Chapitre 6 : Coupable

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Quand Hernesse se réveilla, il s'attendait à être au paradis. Mais il plissa les yeux et reconnu ce décor et ses arbres. Il était toujours à l'intérieur du grand arbre creux. Il devait être environ seize heures et le soleil brillait intensément dans le ciel, éclairant l'habitacle de sa vive lumière. Trop fatigué pour bouger, le marin resta assis et en profita pour regarder plus précisément l'abri où il s'était caché. C'est alors qu'il remarqua que ce qu'il avait pris pour un arbre creux la veille, était en réalité une hutte construite avec de grandes planches de bois installé autour d'un arbre complétement basique. A cause de l'obscurité, Hernesse les avait confondus avec un tronc. L'intérieur était rudimentaire pour une survie à long terme. Un carton, délabré à cause de l'humidité, avait l'air de servir de table, dû à la présence de ce qui ressemblait à des assiettes et un verre. Quelques-unes étaient cassées et la nourriture qui y était contenue était largement périmée. Hernesse comprit enfin quelle était cette horrible odeur qui lui donnait la nausée hier soir. Dans un coin, un lit de feuille y était déposé. Il était visible mais un peu effacé, sans doute à cause du vent qui les avait soufflés. Hernesse tourna le regard à travers la hutte et continua de l'analyser. Il remarqua un endroit utilisé pour les toilettes, un autre pour la cuisine où de l'eau avait l'air d'avoir été chauffé par un feu de bois, et le dernier où la construction de divers ustensiles avait été débutée. Il aperçut que le tronc ne formait pas le mur de la cabane, et qu'un espace se trouvait derrière. De son point de vue, Hernesse ne voyait pas ce qui s'y trouvait et dut se lever dans un effort considérable. Il était bien trop intrigué par ce que cette cabane contenait. Il réussit à se déplacer lentement et atteint le dos de l'arbre. Un squelette y était adossé. Hernesse ne fut pas surpris. Le sentiment étranger qui le terrifié la veille avait disparu. Il se sentit beaucoup plus calme et lucide, à moins qu'il ne fût en état de choc. Il comptait se préparer à partir avant qu'il ne vit un petit cahier aux côtés du squelette. C'était sans nul doute un journal de bord. L'homme pensa enfin trouver la réponse de ce qui se passa sur cette île et attrapa le carnet d'un geste rapide sans faire attention au squelette. Dans l'excitation, il le lut à voix haute.

- « 13 juin 2019, j'ai enfin fini mon abri. Le capitaine et tout l'équipage sont morts. Ce monstre ne devrait pas exister. Il a détruit notre navire et les a tous assassinés dans l'ombre. Je vais rester caché ici, un moment, mais un jour ou l'autre, il me tuera moi aussi.

20 juin 2019, cela fait longtemps que je n'ai pas écrit, je devais économiser mon encre. Et je pense que je vais malheureusement mourir aujourd'hui. Les espèces animales disparaissent autour de moi. Elle est proche. Elle m'observe. Je m'adresse aux prochains qui arriveront sur l'île et qui lirons ce journal par hasard. Enfuyez-vous vite. Si une personne meurt, c'est la fin et on cède vite à la panique. Je laisse ici les dernières marques de ma vie. Signé Kévin Ecache. Adieu. »

Hernesse n'avait pas tout compris. Il prit le carnet avec lui et sortit de sa grotte. Il se demanda si des membres de son équipage avaient survécu. Il les appela et commença à fouiller la zone. Mais à peine avait-il fait deux pas qu'il remarqua le corps d'Elodie, un trou au torse, ainsi que le regard vide. Il lui ferma les yeux, ramassa les quelques fleurs des alentours et les posa sur son cadavre. Il se mit à genoux et colla ses deux mains, comme pour prier. Après une minute de silence, il se leva et continua sa quête. Il appela sans relâche son équipe mais personne ne lui répondit. Hernesse se remit à prêter une attention toute particulière à la présence d'animaux, car le carnet de Kévin traitait de cette information. Il marcha encore longtemps tout en maintenant une recherche active d'une quelconque forme de vie. Il arriva finalement à localiser certains matelots, malheureusement dans un état qui ne permettait pas à Hernesse d'avoir enfin de la compagnie. Il analysa la scène de crime. Ils étaient trois et leur blessure laissé penser qu'une confrontation intense a eu lieu. Un n'a pas eu de chance et s'est fait directement égorgé. Les deux autres avaient sur leur corps divers bleu et entaille. L'un était mort après s'être fait tordre le coup tandis que le dernier a succombé à plusieurs coups de couteau dans le torse. Hernesse resta très étonné. Cette attaque n'avait rien à voir avec les précédentes. Jusque-là, tous les cadavres qu'avait aperçus Lagende était mort d'une unique blessure, qui était une perforation du cœur, et dont l'arme ne pouvait correspondre à un couteau.

La légende de la licorne bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant