La secrétaire était paniquée. Elle se dirigea vers l'escalier sûrement pour appeler du renfort. Merde c'est là où je suis, les escaliers! Je me levai précipitamment de ma position accroupie et fit mine de marcher vers son bureau.
- Un employé s'est évanoui, restez avec lui je vais chercher de l'aide! Et elle sortit en trombe. J'allai voir Dean, dès que la secrétaire disparue de mon champ de vision, je levai ma main et lui donnai une énorme claque.Il se réveilla en sursaut et se préparait à crier. - Mais tais-toi putain! C'est moi, dis-je en plaquant ma main sur sa bouche, maintenant tu vas descendre et la retenir en bas et vite! Il se leva, chancelant, et descendit les escaliers quatre à quatre ne manquant pas de trébucher et de tomber jusqu'en bas. - Mais c'est un vrai boulet sur pattes ce mec.J'entrai dans le bureau du patron, ouvris les tiroirs et commençai à chercher le dossier de Dean.
Monsieur était de nature pragmatique et organisé, et ça se sentait dans sa manière de ranger. Sans plus de mal, je trouvai ce fichu dossier.
Je l'ouvrit et le consultai. Il n'avait que quatre pages, ça allait être rapide. Heureusement pour DuCon, la faute était à la dernière page. De ce fait, ça n'avait pas affecté l'entièreté du dossier. Je la corrigeai grâce à un effaceur et un stylo noir trouvé sur le bureau puis le rangeai. Ça ne faisait que six minutes que j'étais là, mais ces dernières avaient apparemment suffit à monsieur Solane pour évacuer tout le lactose mal digéré. J'étais figée, prise en flagrant délit par cet homme qui sortait des toilettes. Cette mission était carrément la plus catastrophique de l'histoire de l'humanité. Il fallait toujours qu'un truc n'aille pas dans mon sens. Aberrant.
- Bonjour, Agnès ou devrai-je t'appeler Maélice maintenant? se rappela-t-il, ma secrétaire ne m'a pas prévenu que tu allais venir, continua-t-il, que me vaut cette intrusion? Un mensonge. Il fallait que je trouve un mensonge. Réfléchis Jefferson, réfléchis! - Et bien, inconsciemment, j'ai mélangé deux dossiers. Je suis venue corriger cette petite faute d'inattention. C'est tout. Bon je vous l'accorde, c'est tiré par les cheveux. Me tromper n'était pas dans mes habitudes, mais bon, je reste humaine. - Je ne connaissais pas cette irresponsabilité dans votre caractère mlle Jefferson. Cette inconscience sera bien entendu sanctionnée si elle venait à se reproduire. Sortez et n'entrez plus ici sans prévenir! Nous ne sommes pas dans un zoo tout de même. Et il se mit à blablater sur le fait que la discipline était très importante pour réussir dans bla-bla-bla et bla-bla-bla. J'ouvris la porte pour sortir et croisai mes doigts pour qu'il ne se rende pas compte que je n'avais pris aucun dossier avec moi pour soit disant corriger « une faute d'inattention ». Heureusement, Solane était beaucoup trop impliqué dans son monologue de vieux grincheux pour se préoccuper de ce que j'avais ou non dans les mains. Je descendis les escaliers et croisai Dean qui conversait avec la secrétaire: - Vous savez, je vous ai toujours trouvé très ravissante. C'est surement pour ça que je suis tombé dans les pommes d'ailleurs, votre beauté m'a éblouie. Dit-il en essayant de faire un sourire charmeur qui ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose. Piètre acteur... Je le dépassai et me mis derrière la secrétaire en mimant un " On y va" avec ma bouche. Il clôtura alors la conversation avec un " Bon c'était sympa, bisous!" et lui fit un signe d'au revoir avec la main. Vraiment, le surnom DuCon lui allait à merveille.- Et si il découvrait tout? Oh putain on aurait pas du faire ça c'était... - Six minutes. - Qu.. quoi? Balbutia Dean, sourcils froncés. - Voilà maintenant six putains de minutes que tu parles sans t'arrêter. Eh je te rappelle que mes oreilles t'ont rien fait! M'agaçai-je. - De toutes façons j'ai du travail à terminer, tiens moi au courant si t'as des nouvelles, dit-il en soupirant. Hallelujah! J'étais enfin débarrassée de lui.
À peine sorti de mon bureau, Alexander fit son entrée en ignorant Dean au passage.
Je soupirai un grand coup. N'allai-je donc jamais terminer mon travail? Alexander m'ignora également, se posa sur mon canapé, tendit ses jambes, mit ses bras derrière sa tête et dit:-J'aime bien la glace.
- Quoi? répondis-je confuse
-La glace, j'aime beaucoup la glace. Quand j'étais enfant, ma mère aimait bien nous en prendre en rentrant du boulot. Ça avait un goût horrible mais j'aimais beaucoup nos moments passés ensemble lorsqu'elle n'était pas fâchée. Je vis en ce discours une chance de dingue pour en apprendre plus sur lui. Je me mis alors à le questionner un peu à tort et à travers
- Elle était souvent fâchée?
- Oui, je séchais constamment les cours. Je trouvais ça très ennuyeux.
- Pourquoi?
-J'avais tendance à prendre de l'avance en été, j'avais rien de mieux à faire. Notre situation financière ne nous permettait pas d'aller en vacances alors ma mère doublait ses heures de travail.
Il avait une facilité à se confier hallucinante, j'étais stupéfaite.
- Ton père? continuai-je à le questionner
- Je ne sais pas, ma mère n'aimait pas en parler, je ne sais pas grand chose de lui.
Il parlait de sa mère comme si elle n'était qu'un souvenir, j'en conclus alors qu'elle était morte.
- Comment c'était à l'école?
-J'avais beaucoup de faux amis, ils croyaient que j'étais cool parce que je séchais les cours. Crétins, ajouta-t-il
- Tu as eu une belle enfance?
- Pas spécialement, ma mère était absente mais aimante. J'ai donc appris très tôt à être indépendant. Je n'aimais pas sortir avec les personnes de mon âge, les garçons parlaient souvent de filles, de sex ou d'alcools. Je trouvais ça puéril. Ma mère a cru que je faisais une dépression, elle m'a alors obligé à aller voir la conseillère de mon lycée.
-C'est comme ça qu'ils ont découvert que vous aviez un QI élevé?
-Oui, répondit-il
Il y eut un grand blanc, dans lequel j'avais compris que j'avais tout fait capoter. Simplement avec une question. Il y eut au début son regard, ce genre de regard suspicieux qui parlait de lui même. Les yeux plissés, sourcils légèrement froncés et visage déformé. Il prit tout de même le temps de tourner sa tête très lentement vers moi, comme si il prenait le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer. Puis déposa son regard glacial sur moi.
Merde.
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Fine, thanks.
Teen Fiction« Il existe des hommes mauvais, capables du pire. Il y a peut-être ceux qui le deviennent, victimes du mal, ils charrient leur douleur tels des fantômes incapables de trouver l'absolution. Toutefois, il y a des êtres qui font le mal sans lutter cont...