II

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        Nous nous fixâmes une date, le samedi suivant. Je n'en prévins pas mes parents, j'avais désormais douze ans, j'étais grand, ils n'avaient plus le droit de connaitre tout mes pas. Ainsi me rebellai-je pour la première fois, chose que je regretterais fort plus tard.

       Bref, Vendredi venu, j'en parlai à Mah, Ab et Karim, ''Mais il est un peu efféminé ce Moun, tu ne trouves pas ? '' Me fit remarquer Mah, le plus robuste de nous quatre. Je lui répondis que ça m'était égale, qu'il était génial, et qu'on avait peut être le droit d'être efféminé un peu quand on a que des sœurs. Mes deux autres amis jugèrent mieux de ne pas rajouter de commentaires, à part que ce fût bizarre que je connaisse déjà quelques détails de sa famille.

      Ensuite la conversation dévia au plus important : à quelle heure et comment ?

       Le chemin était facile en voiture, mais pas du tout simple à pieds. À pieds, tout semblait énorme, tout devenait palpable, et c'était extrêmement stressant pour un garçon de douze ans qui n'avait pas prévenu ses parents de sa première ''vraie aventure'. Quand on passait prendre Moun chaque matin dans le grand véhicule jaune, trois gros chiens nous chassaient, et ceci seul m'angoissait assez, sans parler du fait que sur ce chemin, on voyait rarement des piétons.

       Il nous fallait aussi traverser l'une des plus dangereuse routes nationales de la ville, chaque soir j'apprenais de la bouche de mon père une histoire ou deux d'accidents impressionnants, et d'horreur ayant eu lieu dans cette route maudite.

     Comme je l'ai dit plus tôt , c'était Ramadan, ceci dit, nous n'étions pas encore obligés de jeûner, comme les grands, comme Mah non plus qui n'était pas seulement le plus robuste mais aussi le premier à atteindre sa puberté. Nous décidâmes de faire preuve de solidarité et jeûner avec notre ami. Moi ça m'était égale du moment que les Chewing gums ne comptaient pas.

      Samedi vint, je me levai aux sons d'oiseaux, de vrais et de faux, car même dans l'MMORPG il y'en avait, et ils chantaient tout aussi bien que les vrais. Je demandai alors à mon frère ou il en était avec notre guerrier téméraire que nous montions ensemble, il était dans un donjon, donc je m'assis a coté de lui sur une chaise que j'apportai du salon, et je restai ainsi à le regarder jouer jusqu'au moment ou quelqu'un frappa à notre porte vers midi passé, c'était Ab, il était celui qui vivait le plus proche de chez moi, alors il était passé me chercher en premier, et nous partîmes retrouver les deux autres.

      Mah se moqua de mon Chewing gum. Décidément j'avais tort, et mon premier jour de jeûne devint plus sérieux. La friandise gout pomme quitta ainsi ma langue.

      Tous réunis, nous nous rendîmes compte que nous n'avions aucun moyen de communiquer avec Moun, et c'était de ma faute, j'avais été un grand idiot de ne pas lui avoir demandé son numéro du domicile, peut être m'étais je dis que même si je m'en procurais, je n'aurais pu l'appeler de chez moi sans le faire savoir à mes parents, mais même dans cette excuse se trouvais une faille flagrante : mes amis avaient eux aussi des téléphones chez eux.

       Bref, il savait que nous venions chez lui n nous trouverions une solution une fois arrivés sur place. Ce plan ne pouvait être annulé, je devais toucher cet endroit, je devais voir ce que cachaient ces arbres.

       Je gardai cet esprit de persévérance tout au long du chemin avant l'arrivée devant la route nationale, et là je ressentis une explosion aux ralentis à l'estomac. Bon Dieu ! Je ne l'avais jamais vue de si prés, à pieds, tout ces camions, toutes ces voitures, ces motos en va et viens, en zig zag, si rapides que je craignis sérieusement que l'un de ces « projectiles » ne s'envolât en roulade en l'air et nous tombât dessus. Ce fut le chaos total, mon père avait absolument raison.

       Les autres n'avaient pourtant pas la mine angoissée par cette folie du monde extérieur à laquelle ils étaient visiblement plus accoutumés que moi. Je ne devais laisser deviner ma peur, je pensai alors a ma petite amie virtuelle (ce n'était pas qu'elle n'existait pas en chaire et en os, c'était juste que je ne l'avais jamais encore rencontrée dans la vraie vie, comme je rencontrais ces véhicules en ce moment. En tout cas nos aventures sur l'MMO RPG me suffisaient, et c'est dans une grotte que j'avais fait sa connaissance.) je pensai à ce qu'elle aurait dit de moi en cet instant, si elle était là à coté de moi , je l'imaginai alors et je fis , comme par magie, preuve de plus courage.

       Nous la traversâmes sans problème.

       Ce fut plus rapide que je ne le pensasse. Restait à voir si pendant le retour je serais plus détendu.

       Cependant, le début du couloir d'arbres se présentait devant nous, pas de chiens encore en vue mais je savais qu'ils nous attendaient quelques part. Je ramassai alors cinq pierres de par terre, j'en mis trois dans mes poches et j'en gardai deux prêtes à lancer. Dieu merci, les autres firent de même.

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