Anémone

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— Tu paniques ? J'espère que tu paniques. Parce que ce serait injuste si tu ne paniquais pas. J'ai paniqué pour mon premier rendez-vous avec Curtis. Surtout que je ne savais même pas que c'était un rendez-vous, à la base. Alors tu as l'avantage, toi.

J'ai Valentin au bout du fil, alors que je suis en train de marcher vers le café que j'ai choisi pour voir Samuel. Je l'ai appelé pour qu'il m'encourage et il préfère se moquer allègrement de ma tête. Mon meilleur ami est un être plein de cruauté.

— Je ne panique pas. Je suis plutôt bien dans ma peau. Le café est super mignon, et j'ai confiance en moi. J'ai mis de beaux vêtements pour m'aider.

— Je te déteste encore plus. Mais du coup, comment tu es habillée, Mademoiselle j'ai confiance ? Je vais te réclamer un cours, un de ces jours.

— J'ai mis un pantalon rose dragées parce qu'il me voit suffisamment en jupe et que j'en ai marre. Et en haut, un petit top crème, avec la veste en jeans que tu m'as offerte pour mon anniversaire. Ça va, tu vois de quoi je veux parler ? dis-je sur un ton sarcastique.

— Ah. Ah. Ah. Je sens que tu te moques de moi, alors je vais te laisser dans ta méchanceté. N'oublie pas de me raconter !

Il me raccroche un peu au nez et je prends une petite répudiation. Je suis quelqu'un d'assez effrayé par le retard, si bien que j'arrive toujours avec dix minutes d'avance à mes rendez-vous. Et lorsqu'on me demande si ça fait longtemps que j'attends, je mens systématiquement. Je sais que ce n'est pas très bien, mais je ne veux pas mettre mal à l'aise les personnes que je vois.

A quatorze heures vingt cinq, j'aperçois la silhouette de Samuel arriver vers moi, un sourire aux lèvres. Lui aussi, il n'est pas habillé de la même manière qu'au lycée. Un t-shirt sympa, un chandail qui souligne le fait qu'il soit grand, et un jeans, et des Converses. Il est simple, mais super mignon. Et surtout, il a rajouté des lunettes aux bords fins, très à la mode.

— Sympa la paire. Je ne savais pas que j'avais affaire à une taupe, ris je en le faisant entrer dans le café.

— Tu n'es pas la seule à utiliser des lentilles tu sais. Je maîtrise le truc aussi bien que toi, continue t'il sur le même ton que moi. D'ailleurs je suis content que tu n'aies pas mis les tiennes. Tes yeux sont très beaux au naturel.

Je rage de rougir la première mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est bien la première fois qu'on me fait un compliment sur mes pupilles.

— En toute honnêteté, les tiens non plus ne sont pas mal. Surtout que je trouve que derrière tes lunettes, ça les mets en valeur. Ils brillent beaucoup.

Et tac, je retourne l'attention sur lui et ses joues se colorent doucement de rose. Je suis fière et la moi à l'intérieur rit toute seule.

— Je vois exactement ce que tu fais, Daisy. Tu n'aimes pas les compliments, alors tu t'en débarrasses vite. Si je te dis que tu es bien habillée, tu vas me sortir que mon jeans tombe bien ?

— Je suis si facile que ça à comprendre ?

— Un tout petit peu. Mais ça n'enlève rien à ton charme et ça donne envie d'en apprendre plus sur toi.

Je souris en baissant les yeux, le rouge toujours aux joues. Nous avançons dans la file pour prendre nos cafés et nous repartons vers des bases moins gênantes.

— Donc, parle-moi donc de cet endroit. Pourquoi m'avoir amené ici ?

Je reprends du poil de la bête en désignant mon environnement.

— Je suis tombée amoureuse de ce café. Je passais souvent devant en rentrant chez moi et un jour, je me suis arrêtée. Je viens au minimum une fois par mois, quand j'ai besoin de tranquillité pour lire.

Ciel fleuriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant