Chapitre 3 - Partie 1

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Me sentant plus que coupable d'avoir osée zieuter le carnet de ma tante, je partis à la pêche aux livres pour oublier ma bêtise. Je parcourus donc les étagères, essayant de trouver ma future lecture de nuit. Jamais je n'aurais pu croire que la tâche s'avère aussi difficile. Il y avait trop de choix et je ne connaissais qu'une infime partie des œuvres présentes ici. Trop d'auteurs dont j'ignorais le nom me suppliaient de les prendre comme compagnon le temps de quelques escapades nocturnes. Ayant du mal à faire mon choix, je pris au hasard le premier livre qui me passait sous la main. Je tombai donc sur une œuvre d'Eryssem Luyina « Le monde des sirles ». Sur la couverture se trouvait le dessin d'une créature qui ressemblait étroitement à une sirène. Je fronçais les sourcils, me questionnant sur l'œuvre et l'embarquai avec moi dans le petit coin lecture. Je m'allongeai sur la méridienne et ouvris la première page.

« Investigationis charta aqua daemonia »

ꟷ Livre de recherches sur les démons d'eaux, lus-je avec difficulté. C'est étrange. On dirait que c'est une thèse sur des créatures imaginaires.

Je me grattai le haut du crâne, me demandant à quoi pouvait servir ce genre de bouquin. C'était une idée géniale, mais qui pouvait vite devenir ennuyante. Toute une recherche sur l'imaginaire... C'était un travail de fou. Vraiment fou. Je ne me voyais pas en faire autant.

ꟷ C'est donc dans ce genre de livres que ma tante trouve toutes ses idées, me rendis-je alors compte. Ça l'aide à construire son monde !

Avec hâte, je tournais la page du livre pour arriver au premier chapitre. Il était sur la classification par hiérarchie des sirles. Il y avait quinze espèces différentes, avec des aptitudes variées et un physique plus ou moins similaires. J'admirais les détails des dessins et lisait avec attention les caractéristiques. Tout était présent... Leur alimentation, leur façon de dormir, de s'accoupler. Il avait également tout un paragraphe sur la manière dont ils usaient de leurs pouvoirs. A mon sens, c'était la partie la plus attrayante. Rapidement, ma lecture attentive finit par devenir une lecture en diagonale, m'intéressent davantage aux parties qui parlaiten de pouvoir et de politique aquatique. Je n'étais pas une mordue de lois et de règles, mais je devais avouer que ceux des sirles étaient tout particulièrement bien construit. On aurait pu comparer les étages de l'eau à celui des enfers dans le tableau Inferno de Botticelli. Plus nous allions au fond de l'eau et plus les sirles étaient puissants et vicieux. Ainsi, j'étais certaine de crever illico presto si j'osais nager dans les abysses. Dieu soit loué, j'étais aussi bonne à la plongée que pour le funambulisme. Les seuls démons d'eau que je risquais de croiser était ceux qui se cachait dans des recoins isolés, peureux à l'idée de croiser un humain.

Je continuais ma lecture, jusqu'aux chapitre quatre, abordant les rituels de mariage. Mes paupières devenant de plus en plus lourdes, je déposai le livre à même le sol et me recroquevillai sur la méridienne afin de faire une petite sieste. Je n'avais ni la force, ni la foi de quitter cette pièce. J'étais bien trop patraque et flemmarde pour. Je mis donc de côté toutes mes pensées, toute mon existence, pour pouvoir rejoindre les bras si envoutants de Morphée. Je m'enlaçai contre lui, le sourire aux lèvres, guidé par cette douce sensation qu'était la liberté. Je le savais, cette nuit allait être la plus belle de ma vie. Dès demain, j'allais devenir véritablement : Lya Ayme Russel et j'avais hâte de savoir qui j'étais.

***

C'est en sentant les quelques gouttes de sueur sur ma peau que je me réveillai. La tête encore dans les étoiles, j'ouvris une paupière, puis une autre, afin de m'habituer à la luminosité de la pièce.

-- Mon dieu, quelle heure est-il ? Paniquai-je soudainement.

Je sautai de la méridienne et finis par m'écrouler par terre, ma cheville refusant de supporter mon poids durant mes heures de repos. Nez à nez avec le tapis, j'observai les petits poils verts qui se dressaient devant moi. Je roulai des yeux, exaspérée par ma maladresse. Sans m'attarder dans cette posture idiote, je me redressai et m'assis sur le sol le temps de retrouver mes esprits.

Equinoxe - Tome 1 : Ne Jamais S'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant