Chapitre 6

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- Je voulais vous demander conseils madame la conseillère.
J'entrai dans mon bureau, la pile électrique à ma poursuite.
- Voyez-vous monsieur Winchester, j'ai beaucoup de travail et je n'ai pas de temps pour des futilités pareilles. Dis-je en prenant place derrière mon bureau.
Je pris ma deuxième pile du tiroir à droite et commençai à la consulter.
- N'est-ce pas votre travail de me conseiller? Dit-il en fermant la porte.
- Vous avez cinq minutes pas plus, soupirai-je.
Dean m'expliqua son problème. Il n'était pas des moindres. Ce petit con avait fait une faute dans un de ses dossiers et l'avait remarqué seulement après l'avoir envoyé au patron.
- Pourquoi ne me l'avez vous pas envoyé à moi ou à Stewart avant? C'est dans le règlement, demandai-je intrigué.
- Quand le dossier n'est pas long et semble facile, je ne le fais pas, ça me permet de gagner du temps sur le prochain dossier.
J'aurais sûrement fait pareil à sa place. Mais moi, je n'aurais pas fait de fautes.
- C'est simple, si on le dit au patron, vous allez être renvoyé, lui dis-je sincèrement.
Il haussa les sourcils, sûrement surpris par mon honnêteté puis suggéra:
- Et si on ne le disait pas?
C'était une question bête. Les risques sont beaucoup trop élevés pour le faire, il le savait sûrement mais voulait que je le rassure. Et bien, il était tombé sur la mauvaise personne.
- L'entreprise perdera beaucoup d'argent puis ils ouvriront une enquête et remonteront jusqu'à vous. Dans les deux cas, vous êtes baisés.
Il fut choqué par mes mots, puis passa outre en vu de la gravité de la situation. Il commença à faire les cent pas en faisant de grands gestes avec ses mains. Il bafouillait des mots incompréhensibles et était au bord de l'évanouissement.
- Calmez vous, vous me donnez le tournis!
- Je suis foutu, oh mon dieu, que vais-je faire maintenant? Il faut que je démissionne avant qu'il ne le découvre! Dit-il les yeux grands ouverts, comme si il avait eu une idée de génie.
- Ouuuuu, dis-je en allongeant le « ou », j'entre dans le bureau du patron, je vole ce dossier, vous le corrigez puis je le remets, expliquai-je avec un sourire malicieux.
Je n'étais pas dupe, il fallait que je me fasse des amis. Et un jour ou l'autre, il me revaudra ce service.
- Pourquoi ferez-vous cela? Vous risquerez de perdre votre emploi, dit-il méfiant.
- Pour raisons personnels. Alors, on s'y met?
Et c'est comme ça que nous avons passé une demi heure à échafauder un plan simplement pour entrer dans le bureau du directeur.
- Le patron adore le café mais ne digère pas le lait. Il le prend toujours à 16h pile puis sort de son bureau une demi-heure plus tard.
- Comment le savez-vous? Se tourna-t-il vers moi, surpris.
- Ne vous occupez pas des informations qui nous aide à avancer et arrêtez d'être curieux. J'irai lui déposer ma première pile de dossier à 16h30 et c'est là que je prendrai votre dossier. Le problème, c'est la secrétaire. Elle voudra sûrement les prendre elle-même puisque monsieur ne sera pas dans son bureau.
- Les toilettes sont dans son bureau, elle ne saura pas qu'il y est. Mais elle voudra l'appeler pour le prévenir, remarqua Dean.
En effet, il n'était pas aussi con que ça finalement.
-Pour ça, je gère.
Nous avons convenu que nous mettrons notre plan à exécution demain, étant donné que le patron envoyait les dossiers le vendredi. Nous sommes mercredi.
Dean sorti de mon bureau en ne manquant pas de me remercier. Je me mis alors à travailler sur ma deuxième pile de dossier. À 20h je terminai enfin. Stewart était sûrement à la moitié de sa troisième pile. Quant à moi, je la ferai demain matin, quand mon esprit sera plus lucide et plus rapide.
« Toc, toc, toc »
J'en cassai mon stylo bleu que je tenais dans la main. Il fallait m'habituer à ce bruit. La porte n'est pas faite avec le même bois dont je m'étais habitué auparavant. C'est pour cela que le son diffère et, qu'au passage, il m'insupporte tant.
- Entrez, dis-je en grinçant des dents.
Alexander entra. Sans gêne, il prit place sur une chaise devant moi et commença à jouer avec mes stylos.
- Que faites-vous? Demandai-je agacée
-Je m'ennuie terriblement seul, j'ai préféré m'ennuyer à vos côtés.
Quel enfant...
Quelques secondes passèrent puis il continua:
- Maélice? Commença-t-il en levant ses yeux vers les miens. Dans notre vision du mal et du bien, ne dit-on pas que la terre finira dans les flemmes, que nos désirs les plus sombres deviendront cauchemars après s'être exaucés? Ayant notre avenir tout tracé, pourquoi se torturer et ne pas avoir recours au mal?
Sa vision des choses était effroyable. Bien que cela contredise toutes formes d'éthique, son esprit était guidé par une logique lucide. Toutefois, il n'était pas comme nous, il avait tendance à évoquer le mal avant le bien. Alors que les saints d'esprits indiquaient toujours le bien avant le mal.
- L'avenir a plusieurs perspectives. Il change en fonction de nos choix. Nous ne devons pas nous résigner à ce qui est tracé, surtout quand c'est aux flemmes que ça nous conduira. Le bien n'est pas comme le mal, il est plus compliqué à atteindre. Il se manifeste à travers de fins détails. De simples gestes qui, tour à tour, se mettront à apparaître comme une raison de vivre. L'espoir y joue beaucoup j'imagine. Je le lui expliquai finement, d'une voix douce. Je ne voulais pas qu'il croît être jugé.
Il me regarda longuement, la tête penchée, puis me souris et s'en alla.
D'accord...

Fine, thanks.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant