Sans le laisser riposter, je quittai la salle à manger et me dirigeai vers les escaliers pour monter dans ma chambre.
Suite à mon départ, mon père s'était acharné sur ma mère en lui affirmant que c'était de sa faute si mon éducation était ratée. Ma mère n'avait pas riposté, comme toujours, mais mon frère Simon avait tenté de prendre sa défense. Tout cela avait finit par des cris et des pleurs. Mon petit frère avait reçu sa claque quotidienne et ma génitrice s'était contentée de nettoyer tous les placards de la cuisine pour masquer sa tristesse dans le plus grand des silences. Je n'avais pas pris la peine de descendre pour arranger la situation. Après tout, rien n'était de ma faute.
C'était mon père le dérangé et ma mère la soumise. Le seul membre de la famille contre lequel je devais mes excuses étaient Simon qui subissait souvent les foudres de la colère excessive de notre géniteur. Certes, il ne nous battait pas, mais certains de ces tocs le menaient parfois à lever la main sur nous. Je m'y étais habituée, mais je doutais que la fierté de Simon endure ce calvaire aussi longtemps que moi. Il faisait également partie des membres soumis de la famille, mais j'osai espérer qu'un jour, il finirait par se rebeller contre cette tyrannie. Il ne méritait rien de tout cela. Comme moi, il était prisonnier d'une famille dont les principes dépassaient les mœurs d'aujourd'hui. Notre liberté nous était refusée, tout comme le droit à l'erreur. Nous étions censés être de parfaits spécimens, à l'intelligente d'Hawking. Je refusai cette perfection. Mes défauts me semblaient si beaux, si indispensables, mais surtout si vitaux. Je refusais d'oublier celle que j'étais pour leur faire plaisir. Mes pensées demeuraient indomptables et cette cage en or qu'était ma maison n'allait pas m'empêcher de prendre mon envole. J'attendais simplement le moment propice pour briser ces chaînes qui me maintenaient encore captive au milieu de ces êtres malades de raisons. Un petit sourire s'inséra sur mon visage lorsque je me mis à imaginer cette vie future qui m'attendait. Je me voyais danser sous la pluie, proche d'un court d'eau, sous une magnifique lune scintillante. Mes yeux brillaient de joies rien qu'en imaginant cette si douce utopie.
− Je vois que tu es satisfaite de ton œuvre.
Je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir. Lorsque j'entendis cette voix, mon sang se glaça. Il semblait tellement en colère.
− Simon, je, tentai-je de dire d'une voix désolée.
− Je ne te comprends pas Lya, répliqua mon frère d'une voix sèche rempli d'amertume. Maman pleure en silence en bas. Moi je me cache fou de rage dans ma chambre. Papa ne cesse de ruminer dans sa barbe et toi, tu es là, dans ton petit monde, à vivre paisiblement.
Ce n'était pas la première fois qu'il débarquait dans ma chambre dans cet état. Je savais qu'il avait besoin de déverser sa colère contre quelqu'un pour pouvoir se calmer. Mais je terminais toujours par me sentir terriblement mal à chaque fois qu'il me balançait mes quatre vérités en pleine figure. Ça ne finissait jamais bien, ni pour lui, ni pour moi. Mais nous avions besoin de ces moments d'écarts pour nous vider et repartir de bon pied. Le vase se remplissait bien vite dans cette maison et notre seul remède pour le vider était de cracher tout notre venin entre frangins.
− Je suis désolée, m'excusai-je. J'aurais dû venir te voir...
− Non Lya, non ! S'exclama mon petit frère. Venir me voir pour faire quoi ? Pour t'excuser ? Tu sais tout aussi bien que moi que tu ne te sens pas coupable !
− Me sentir coupable pour quoi Simon ? Lui demandai-je. D'être née d'un père misogyne et d'une mère soumise ? Me sentir coupable parce que je fais de mon mieux pour ne pas me laisser embobiner ? Je ne suis pas comme toi ! Je ne suis pas une marionnette qu'on peut manipuler à sa guise !
− Une marionnette ?
− Oui ! Vous êtes tous là à subir les foudres d'un homme qui est malade dans sa tête ! Il nous impose sa dictature !
VOUS LISEZ
Equinoxe - Tome 1 : Ne Jamais S'oublier
ParanormaleLya a toujours cru en l'irréel depuis sa plus tendre enfance, bercée par les contes que lui racontait sa tante Cristal. Jamais, elle n'a ainsi remis en question l'existence des créatures mythologiques et surnaturelles. C'est lors de ses 24 ans qu'el...