Chapitre 3

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J'étais dans mon bureau. J'attendais.
Lançons le compte à rebours.
5...
Je posai les yeux sur le téléphone fixe noir sur mon bureau.
4...3...
Je me levai.
2...
Craquai mes doigts.
1.
Et l'horrible sonnerie du téléphone retentit.
Je décrochai et la voix de l'interlocuteur me fit comprendre que c'était la réceptionniste.
-Bonjour mademoiselle Jefferson vous êtes convoquées dans le bureau de monsieur Sola...
-D'accord, dis-je en la coupant et en raccrochant.
Il aurait peut-être fallu la laisser terminer?
Ce n'était pas de mon ressort, avoir une voix pareille devrait être considérée comme étant un crime. Sa voix était aigüe et elle parlait sans faire de pause, c'est à dire beaucoup trop rapidement.
Elle s'appelait Charléne et était blonde aux yeux bleus, une réceptionniste banale. En vu de son prénom, elle était sûrement française, même si je n'avais pas remarqué d'accent particulier.
Je sortis de mon bureau pour aller voir Monsieur Solane, Jeffrey Solane. Son bureau était au dernier étage étant donné qu'il était le directeur de l'entreprise.
Je pris alors les escaliers, je ne supportais pas les musiques d'attente des ascenseurs, puis, je traversai le couloir. C'était grand, d'un blanc immaculé, le sol était marbré et il y avait plein de tableaux accrochés aux murs, la plupart de peintres connus, le reste d'amateurs mais qui ne manquaient pas de talent pour autant.
J'allai donc à la secrétaire de monsieur Solane, il n'y avait pas de porte qui séparait le couloir de la secrétaire. Les meubles qui constituaient son bureau étaient très bien répartis, la fin du couloir était rond, son bureau se tenait au milieu de ce rond et elle était donc en face de moi, je me présentai alors d'une voix assurée:
-Bonjour, je suis Maélice Jefferson, monsieur Solane m'a convoqué.
-Je sais, il vous attend, dit-elle d'un air serein.
Sa voix était douce, elle avait la peau basanée, des yeux verts et deux cheveux tiraient en haut en un chignon bien soigné.
Elle était belle.
Je me dirigeai vers le bureau de ce monsieur et entrai.
Le couloir était grand, et bien, son bureau l'était d'avantage. Il y avait un bureau en vert, ni rond ni rectangulaire, plutôt en forme d'une très grande poire. En face était accroché un tableau qui occupait tout le mur, mit en valeur grâce à la lumière qui passait à travers la baie vitrée derrière lui. Lui qui était grincheux et qui n'était apparemment pas content de me voir.
-Voyez-vous mademoiselle Jefferson, le slogan de notre entreprise est City Legend ne dort jamais, ce n'est pas une blague ou un slogan à ignorer, je vous demanderais alors de respecter vos horaires et de venir à l'heure!
Il l'avait dit d'un air effrayant, comme si il sermonnait son enfant.
Je n'étais pas son enfant.
Je pris place sur l'une des chaises de son bureau, sûrement destinée aux actionnaires de l'entreprise, et me mise à le regarder.
Il me regarda tout d'abord surpris par mes manières de paysane, puis plissa les yeux et mit ses lunettes.
Ça arrive...
Il se leva et se pencha sur la table.
Encore quelques secondes...
- Agnés?! Mais bon sang, que faites-vous là?
Bingo.
Agnés était le premier faux prénom que j'avais utilisé, à chaque fois que je changeais de ville ou de pays, je changeais d'identité.
Monsieur Solane était auparavant un simple entrepreneur qui graviait les échelons. Tout ce que je fais n'est pas une coïncidence, et bien là si.
Trois semaines avant mon déménagement du New Jersey, je cherchais des informations sur l'entreprise et j'avais su que son directeur n'était autre que Jeffrey Solane.
Je l'avais connu en voulant coincer le PDG de son ancienne entreprise, après l'avoir coincé, monsieur Solane m'avait remercié parce que l'arrestation de ce PDG lui avait été bénéfique. Il avait gagné des contacts et il s'était alors retrouvé là.
Il me doit alors un service.
-Ravie de vous revoir monsieur Solane, dis-je avec un grand sourire.
J'étais vraiment ravie, voir un visage familier n'allait pas me faire de mal.
-De même, c'est un plaisir, dit-il en arborant un petit sourire. Mais pourquoi diable avez-vous changé de prénom?
-J'ai eu quelques problèmes l'an dernier, et j'ai voulu tout recommencer. Je suis alors venue à New York.
Je parlais d'un air serein, il ne fallait tout de même pas qu'il soit au courant de ma manigance. Il ne savait pas ce que je faisais, il croyait simplement que ce PDG avait essayé de me violer et que j'avais monté un dossier en béton avec un avocat de malade pour le coincer. Mais non.
-Vous êtes alors la bienvenue. Dit-il honnêtement .
Nous continuâmes un peu à discuter puis je partis. Je sais ce que vous vous demandez. Pourquoi je suis arrivée en retard pour lui parler quand je pouvais simplement demander à sa secrétaire et aller lui dire directement qu'il me connaissait. Voyez-vous jeunes amis, les directeurs des entreprises de ce genre ne voyait que les actionnaires ou les personnes importantes. Je ne l'étais pas, alors il fallait faire croire à un début de relâchement de la part d'une des comptables les plus efficaces pour qu'il ait peur pour City Legend et qu'il m'appelle de lui même. J'ai réfléchi, et je suis certaine qu'il allait nous être d'une grande aide pour monsieur DuCon.

Je repartis dans mon bureau, il fallait que j'attende précisément 31 minutes et que je m'occupe pendant tout ce temps qui me restait à tuer.
C'est fou, je passe mon temps à attendre.
J'avais énormément de documents et de dossiers à consulter. Alexander et moi avons le méme travail, c'est en partie pour ça qu'on avait nos deux bureaux collés, ça facilitait les échanges de documents. Notre travail consistait en la bonne gestion des chiffres, tous les rapports des comptables passent par nous avant d'être envoyés.
En effet, c'est passionnant.
Dans ma quête de fautes à corriger, je m'aperçus qu'il y avait un certain Dean Winchester qui avait confondu l'addition et la soustraction.
-Débutant.
Après un long soupir, je me dirigeai vers le bureau de ce prétendu comptable pour l'avertir de sa faute et qu'il la corrige. Le reste des bureaux étaient tous alignés, il y avait deux lignes et ils se faisaient faces. Il était alors facile de repérer ce Dean. J'avais étudié chaque personne travaillant dans City Legend, si je me rappelle bien, Dean avait commencé il y a à peu près un mois et était originaire du Minisota, il avait 23 ans et ne semblait vraiment pas mal sur la photo de son dossier.
Je le remarquai rapidement parmi le reste des comptables, c'était une véritable pile électrique, il bougeait dans tous les sens, probablement à la recherche d'une feuille.
-Bonjour, je suis consultante en comptabilité et vous avez fait une faute à la troisième page, deuxième ligne.
Il me regarda, éberlué, comme si il ne comprenait rien de ce que je disais.
- Vous êtes vachement lent à la détente mon pauvre, remarquai-je à voix haute, accompagnant mes mots par un long soupir.
-Oh oui excusez-moi, dit-il en reprenant ses esprits, deuxième page, troisième ligne c'est ça? Fit il en me prenant le dossier des mains.
-Non, troisième page et deuxième ligne, le corrigeai-je.
J'étais agacée, comment il a fait pour devenir comptable bon sang.
J'étais sur le chemin du retour quand sa voix m'interpella de nouveau:
-Je ne vous ai pas demandé, madame...?
-Ça sera madame la consultante pour vous, dis-je en me retournant.
Il ne fallait tout de même pas mélanger les nuls avec les élites.

Fine, thanks.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant