Prologue

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La colonie terrestre d'Althéa va bientôt fêter son premier siècle lunaire d'habitation. À l'occasion de ce jour si spécial, ce ne sera pas une célébration comme lors de chaque décennie, où chacun se rejoint lors de la pluie d'étoiles.
Cette année toute la population terrestre, ou du moins ce qu'il en reste, est conviée à prendre place dans la Salle des Conférences, lorsque les astres brilleront le plus.
Autour de nous, ils sont nombreux et de toutes tailles. Personne n'a jamais cherché à comprendre d'où venaient ces astres. Mais les 'ODean racontent qu'ils proviennent tous du jour où les Hommes ont posé le pied sur Althéa. La Terre, leur planète de provenance, aurait été en péril. Les Hommes auraient alors cherché une planète en dehors de leur galaxie, la Voie Lactée, à conquérir.

La conquête spatiale était un grand but pour les Hommes : ils voulaient tout savoir. Et à trop vouloir en savoir, on finit parfois par tout détruire, comme un archéologue qui creuserait un peu trop profond un site de fouille.

En soit, Althéa avait été une terre d'accueil, au sens large. Les Hommes l'avaient trouvée grâce à un coup du hasard, et comme il faisait bien les choses, son atmosphère faisait d'elle une planète accueillante, puisque tellurique. Elle disposait de ressources en eau bien plus que de nécessaire, n'était pas trop éloignée de son astre, semblable au Soleil des Terriens, quoi qu'un peu plus chaud et légèrement bleuté. Il était aussi plus petit, mais compensait très bien avec sa puissance. Pas loin, à quelques kilomètres, flottait le satellite naturel d'Althéa. Cette lune était plus conséquente que celle des Terriens, mais un peu moins grande que la lune galiléenne Callisto, appartenant à Jupiter.

D'après ce que l'on a appris du passé, de notre passé, les jours et les nuits étaient régulés selon la Lune, le tout premier satellite naturel de la Terre. Aujourd'hui, celle-ci s'est vu remplacée par notre nouvel astre : le satellite naturel d'Althéa. Malgré que son cycle de rotation soit plus long que celui de la Lune des anciens, c'est maintenant grâce à elle que nos jours sont réglés.

De ce fait, notre calendrier est régi sous ses actions et nous, Kanaans, comptons nos âges en année lunaire. Nous vivons seuls à partir de notre quinzième lune et en voilà déjà quatre que je jouis de cette certaine indépendance. Il est vrai que, par rapport à ma vie à l'Institut, c'est mieux : ne pas avoir de gouvernante sur le dos, qui se tue à m'apprendre les règles de notre société comme si sa vie en dépendait, comme si ma vie allait changer le monde.
Ne plus avoir à entendre "Phoebe lève toi, Phoebe fais ci, Phoebe fais ça."... Ah ! Liberté !

Cependant, même si nous sommes indépendants à notre quinzaine, cette autarcie est toujours un mirage.
Les allées de notre Cité, Kannha, ainsi que la sortie de nos habitacles respectifs sont surveillées par des patrouilles. Si nous avons le malheur de sortir lorsque les astres brillent le plus, ou même ne serait-ce que le simple fait de parler à un autre habitant, un Kanaan, nous sommes arrêtés par les gardes.

Les 'ODean sont des êtres particuliers. Ils vivent en dehors de la ville et peu d'entre nous en ont connaissance. Ils vivent dans le plus grand secret. Personne ne sait où ils habitent, ni de quoi ils vivent. D'ailleurs, le gouvernement nous empêche d'avoir un quelconque contact avec eux. Comme s'ils étaient dangereux pour nous. L'on raconte qu'ils sont les descendants directs des anciens. Il semblerait même, d'après quelques rumeurs, qu'ils détiendraient un grand savoir. Je tends à penser que c'est pour cette unique raison que le gouvernement chercherait à les exclure de notre civilisation.
Notre système gouvernemental a eut énormément de mal à se mettre en place. Il a dû se faire une place entre, d'un côté, la peur d'un tyran, et d'un autre, la soif de pouvoir des quelques habitants trop téméraires pour se penser apte à diriger.

C'est dans ce monde-ci, depuis maintenant presque un siècle, que les Hommes se voient évoluer chaque jour. Un nouveau monde, une nouvelle vie.

L'Arracheur de Rêves. [En cours] #Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant