faisait souffrir. Mes genoux commençaient à rougir prévoyant de futurs hématomes.

J'observai l'objet de ma chute qui n'était autre qu'une branche. Une chose était sûre : elle avait eu plus de mal que moi.

Pendant l'action, l'homme s'était levé et rapproché de moi, il me tendait à présent sa main que j'acceptai sans ronchonnement.

Je souris en guise de remerciement et lui tourna le dos pour continuer ma route. J'avais l'impression de revivre notre première rencontre quand il m'interpella.

— Eh ! Tu comptes faire quoi maintenant ? Repartir comme une voleuse ou m'agresser entre deux arbres ?

Il avait un sourire espiègle. Il se moquait de moi, gentiment, mais il se moquait. J'avoue que j'avais trouvé ça amusant.
Je haussai les épaules sans m'empêcher de réprimer un sourire.

— Ah... tu ne veux toujours pas m'adresser la parole, n'est-ce pas ?

Je mimai un non de la tête, laissant une moue déçue apparaître sur son visage.

— Écoute, je sais que tu veux respecter les règles, tout ça, mais... tu ne penses pas pouvoir faire une exception ?

Il ne me laissa pas le temps de réagir et continua sa tirade.

— Non parce que, vu ton gabarit je ne pense pas que tu puisses aller bien loin, et si on reste ensemble, je préfère pouvoir communiquer autrement que par des mimiques.

Même si je n'osais pas l'avouer, il avait raison. Je ne pouvais pas faire cavalier seul. Je ne savais pas à quoi m'attendre ici et ne connaissais rien du lieu, à deux, nous pourrions nous sortir plus vite d'ici.

— Comment ça mon gabarit ! Je peux très bien me débrouiller seule !

Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu ma propre voix, nous n'avons pas tellement l'occasion de parler, même à la cité.
Il sembla autant étonné que moi.

— Eh bien ! Tu penses vraiment ? Moi tout ce que je vois, c'est une jeune femme qui ne tient pas sur ses deux jambes...

Un sourire mesquin se dessina sur son visage et il reprit.

— Lors de nos deux rencontres, tu es tombée à chacune d'elles et tu veux me faire croire que tu peux retrouver ton chemin ? Seule ?

Il avait raison, j'avais besoin de son aide, je ne pourrais rien faire si je suis perdue ou pire encore, en danger... J'étais obligée de m'écraser et d'accepter.

— C'est d'accord.

Je détournai le regard pour ne pas affronter le sien, trop fier d'avoir triomphé.

— Je ne pensais pas te convaincre aussi facilement !

Il avait un rire franc, je me demandais comment c'était possible. Je n'avais jamais ri comme il le faisait. Et puis franchement, il n'y avait rien de drôle.

— Si j'ai accepté c'est simplement parce que je n'ai pas envie de continuer seule, c'est tout.

Mes paroles le refroidirent d'un seul coup. Je le voyais dans son regard. Les étincelles provoquées par son rire l'avaient désormais quitté. Il était étrange.

Nous marchions maintenant depuis une dizaine de minutes dans le calme.
On avait emprunté un chemin en contrebas, après la clairière. Il nous avait semblé fiable et à vrai dire, aucun autre était à disposition.
Un silence froid s'était installé depuis mes dernières paroles, aucun de nous ne s'était permis de réchauffer l'ambiance.

J'osai un regard dans sa direction quand je vis qu'il avait eu la même idée. Mes joues devinrent rouges ce qui semblait plutôt l'amuser.

— Au fait, je m'appelle Runi.

Je le regardai, étonnée par cette initiative. Il était concentré sur le chemin, comme si cette parole avait été accidentelle. Le silence commençait à me peser alors j'en profitai pour répondre.

— Phoebe. C'est original comme prénom, Runi.
— Un beau prénom. Et... oui. C'est ma grand... euh, ma génitrice qui a tenu à ce que je le porte en fait. Il paraît qu'il avait une signification dans les anciens temps, mais je n'ai jamais su.
— C'est plutôt triste en effet. Tu as de la chance quand même. Elle a souhaité laisser une trace dans ta vie, c'est plutôt rare.

Il sembla gêné puisqu'il changea de sujet en s'arrêtant de marcher.

— On devrait s'arrêter, je pense. Le ciel commence à s'assombrir. Il faudrait qu'on trouve quelque chose pour manger. Et dormir, bien-sûr.


Je n'avais même pas remarqué le manque de lumière, heureusement qu'il était là.

L'endroit où nous nous arrêtions était assez plat et entouré d'arbres aussi divers les uns que les autres.
Je m'avançai vers l'un d'eux à la forme étrange : ses branches, couvertes d'un feuillage dense, retombaient sur le sol, offrant un espace protégé du vent.
Fière de moi, j'appelai Runi pour lui faire part de ma découverte. Il sembla d'accord avec moi, l'endroit était parfait pour qu'on y passe la nuit.
Il me chargea de récolter de la nourriture tandis que lui, alla chercher de quoi dormir plus confortablement qu'a même le sol.

En sortant, je décidai de me diriger vers la forêt. Il devait certainement se trouver des buissons gorgés de baies, ou des arbres fruitiers.
Je devais cependant ne pas traîner, la nuit ne tarderait pas à tomber.

Sur mon chemin, je vis un peu plus loin un arbuste tachée de points rouges. Je m'en approchai, poussée par la curiosité en espérant qu'il s'agisse de fruit comestibles. Le buisson était en fait couvert de framboises assez grosses. J'en ramassai une dizaine, maudissant de n'avoir rien pour en prendre plus.

Le retour au camp se fit sans encombre, et je voyais déjà Runi au loin. Il me fit signe de la main pour me signaler de le rejoindre sous l'arbre.

Je soulevai les quelques feuillages pour passer en faisant attention de ne pas échapper ma récolte. Ma joie fut à l'honneur. Pendant mon absence, Runi avait réussi à créer un vrai couchage avec ce qu'il avait pu trouver. De grandes feuilles couvraient le sol en guise de matelas, et il avait même réussi à trouver d'anciennes coques de fruits pour nous servir de bol. J'étais éblouie et ne pus prononcer que quelques mots, bouche bée.

— C'est parfait.

Il souriait, heureux de son travail.
Je mis les framboises dans chacun des deux bols et nous mangions, savourant notre repas tant attendu. Ce n'était pas ce maigre dîner qui nous donnerait des forces, mais il contentait notre faim.
Après ça, nous décidions de nous coucher. Il fallait que l'on soit en forme pour le lendemain, la route serait sûrement longue.

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Yo!

Et voici un autre chapitre pour une nouvelle semaine! Cette fois ci, il est plutôt rempli de dialogue. Dites moi si la forme vous convient, tout ça!
Un nouveau lieu, et on commence à en apprendre un peu plus sur ce jeune « Runi ».
J'espère que ce chapitre vous aura plût, vous pouvez commenter et mettre une note je serais comblée aha.

Ah oui, une dernière chose. Je posterai sûrement toute les semaines et demi, voir toute les deux semaines car j'ai besoin d'un peu plus de temps que prévu pour vous écrire les nouveaux chapitres.
Sur ce, à bientôt. ❤️

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant