J'étais rentrée chez moi. J'avais voulu, comme d'habitude, passer une nuit banale. Faire une salade ou peut-être des pâtes. Me brosser les dents, me changer puis aller dormir. Mais il semblerait que mon esprit n'ait pas voulu passer à la dernière étape. Ce que Stewart m'avait dit me tourmentait. Il fallait que je creuse un peu plus sa personnalité. Il ne fallait pas que je me limite à des bonjours ou à des recherches. Je devais discuter avec lui. Lui demander de quoi il rêvait. Apprendre ce qu'il aimait. Me démener jusqu'à ce que je le connaisse jusqu'aux bouts des doigts. Pensez-vous que je prenne cette situation trop à cœur? Nous ne devons pas oublier que je suis surveillée.
Lorsque j'avais 17 ans, un vieil homme barbue aux cheveux blancs m'avait aperçu. Quand la police ne se doutait en aucun cas de mes interventions, lui, savait déjà tout. C'était, selon moi, la personnification de l'intelligence. J'avais accepté qu'il m'engage. Notre relation se limitait au professionnel. Je ne le prenais pas pour une figure paternel, et ce, même si il m'avait adopté. Il me rendait simplement la tâche plus facile. Éviter les pourquoi et les comment de mes parents adoptifs quand je rentrais tard le soir n'était pas de refus. Quand il m'a adopté, c'était devenu plus facile, plus léger. En vu de son âge, il ne pouvait pas faire ce que je faisais, et ça le rendait frustré. Alors il se mit d'abord à me proposer des missions, puis, petit à petit, il avait commencé à les juger, jusqu'à ce qu'il arrive à les contrôler.
Connaissez vous l'histoire de la grenouille?
Quand on met une grenouille dans une casserole remplie d'eau et qu'on le met à bouillir. Au début, la grenouille commencera à adapter sa température à celui de l'eau. Plus l'eau chauffera, plus elle diminuera sa température corporelle. Lorsque l'eau arrivera à 100 degrés, la grenouille essaiera de sauter et de s'échapper. Mais ça sera trop tard. Elle aura épuisé toute son énergie à s'adapter. Plusieurs diront qu'elle mourra à cause de la température de l'eau. Mais la vérité, c'est que la grenouille n'a pas su quand se décider. Elle n'a pas su quand partir. Et bien, c'est ce qui m'est arrivé avec Bellamy, le vieillard. J'ai été assez conne pour rester et ne pas me décider à temps. Le temps n'est qu'un détail, mais un détail qui décide pour nous, un détail qui fait la différence.
Le matin se lève, inutile de vous dire que j'avais très mal dormi et que mes rêves étaient faits de grenouilles. Je me dépêchai pour aller au bureau. Il fallait que j'arrive en avance, j'avais une troisième pile à terminer. Mon café bu, mes vêtements en place et mes cheveux plus ou moins attachés, je sortis. Arrivée à côté du feu rouge qui me séparait de l'entreprise, j'entendis la voix d'Alexander dans sa voiture qui disait:
- Jolis pantoufles!
Puis, le feu changea au vert et Alexander entra dans le parking de l'entreprise.
Je descendis mon regard vers mes pieds.
- Et merde...
J'avais oublié de mettre des chaussures. Le manque de sommeil ne me réussissait pas.
Je retournai dans mon appartement et changeai mes pantoufles par des chaussures plus appropriées, puis arrivai enfin à l'entreprise. Je m'affalai sur le canapé de mon bureau et regardai ma montre. Il était 6h pile et Alexander était déjà là? On ne commençait qu'à 6h30! Je n'avais jamais remarqué qu'il venait en avance. Je le voyais plutôt du genre toujours en retard.
Je me mis derrière mon bureau et commençai ma troisième pile.
Quand j'eus fermé la dernière page de la pile, il était déjà 9h du matin.
« toc, toc, toc »
- Putain, manquait plus que ça, chuchotai-je à moi-même. Entrez! Dis-je en élevant la voix.
La tête de Dean dépassait de l'embrasure de la porte, me provoquant un petit rire. Il passa quelques secondes comme ça, le temps de guetter si il y avait quelqu'un dans mon bureau, puis entra.
- Bonjour, dit-il en chantonnant.
- Bonjour Dean, repondis-je d'un ton plus calme après mon petit fou rire.
- Alors, vous avez trouvé un moyen pour contourner la secrétaire?
- Évidemment, fis-je en levant les yeux au ciel, vous allez faire diversion.
- De quoi voulez-vous que je lui parle? De la pluie et du beau temps? Paniqua-t-il.
- Oui si vous voulez, vous parlez beaucoup, ça ne devrait pas être une épreuve, souriai-je.
Il mit ses mains sur sa tête et commença à bafouiller des mots incompréhensibles en sortant de mon bureau.
Ce mec était définitivement très bizarre.
Juste après qu'il soit sorti, Alexander entra.
Au moins, il n'avait pas toqué.
- J'ai entendu votre rire, c'était qui? Dit il en prenant place sur la chaise devant moi.
- Dean Winchester, pourquoi? Demandai-je curieuse.
- Pour rien, vos lapins vont bien?
Je mis une minute à comprendre, il faisait allusion à mes pantoufles en forme de lapins. Étant donné que ce n'était pas vraiment des lapins, je n'avais pas saisie le jeu de mot.
- Ha ha très drôle Stewart, fis-je blasée.
Il sourit en coin, puis posa son regard sur ma troisième pile. Les piles étaient mises dans des fichiers de couleurs. La première était jaune, la deuxième rose, et la troisième verte. C'était le cas pour celles de Stewart aussi.
- Vous l'avez déjà terminé?
Il était surpris.
- Oui, dis-je en caricaturant ma modestie.
- Impressionnant, dit-il en ouvrant grand les yeux. J'en suis à ma dernière, sourit-il fièrement.
J'en étais restée bouche bée. Ça voulait dire qu'hier après midi il avait terminé sa troisième et avait commencé sa quatrième. Quand il est rentré chez lui il l'avait terminé et a enchaîné avec la cinquième et dernière ce matin.
- Mais vous ne dormez jamais? Demandai-je sérieusement.
- Seulement durant les festivités, dit-il en penchant sa tête comme il savait si bien le faire.
- Et bien comme vous pouvez le voir, je commence à peine ma quatrième pile alors oust, le chassais-je des mains.
Il sortit de mon bureau en riant.Il était 16h15, Dean était à mes côtés. Il se tenait droit comme un piquet, le stress se voyait sur son visage. Il avait été étonné de mon calme au début. Il s'était présenté à mon bureau à 16h tapante.
Me croirez-vous si je vous disais que Winchester avait préparé un petit texte écrit sur un post-it pour la secrétaire?
- Oh c'est bon, on n'est pas tous doués en improvisation! Disait-il.
À 16h25, nous nous sommes décidés à prendre le chemin vers le dernier étage, là où était le patron. Nous avons pris l'escalier pour que je puisse m'y cacher le temps que Dean occupait la secrétaire. Il avait décidé de lui donner une raison pour qu'elle prenne l'ascenseur, il me donnera après ça 3 minutes puis la lâchera.
La situation était plutôt drôle, Dean trempé à cause de sa sueur et moi, cachée dans les escaliers.
Je discernais la silhouette de Dean qui avançait vers la secrétaire. Il était peu sûr de lui, ce n'était pas vraiment rassurant. Arrivée devant elle, il débuta son speech, bafouillant et mélangeant les mots. Il allait tout faire capoter. Vraiment médiocre comme binôme.
- Vous allez bien monsieur? Demanda la secrétaire inquiète.
- Pas vraiment.
À peine avait-il terminé sa phrase qu'il s'écroula par terre.
Je rêve ou il s'est évanoui?
VOUS LISEZ
Fine, thanks.
Teen Fiction« Il existe des hommes mauvais, capables du pire. Il y a peut-être ceux qui le deviennent, victimes du mal, ils charrient leur douleur tels des fantômes incapables de trouver l'absolution. Toutefois, il y a des êtres qui font le mal sans lutter cont...