21

3.9K 139 34
                                    



Chapitre 21

Cela faisait maintenant une semaine que tout était revenu à la normale avec Monsieur Thomas et Éden n'arrivait toujours pas à interpréter son changement de comportement envers elle.

Il était littéralement passé de connard arrogant à adorable chic type en quelques jours. Il avait arrêter de lui refiler ses tâches ingrates et lui proposait même de prendre ses pauses café avec lui.

Ils parlaient de tout : actualité, cinéma, littérature, des gens, de la mode, de la vie quoi.
Il était assez ouvert d'esprit et cultivé : il ne jugeait jamais les prises de position que certains pouvaient avoir et gardait toujours un esprit critique mais objectif.

Envers toute attente, c'était un type super intelligent et à l'écoute. Éden avait l'impression de le redécouvrir au fur et à mesure du temps qu'ils passaient ensemble.

Elle adorait quand ils conversaient- l'avocat ne lui parlait jamais comme à une gamine mais comme une adulte- donc quand ils tenaient une discussion, elle pouvait s'exprimer librement. Ce qu'elle préférait avec lui c'est qu'ils pouvaient parler de tout, les discussions ne s'épuisaient jamais et elle n'avait pas l'impression de s'ennuyer, même si elle parlait avec un homme plus âgé et donc plus posé.
Avec lui les choses changeaient, tout devenait intéressant.

Elle pouvait l'écouter pendant de longues minutes sans aucun effort. En ce moment par exemple, il lui parlait politique. Sujet s'avérant habituellement inintéressant et super chiant pour elle. Pourtant, force était de constatait qu'elle écoutait avec attention, essayant d'assimiler les informations parce que finalement, le sujet l'intéressait malgré tout quand c'était lui qui expliquait.

- ... car le Brésil avait seulement deux choix : remettre le pays aux mains d'une gauche embourbée dans des histoires de corruption, étant certain que la nation n'ira jamais mieux, continuer à voir et même à vivre les guerres de gang, la pauvreté, les favelas surpeuplés, ou alors élire un dirigeant extrémiste nostalgique d'une dictature disparue mais qui saurait redonner la grandeur à son pays, dit-il, l'air enjoué.

L'avocat la renseignait depuis maintenant à peu près 10 minutes sur la récente élection de Jair Bolsonaro. Ils étaient attablés dans la salle de réunion, il n'y avait à personne à part eux, tout le monde était déjà rentré. Il se faisait plutôt tard, là soirée s'avançait et 21 heures approchait.

Éden fronça les sourcils :

- Mais... j'ai entendu dire aux infos qu'il était homophobe, et qu'ils avaient des propos sexistes et racistes en interview. Je crois bien que l'on m'avait parlé d'une histoire ou il avait dit un truc plutôt insultant sur une députée après une altercation sur les lois sur l'avortement, dit-elle, incertaine.

Il fit une moue dubitative, méditant sur l'événement, puis se reprit après quelques fractions de secondes :

- Ah oui, je m'en rappelle. C'est vrai qu'il n'est pas tendre avec les femmes, ni avec les gays. Mais ce n'est pas ce qui compte. Il ne faut pas prendre les issues morales dans ce genre de cas, vous savez, le fait qu'il soit polémique n'a que peu d'incidence sur son élection. Cela n'a pas changé le fait que les gens l'élisent, les brésiliens ne le voient pas comme une mauvaise personne, bien au contraire.

La jeune femme leva un sourcil, interrogative :

- Oui mais pourquoi avoir quand même voté pour lui ? On voyait bien que c'était un mec méprisable, non ?

- Oh vous savez...en temps de crise les gens s'en foutent de connaître vos opinions envers les femmes, les lgbt ou que vous teniez des propos racistes. Les gens ont faim, ils souffrent, ils meurent, ils ont peur. Ils ne réfléchissent pas correctement, ils sont effrayés, et Bolsonaro en a profité. Ce que veut le peuple avant tout, c'est survivre. Personne ne s'occupe de la morale. Quand on est au bord de la famine, on a d'autres préoccupations. Bolsonaro semblait être le meilleur choix pour pallier à la crise sociale, économique et politique alors on l'a élu. Qu'importe s'il est raciste ou sexiste s'il peut nous sortir de la misère, vous ne pensez pas ? Dit-il avec un petit sourire ironique.

Différence d'âge Où les histoires vivent. Découvrez maintenant